La crise des migrants

Voilà déjà presque quatre ans que la guerre fait rage en Syrie. Du jour au lendemain, ce pays paisible a basculé dans un chaos total. Plus de 240000 personnes y ont laissé la vie. Des villes entières se sont écroulées. Des vestiges vieux de plus de deux millénaires ont été décimés. Les décapitations s’y sont banalisées. Des millions de Syriens ont pris le chemin de l’exil. Après de multiples exodes de ville en ville, certains d’entre eux qui n’avaient plus rien à perdre ont fini par rehausser la barre : tenter le tout pour le tout avec des embarcations de fortune pour rejoindre l’Eldorado, ça passe ou ça casse ! 

Depuis, la Méditerranée s’est mise à saigner sans répit. Un scénario apocalyptique dans l’indifférence générale de tous les responsables de cette tragédie. Mais il aura fallu le corps sans vie du tout petit bonhomme échoué sur une plage de Bodrum pour que s’éveillent des consciences endolories. Face contre terre, tee shirt rouge, short bleu. Comme tant d’autres avant lui, personne n’a su le mettre à l’abri des affres de la guerres. 

Saisi d’effroi, Aylan Kurdi s’est endormi d’un sommeil profond, nez dans le sable comme pour tourner à jamais le dos à ces sauvageons d’humains déguisés en défenseurs de  religion, de Dieu, de démocratie…Ces sauvageons qui ont mis à feu et à sang la terre tout en poussant des cris d’orfraie devant l’usage de certaines armes ou encore devant une macabre photo, conséquences logiques de leur folie ! 

Suite à cette image choc "unique en son genre" qui a bouleversé ceux qui jusque là, à l’instar de BHL, n’étaient pas au courant du désastre qui mine la région depuis des années, un accord a été pris ;  il appelle à plus d’humanité envers cet afflux massif de migrants : "un mécanisme permanent obligatoire pour leur répartition au sein de l’union européenne".  Comme dirait Sarkozy chacun devrait de gré ou de force supporter les désagréments causés par "cette fuite d’eau", à chacun son quota. L’exploit de taille pour  endiguer la crise…

Coutumier des entorses faites à ses engagements d’ordre privé ou public, dont les dernières en date sont le recours au 49-3 et au quota, le président à la flamboyante anaphore demeure étrangement fidèle à son acharnement contre Bachar el Assad : sans sa neutralisation, point de salut en perspective !  L’objectif en question loin de faire l’unanimité auprès des principaux intéressés s’est avéré jusque là quasiment inatteignable. S’obstiner à maintenir le cap  contre vents et marées laisse supposer que la crise a encore de beaux jours devant elle au profit du grand Daech.  

Le déferlement de ces malheureux réfugiés exhibés à tout va ne posera plus problème auprès de l’opinion publique sous le choc de l’overdose ; il pourra désormais se poursuivre méthodiquement après l’exploitation éhontée  de cette macabre photo. D’ailleurs ce ne sont pas les lois qui s’apparentent à des bulldozers écrasant des fourmis qui pourraient jamais empêcher les vagues de Kurdi prêts à tout pour troquer leur misère contre un brin d’espoir. Sans doute auraient-ils préféré le grand luxe de rester chez eux sans avoir à recourir à des à méthodes avilissantes  à hauts risques pour atterrir dans un monde hostile où la situation socio-économique n’est plus à son beau fixe…