RDC : Violence sexuelle dans le Kivu

Rapport à L’Assemblée Générale aux Nations-Unies

RAPPORT DE LA RAPPORTEUSE SPÉCIALE, YAKIN ERTÜRK, SUR LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES, SES CAUSES ET SES CONSÉQUENCES SUR SA MISSION EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (16-28 juillet 2007)

 
La violence sexuelle est une caractéristique commune des conflits armés qui ont eu lieu récemment en RDC.

Dans les zones touchées par ces conflits, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), la Police nationale congolaise (PNC), les groupes armés et, de plus en plus fréquemment, des civils continuent d’infliger des sévices sexuels aux femmes.

La situation est particulièrement dramatique au Sud-Kivu, où des groupes armés non étatiques, y compris des milices étrangères, commettent des atrocités sexuelles dans le but de détruire complètement les femmes, physiquement et psychologiquement, ce qui a des répercussions sur la société tout entière. Au vu de la multitude d’acteurs engagés dans le conflit et de la persistance de ces crimes, la coopération internationale se doit de prendre toutes les mesures nécessaires, en coopération avec les autorités congolaises, pour assurer la protection des femmes au Sud-Kivu.

La violence sexuelle se propage au-delà de l’est du pays. Dans la province de l’Équateur, la PNC et les FARDC exercent systématiquement des représailles contre la population civile, pratiquant notamment le viol collectif. Les soldats et les policiers qui commettent ces actes qualifiés de crimes contre l’humanité sont rarement tenus de rendre des comptes à leurs supérieurs. Certains d’entre eux se sont même vu confier des postes de commandement dans les forces de sécurité de l’État, ce qui ne fait qu’aggraver encore la situation. Les auteurs de viol bénéficient d’une impunité généralisée. Grâce aux ingérences politiques et à la corruption, ils échappent à toute sanction, en particulier s’ils appartiennent aux forces de sécurité de l’État. Le peu de soutien apporté à un système judiciaire débordé met en doute l’existence d’une volonté politique de mettre fin à l’impunité.

Les femmes qui ont survécu au viol souffrent de graves traumatismes physiques et psychologiques mais ne bénéficient pas de soins adéquats. Elles sont souvent rejetées par leurs familles, stigmatisées, et se voient systématiquement privées de la justice et de la réparation auxquelles elles ont droit en vertu du droit international et des lois congolaises. Les sévices sexuels extrêmes commis durant les conflits armés semblent avoir affaibli tous les mécanismes sociaux de protection, laissant libre cours aux fantasmes barbares qui s’expriment sur le corps des femmes. Il y a de plus en plus de civils parmi les auteurs de viol, ce qui représente pour les femmes une source d’oppression supplémentaire. Si les violences sexuelles commises en temps de guerre ne sont combattues qu’isolément, la discrimination et la violence infligées aux femmes en temps de paix seront complètement ignorées et la guerre contre les femmes s’en trouvera renforcée.

Compte tenu des enjeux, le présent rapport contient des recommandations adressées au Gouvernement, à la Cour pénale internationale, à la communauté internationale, à l’Organisation des Nations Unies, à la MONUC et aux pays fournisseurs de contingents.

 

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