Le Figaro se sépare d’Etienne Mougeotte.

 C’est sans doute un soulagement même à la rédaction du journal, car monsieur Mougeotte dirigeait d’une main de fer le quotidien de Serge Dassault. Cette dernière année surtout fut très difficile pour les journalistes qui auraient aimé exercer leur métier de façon disons « plus honnête » au cours de la campagne présidentielle. En effet,  Etienne Mougeotte confondait journalisme et propagande au profit exclusif de Nicolas Sarkozy. « On n’est pas là pour emmerder la droite » était son leitmotiv, pas d’état d’âme ou c’est la porte. Il prétendait que c’était ce que réclamait les lecteurs du titre.

 Certes,  le Figaro a toujours été un journal de droite, mais pendant l’ère Mougeotte, il était devenu la risée de la profession à cause de ses unes parfois d’une mauvaise foi affligeante et de ses « oublis » dans le traitement de certaines affaires gênantes pour le pouvoir. Ses attaques contre Hollande avaient fini par convaincre celui-ci de bouder le journal jusqu’à lui refuser une interview. Plusieurs fois, le comité de rédaction a essayé d’infléchir la ligne éditoriale du journal mais ce fut en vain. 

 Serge Dassault, l’avionneur, sait que son entreprise dépend des commandes de l’état et qu’il vaut mieux ne pas trop déplaire à l’hôte de l’Elysée. On n’ira pas jusqu’à penser que c’est François Hollande lui-même qui ait réclamé sa tête.

 A 72 ans, l’ancien vice-président de TF1 a sans doute l’âge de prendre une retraite bien méritée mais il parait qu’il a des projets dans l’audiovisuel. Direct 8, la chaine de Vincent Bolloré, un autre grand ami de Sarkozy, lui tend parait-il les bras. 

 Le Figaro revendique aujourd’hui de redevenir « un journal de droite intelligent », cela signifie-t-il qu’il ne l’était plus depuis 2007 ? C’est Alexis Brézet qui le remplacera. C’est un homme de la maison, la transition devrait se faire en douceur. Il est en tout cas souhaitable qu’un des quotidiens les plus lus en France avec plus de 300 000 exemplaires par jour retrouve son lustre d’antan et puisse de nouveau arborer fièrement sa devise : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. »