L’Etat islamique et ses abus !

Presque un siècle après le démantèlement de l’empire ottoman, le "commandeur des croyants" du troisième millénaire surgi des décombres irako-syriennes est venu prendre de court son monde. Affublé prétentieusement du nom du premier calife de l’islam, Abou Bakr Al Baghdadi a invité les musulmans du monde en début de ce mois à lui faire allégeance. Après avoir soi-disant prêté serment aux préceptes de la religion, le représentant du jihadisme cherche à se donner les moyens de ses ambitions :  à l’héritage des réseaux de financement d’Al Qaëda, sont venues se rajouter les ressources issues du rackettage tous azimuts, allant de celui des champs pétroliers aux biens des particuliers. 

Les chrétiens de Mossoul ont été mis devant des faits accomplis :  le choix entre conversion, dhimmitude ou exil ! Outrés, les sunnites de Mossoul se sont insurgés contre de telles pratiques contraires aux principes les plus élémentaires ; les chiites, leurs compagnons d’infortune,  leur ont ouvert grand les portes de leurs cités saintes que sont Najaf et Kerbala. Ces derniers justement ne sont pas en reste ; jugés hérétiques, ils en ont aussi reçu pour leur grade. On ne compte plus les attentats suicides revendiqués par l’EI prenant les chiites pour cibles. 

Sous la menace de cette épée de Damoclès, nombreux parmi les chrétiens ont trouvé refuge dans la province de Ninive, la région du Kurdistan irakien ou ailleurs…D’autres ont pris le chemin de l’exil laissant derrière eux leur passé, leur berceau, à la merci de ces terroristes. Dans l’attente de jours meilleurs. 

Où qu’ils aillent, les hommes affiliés à cette mouvance radicale sèment la terreur ; en Syrie la zone sous leur contrôle n’est pas épargnée : deux femmes accusées d’adultère ont été lapidées récemment. Invité à participer à l’exécution de cette infamie, aucun Syrien sur la Place n’a trouvé en lui la médiocrité nécessaire pour jeter la première pierre. Démunies pour braver ces justiciers, les populations locales ont battu en retraite laissant seule derrière eux la femme sous une pluie de pierres.

Il est étrange ce fléau venu se greffer ainsi de but en blanc dans des sociétés qui à priori  lui sont extrêmement hostiles. Comme un microbe injecté de force dans un corps affaibli en manque d’anticorps pour se défendre. Si Abou Bakr al Baghdadi n’existait pas, il aurait fallu l’inventer pour pérenniser l’instabilité qui gangrène cette région…

Lors de son intronisation, l’imposteur disait :" Je suis le wali désigné pour vous guider ; je ne suis pas meilleur que vous. Si vous pensez que j’ai raison, aidez-moi et si vous pensez que j’ai tort, conseillez-moi et mettez-moi sur le droit chemin". Parce qu’en plus, le calife qui ose porter atteinte aux libertés dont celles religieuses se croit sur le bon chemin.