Emprise de l’Arabie Saoudite sur le Liban

Depuis que Téhéran et Ryad se font la guerre par procuration, les tensions régionales ne faiblissent pas. Le royaume wahhabite s’est mis à voir encore plus rouge avec le rapprochement Iran Occident tout comme avec l’évolution de la guerre en Syrie à contre courant du "tout sauf Bachar".Récemment l’exécution au sabre saoudien du cheikh al Nimr  avait embrasé le monde chiite. S’en étaient suivis des dommages collatéraux allant jusqu’à une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et ce à l’initiative de la dynastie des Ben Saoud. 

Horreur et damnation, l’agression des représentations diplomatiques saoudiennes à Téhéran n’a pas été condamnée par le ministre des Affaires étrangères libanaise, Gebran Bassil, au sein de la Ligue Arabe et de l’OCI, (organisation de coopération islamique) ! Et contre ce crime de lèse majesté, Ryad fulmine et administre à Beyrouth un royal camouflet.  C’est que rompu à l’exercice de soudoiement, le royaume wahhabite ne souffre aucune insoumission à ses inaliénables "prescriptions"!  Adieu l’aide saoudienne de 4 milliards en fournitures et armements français pour l’armée et les Forces de sécurité intérieure. 

Longtemps porté au pinacle pour son inconditionnel asservissement aux pétrodollars, le Liban est désormais banni par l’Arabie. La présence des ressortissants du golfe y est vivement déconseillé, ce qui ne présage rien de bon. Le Liban tombé en disgrâce, le Hezbollah se trouve dans l’oeil du cyclone, conspué par les 14 Mars pour sa part de responsabilité. 

Pour déminer la situation, on remue ciel et terre. Réunion du Conseil des ministres en session extraordinaire. Saad Hariri et Tamam Salam se perdent en conjectures, font des courbettes, se plient en quatre pour regagner les faveurs de leur suzerain ! Alors que le premier conjugue à toutes les personnes le verbe être "arabe aux côtés des frères arabes", le second bat sa coulpe, promettant de rouler sa bosse dans les pays du golfe. Malgré le ramdam suscité par cette punition, l’ambassadeur d’Arabie à Beyrouth a jugé insuffisantes ces démonstrations d’éternelle allégeance  ; il a prodigué quelques conseils susceptibles d’attirer l’absolution des délits dont s’est rendu coupable le pays à "l’insu de son plein gré". 

Certains peuvent penser que c’est de bonne guerre arguant qu’il y a possibilité de détournement par le Hezbollah des armes destinées à l’armée et payées par l’Arabie… La menace de l’hégémonie de Téhéran ayant bon dos, Ryad en use pour mieux tenir en laisse "ses administrés". Oubliant au passage sa responsabilité dans le désastre syrien, yéménite, , ce qui pourrait, à la demande du parlement européen, lui valoir un embargo des livraisons d’armes par le Vieux Continent…

Outré par tant d’irrévérence à l’égard de la généreuse monarchie, Achraf Rifi le ministre de la Justice a présenté sa démission. Il a invité les membres du gouvernement à en faire autant. La carotte et le bâton cette méthode régionale qui a le vent en poupe laisse à désirer ; elle en dit long sur l’état des lieux de ce pays sans président depuis bientôt deux ans et qui croule sous ses poubelles… 

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/25/le-parlement-europeen-reclame-un-embargo-sur-les-ventes-d-armes-a-l-arabie-saoudite_4871888_3210.html