A Moscou, Usain Bolt renforce sa légende…

 

 

 
 
 
 
       Je remanie actuellement un livre que j’ai écrit sur Usain Bolt , « Usain Bolt, la légende du sprint, aux éditions BoD », et je le complète avec les événements des mondiaux d’athlétisme de Moscou qui viennent de se terminer. J’avais publié ici, un article après la victoire d’Usain Bolt sur le 100 mètres, voici maintenant l’extrait du livre après sa victoire sur le 200 mètres et le 4×100 mètres. Il s’agit d’un premier jet « à chaud » qui sera probablement révisé pour la réédition du livre fin septembre… (j’ai ajouté quelques sous-titres pour cet article)

 

Après le 100 mètres…

Et puis, pour ceux qui croyaient que tu ne craignais vraiment personne, tu as précisé ce que tu pensais de tes concurrents, après la course : « Quand vous savez que vous êtes entourés de super partants comme Gatlin et Carter, vous savez que vous devez bien faire. Je devais faire attention à mes 50 premiers mètres, sans m’inquiéter de Justin car je savais qu’il arriverait à ce stade de la course devant. Il n’est pas le genre de personne à craquer sous la pression donc j’avais à garder ma concentration et me fixer la ligne comme but. J’ai dû sortir des blocks et me mettre progressivement en position et les 50 derniers mètres de course sont la meilleure partie de ma course… Pour arriver à cette course, ça a été une longue saison, il y a eu quelques coups de frein qui m’ont ralenti et même ramené en arrière, mais j’ai eu confiance en mon entraîneur. Je savais qu’il saurait faire en sorte que je puisse arriver en forme à ces championnats du monde ».

 

Tu sais aussi que ce n’est pas terminé… « Je suis impatient de courir le 200 m, même si j’ai besoin de repos, et je ne peux rien promettre. Mes jambes sont dures pour le moment, mais je vais prendre des sacs de glace, me faire masser et je serai bien. Je vais continuer à travailler dur parce que mon but est toujours de devenir une légende en collectionnant les médailles d’or et les titres d’athlète de l’année. Et le 200 m et le relais 4×100 m s’approchent »

C’est sûr, vendredi et samedi prochains, à Moscou, tu tenteras de glaner ton 3 ème titre de champion du monde sur le 200 mètres, dont on sait que tu es le maître absolu !

Mais, déjà, en remportant ce deuxième titre de champion du monde du 100 mètres, tu écris, Usain Bolt, une nouvelle page de ta légende…

 

Bientôt le 200 mètres…

Trois jours après ta victoire sur 100 mètres , Tu reviens tranquillement aux abords du stade Loujniki pour préparer le 200 mètres, dont les séries débuteront vendredi matin et tu parles à la presse : « Rien n’est fait, leur dis-tu, avant de poursuivre : «  et une course, il faut la courir »… « sur le 100m, je ne sais pas pourquoi, ni si c’est normal, mais je ne me sentais pas dans des conditions habituelles avant une course. Non pas à cause de la météo. Je ne peux pas m’en plaindre. Dans l’air frais, dans les conditions chaudes et humides, la piste a été rendue lisse par une averse, mais cela ne m’a pas gêné ».

Cinq jours sont passés… après ton exploit au 100 mètres, Usain, te voilà prêt ce matin du 16 août… Au stade Luzhnik, tu t’alignes dans les séries du 200 mètres… Comme si c’était un footing, tu ne te bats pas beaucoup, mais dès la quatrième foulée, tu es en tête ! Ensuite, dans la ligne droite… tu regardes tes adversaires et même les spectateurs dans les tribunes… Si, je ne précisais pas que ce sont les « Championnats du monde », on ne le croirait pas à la simple lecture de ce que je viens d’écrire ! Le temps reste toutefois très éloigné de ta cible : 20 secondes 66 centièmes… tu as tellement assuré que tu ne réalises que le 21 ème temps des engagés ! Les commentateurs ne s’y trompent pas. « Bolt tout en contrôle »… « Bolt ne force pas son talent », etc..

Tu es en forme, avec tout de même un petit problème au pied depuis la finale du 100 mètres… Tu précises : « Je me sens bien, je ne suis pas du matin. J’ai bossé vraiment dur cette semaine. Mon pied ? Il va mieux. Je veux juste passer les tours »…

Les concurrents les plus sérieux du roi du sprint, s’en sont bien sortis aussi dans ces séries. Wallace Spearmon a failli être éliminé. Il termine troisième de sa série et se qualifie pour un tout petit centième !

Le Jamaïcain Warren Weir, compagnon de Bolt, et toujours aussi redoutable, peut-être son plus sérieux adversaire sur le 200 mètres, a déroulé tranquillement en 20 secondes 34 centièmes. Nickel Ashmeade (Jamaïcain aussi) se qualifie en 20 secondes et 54 centièmes. Ce sont le Britannique Adam Gemili et le Sud-Africain Anaso Jobownana, qui ont réalisé le meilleur temps des séries du 200 mètres : 20 secondes  17  centièmes.

Le Français Jimmy Vicaut s’est qualifié aussi pour les demi-finales en terminant troisième de sa série dans le temps de 20 secondes 50 centièmes.

Ainsi, Usain Bolt courra au couloir 4 de la deuxième-demi finale et Jimmy Vicaut sera dans la première demi-finale.

 

L’heure dse demi-finales du 200 mètres…

Vendredi 16 août, 17 heures 45…

Usain Bolt est au départ de sa demi-finale… Le stade est silencieux… Le starter donne le premier ordre… Les coureurs relèvent le bassin… puis c’est le coup de départ… Les coureurs démarrent et paraissent alignés les uns derrière les autres en abordant le virage… Bolt, le grand, le géant, dépasse d’une tête ses concurrents dans l’alignement, avant la sortie du virage… Il est en tête à la sortie et prend de l’avance… il donne l’impression de bien contrôler sa course, mais il est accroché par le jeune Sud Africain Anaso Jobodwana, qui termine second à un centième de seconde de Bolt, qui assure l’essentiel et réalise le temps de 20 secondes 12 centièmes, ce sera le 4 ème temps des demi-finales.

Tu souris, Usain. Une mauvaise langue dira « que tu ris jaune ! »… Tu es un peu incrédule d’avoir été poussé par ce jeune Sud Africain qui a tout tenté sur la fin ! Il a même dit : « On a ri de la situation après la course, du fait que j’ai failli le battre. Ça n’aurait pas été un cataclysme, mais ç’aurait pu faire bizarre… »

Les concurrents sont donc bien là pour la finale. Il y a un nouveau le Britannique Adam Gemili, qui a remporté brillamment sa demi, l’Américain Curtis Mitchell qui a signé le meilleur temps en demi-finales, et les Jamaïcains Warren Weir et Nickel Ashmeade, qui se disputeront peut-être la deuxième et la troisième place derrière la légende…

Après ta course de la demi finale, tu es confiant Usain Bolt, et tu le dis : « Je suis content de me qualifier pour la finale. Je regarde devant, pour voir comment faire afin de courir le plus vite possible samedi. Je veux défendre mon titre ». 

 

La finale du 200 mètres

Samedi 17 août à 18 heures 10, à Moscou…

Finale du 200 mètres. Le départ est donné… Bolt démarre dans la masse des concurrents… Personne ne se détache encore… la bande s’étire dans le tournant… Mais Bolt fait encore les plus grandes enjambées dans la courbe et se retrouve largement en tête à la sortie ! Il contrôle toujours… accentue son avance… et sur les cinquante derniers mètres, il  est obligé – comme prévu – de contenir le retour de  son compatriote Warren Weir… Il y parvient sans trop de mal !

C’est presque décevant, Usain, tu nous as habitués à des performances jamais vues et là, il faut se contenter d’une victoire quasi normale ! Pas de record, mais tu ne renonces pas encore… « Je me sens fatigué. Je suis content de ma course, d’avoir travaillé dur et d’être resté concentré. Pour moi, aucune course n’est facile. Je voulais courir vite et donner du plaisir à la foule. Je suis content de moi et de ma course. Je suis heureux d’avoir montré que je suis toujours le meilleur. Le record du monde? Mon problème, c’est que je me blesse souvent pendant la saison. Et que je dois repartir de zéro. La saison prochaine, je vais essayer de ne pas me blesser, de travailler dur. Et j’espère pouvoir le battre. Si je n’y arrive pas, ça deviendra une cause perdue! »

Gagner, gagner toujours, comme tu l’explique après la course : « Mon objectif était de gagner le championnat. J’étais là pour ça, pas pour battre les records. Je sais que les fans le veulent mais une médaille d’or est tout ce qui compte. Année après année, mes adversaires progressent, à l’image de Warren Weir et je sais qu’il seront plus proches de moi dans le futur ».

Tu racontes aussi ce que tu as vu pendant ta course : « Après les 150 m, j’ai vu les gars dans l’écran géant, ils étaient là mais je les ai aussi vus commencer à fatiguer. Donc j’ai donné un coup d’oeil à gauche, et j’ai préféré assurer. Vous savez, pour un record du monde… je  vieillis, je dois m’entraîner dur ».

Tu as gagné dans le temps de 19 secondes 66 centièmes (loin de ton record 19 secondes 19 centièmes). Warren Weir termine deuxième, à 19 secondes 79 centièmes et l’Américain Curtis Mitchell finit troisième en 20 secondes 04 centièmes et prive ainsi la Jamaïque du triplet, Nickel Ashmeade terminant seulement quatrième en 20 secondes 05 centièmes (à un centième du troisième).

Tu es en train de poser un peu plus ton empreinte sur l’histoire mondiale de l’athlétisme et tu continues à bâtir ta légende ! C’est ton septième titre mondial !

A un journaliste qui te demande pourquoi tu as ralenti en fin de course, tu réponds : « Je savais que ça ne serait pas particulièrement rapide. J’ai couru fort sur le virage, mais, quand je suis arrivé dans la ligne droite, je me suis senti fatigué. Mes jambes étaient un peu lourdes. Mon entraîneur m’avait dit que, si je ne le sentais pas, ça ne servait à rien d’y aller à fond jusqu’au bout et risquer de se blesser. On avait décidé, si la victoire était assurée, de ralentir sur la fin. J’ai déjà les records du monde. C’est un stress en moins. Je voulais courir plus vite mais ça ne s’est pas passé ainsi. Mais j’ai la médaille d’or, et j’en suis satisfait. Je sais que les gens attendent de moi que je domine. Mais, si je peux courir 20 secondes pour gagner, ça me va ».

 

Finale du relais 4×100 mètres…

Dimanche 18 août 2013, à 16 heures 40 (heure française), la finale du relais 4×100 mètres à Moscou (et la fin des mondiaux d’athlétisme)…

On s’attend donc à un duel explosif entre Jamaïcains et Américains. Les Français ont été éliminés dans les séries… Il y a aussi, Les Britanniques, les Néerlandais, etc…

C’est une épreuve collective qui permet néanmoins aux meilleurs éléments du sprint de repartir avec une médaille. La vitesse est importante mais il y a aussi la technique de passage du relais qui souvent n’est pas préparée et conduit à des disqualifications…

Les relayeurs ont pris place autour de la piste, tous les 100 mètres, derrière leurs startings blocks. Un « presque » silence se fait dans le stade. Le départ est donné… Un immense brouhaha se refait entendre dans l’enceinte sportive… Les coureurs sont à l’oeuvre… Il s’agit de bien passer le bâton. Ce qui n’est pas toujours le cas ! Pour les premiers relayeurs on a du mal à voir qui est devant… La Jamaïque et l’Amérique sont au coude à coude jusqu’aux derniers relayeurs… Là, il y a Bolt qui va terminer pour son équipe…. Il a pris le témoin que Nickel Ashmeade lui a vraiment mal tendu… Juste à côté de lui… dans le couloir voisin, Justin Gatlin reçoit le bâton…du bout des doigts de Rakieem Salaam… Malgré son habitude, l’Américain effectue « cinq appuis dans la zone de Bolt » (ce qui fait penser à une disqualification possible…) L’Américain rate ainsi sa fin de courbe et laisse échapper Bolt, son principal rival, qui prend alors une avance insurmontable !

L’équipe de relais Jamaïcaine (tenante du titre) l’emporte dans le temps de 37 secondes 36 centièmes (Nesta Carter, Kemar Bailey-Cole, Nickel Ashmeade, Usain Bolt, devant l’équipe Américaine (Charles Silmon, Mike Rodgers, Rakieem Salaam, Justin Gatlin) (36 secondes 66 centièmes). La troisième équipe est la Grande Bretagne, mais cette dernière ne le restera pas longtemps, à la suite d’un mauvais passage de relais (malheureusement comme d’habitude !), elle cède sa place au Canada.

C’est aussi la troisième fois consécutive que l’équipe Jamaïcaine d’Usain Bolt remporte le titre de champion du monde du relais 4×100 m !

Ainsi, Usain Bolt, avec cette huitième médaille d’or, tu rejoins, dans l’histoire de l’athlétisme, les Américains Carl Lewis, Michael Johnson et Allyson Felix, qui sont les plus titrés de l’histoire !

 

C’était plus dur pour Bolt, à Moscou !

Pourtant, il faut bien reconnaître que ce triplé de médailles à Moscou, semble avoir été plus dur à obtenir cette fois à Moscou et tu déclares : «C’est de plus en plus dur chaque année. Je dois pousser encore plus mon physique, et plus vous courez, plus c’est dur. Je ne sais pas à quoi m’attendre, je n’ai pas parlé au coach (…) Je travaille dur et je continuerai à le faire, à me pousser dans mes retranchements. Je vais courir à Zürich et à Bruxelles, et puis, je rentrerai à la maison, prendre des vacances et me relaxer».

Tu veux aussi positiver en donnant une bonne appréciation globale de ces mondiaux : « Cela aura été des championnats du monde différents, pas les meilleurs. Ca s’est amélioré au fur et à mesure des jours. Les gens sont devenus plus relax, ils ont commencé à sourire, il y avait plus de monde dans le stade et à la fin, l’ambiance est montée ».

Il est clair qu’à Moscou, Usain Bolt a renforcé sa légende…

Tu n’en parles pas encore mais tu ambitionnes d’aller poursuivre ta cueillette des médailles aux Chamionnats du monde d’athlétisme de Pékin en 2015 et aux Jeux Olympiques de Rio, en 2016, où tu espère réaliser « un triple-triplet » de médailles d’or olympiques !

Et puis, tu parles d’héritage, « de trace à laisser dans l’histoire » comme une traduction plus adulte dans ta volonté d’être une légende, que tu es incontestablement déjà mais que tu t’emploies au cours des ans à ancrer encore plus solidement!

Ton ami d’enfance, Norman Peart, est sans doute, celui qui te connais le mieux et qui parle le mieux de toi ! Il a dit récemment : « Usain Bolt est devenu plus grand que son sport. Il fait partie des cinq sportifs les plus connus de la planète »… « Bolt est le seul nom que le grand public connaît »… « C’est que Lightning Bolt a amené une incroyable fraîcheur dans les stades. « On est là pour s’amuser et le public aussi », répète-t-il »… « Depuis qu’il est là, la plupart des sprinters, jadis habitués à se défier comme des boxeurs avant un combat et rouler des mécaniques avec un regard noir, se sont pris au jeu. Ils imitent la star et font les pitres. Mais il est le seul qui a cette incroyable capacité à rester cool jusqu’à la dernière seconde »…

 

Photo :  capture d’image sur le site Sport24.com