L’irrespect de députés de UMP envers la Tunisie lors de la visite

du président Moncef Marzouki élu démocratiquement les déshonore.

 

Le vide partiel du coté droit de l’Assemblée lors du discours de Moncef Marzouki n’est pas honorifique pour les représentants de la droite nationale.

 

Support Wikipedia On pouvait préférer un régime laïc conservateur ou socialiste pour cet ancien protectorat Français jusqu’en juillet 1957, mais c’est Moncef Marzouki, qui a été élu sous le slogan fédérateur «Ben Ali dégage» dans une coalition tripartite entre Ennahda, le CPR et Ettakatol, cela méritait qu’ils soient tous présents. Ce sont les Tunisiens qui l’ont élu le 12 décembre par les constituants de leur Assemblée avec 153 voix, trois contre, deux abstentions et 44 votes blancs, succédant ainsi à Fouad Mebazaa, qui assurait l’intérim. Le respect s’imposait après que la France fut le protecteur de ce pays par le traité du Prado signé le 12 mai 1881 qui confirmait notre pouvoir en la construction de la base de Bizerte à la suite du traité de Berlin le 13 juillet 1878 concluant le Congrès de Berlin. La France conserva cette base jusqu’au 15 octobre 1963 après une bataille sanglante entre le pouvoir Tunisien et la France faisant des milliers de morts.

 

Moncef Marzouki est médecin, écrivain, et militant des Droits de l’homme tunisien. Le 12 décembre, il est élu président de la république Tunisienne par les membres de l’Assemblée constituante. Il mérite le respect de la représentation nationale. Voir aussi, Les révolutions musulmanes Tunisie, Égypte, Libye.

 


Première manifestation anti-Ben Ali à l’annonce de son départ, retour sur cette journée où le pays a basculé. À 10 HEURES «Ben Ali, dégage !». Ils n’ont pas attendu longtemps pour qu’il parte. Document Le Parisien.fr, cliquez sur l’image.

 

S’il est vrai que le parti Ennahda est un parti islamiste majoritaire à l’Assemblée constituante il n’en a été pas moins élu démocratiquement. Cette révolution de jasmin qui fut celle des femmes fut une victoire dans ce pays dominé par un président qui a gouverné 24 ans et qui n’était plus aimé de son peuple. Rien n’était démocratique dans cette Tunisie. Il faut voir que 49 femmes furent élues à cette Assemblée constituante en 2011 sur 216 députés soit 22,6 %, c’est un progrès énorme alors que dans notre Assemblée nationale il y a que 155 femmes sur 577 députés, soit 26,8 % ! La droite parlementaire Française aurait mieux fait de respecter ce président, c’est elle qui à le moins de députées féministes à notre Assemblée.

 

Nous avons largement approuvé ce soulèvement du peuple Tunisien, même si une partie de l’UMP ne l’a fait que du bout des doigts, ne pouvant faire autrement. Il faut donc accepter le résultat des urnes même si nous aurions préféré l’émergence d’un parti laïc républicain.

 

Quoi d’étonnant à ce qu’une partie cette droite parlementaire boycotte l’hémicycle, quand on se rappelle les propos de Madame Michèle Alloit-Marie ministre des Affaires étrangères le 12 février 2011 quand elle proposa à l’Assemblée nationale le savoir faire de la police Française pour régler les situations sécuritaires. Il faut savoir que la position de la majorité était plus que prudente sur ce qui se passait en Tunisie. Le silence de Sarkozy et de son gouvernement fut interprété comme une indifférence. La Tunisie était en colère contre cette majorité de l’époque clamant que ce qui se passait était un évènement sans précédent depuis plus d’un quart de siècle. S’il est probable que les propos de MAM, n’avaient d’autres buts que de faire régner l’ordre, ils n’en étaient pas moins une action pour favoriser le pouvoir en place qui, notre police intervenant, serait resté maître de la situation, avec les conséquences diplomatiques que l’on imagine, une ingérence dans un pays souverain. Invraisemblable une telle proposition. Ce fut donc un tollé tant en France qu’en Tunisie, une honte pour notre pays.

 

Cette visite du président Moncef Marzouki fut à haute valeur symbolique afin d’apaiser nos relations. Que faire de mieux que de le recevoir dans notre Assemblée ou seulement 16 dirigeants étrangers furent reçus avant lui.

 

Tout devait être concocté par certains députés UMP puisque à 15 heures le député UMP Jean-Frédéric Poisson annonçait «je n’y assisterai pas, et ce sera le cas de pas mal de mes collègues». Effectivement, les députés UMP n’étaient que 55 sur 196 à écouter le discours du président Moncef Marzouki.

 

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Pierre Lelouche déclara, selon l’AFP, qu’il n’assistera pas à cette réception, jugeant que «le processus démocratique n’est pas encore stabilisé» dans ce pays. «Je ne veux pas faire de critiques intempestives, il faut continuer à aider la Tunisie mais fallait-il pour autant inviter le président actuel dans la phase que nous connaissons ?». C’était par ses propos s’initier dans la politique Tunisienne estimant qu’elle évoluerait. C’était ne pas reconnaître que cette évolution avait atteint sa maturité par l’élection de députés et d’un président.

 

Sa collègue la députée Valérie Boyer, membre du groupe d’amitié France-Tunisie, boycotta aussi cette cérémonie, jugeant que le président Tunisien est un peu le «pantin des islamistes, qui préconisent le retour à la charia», rapporte le figaro.fr dans son édition de 17 h 45. Didier Julia s’est déclaré «consterné par l’attitude de certains représentants l’UMP à l’égard du Président Monzef Marzouki qui dans son pays et pour le monde entier incarne la laïcité, la tolérance et le besoin de justice». «J’appelle tous mes compagnons de route à s’informer sur le terrain et à rendre hommage à ce que l’on peut appeler le modèle Tunisien» a-t-il déclaré. Didier Julia fut député de Seine-et-Marne pendant 45 ans, Pour sa part, le président du groupe UMP à l’Assemblée, Christian Jacob, estima que la position de Pierre Lellouche n’engageait que lui. L’ancien premier ministre François Fillon fut également parmi ces députés UMP à boycotter cette visite.

 

En d’autres termes, une partie de cette droite Française a défendu implicitement Ben Ali.

 

Pour l’ancienne ministre socialiste Élisabeth Guigou, «il y a eu une sorte d’aveuglement. Nous nous doutions du caractère policier de ce régime, mais nous n’avions pas mesuré l’ampleur de la concussion et de la prison». Ce propos montre qu’il ne définit pas sa position. En plus il marque son ignorance de la situation sous le régime Ben Ali.

 

Il est vrai que ces révolutions musulmanes ont virées à l’islamisme par suite de son implantation religieuse dans les lieux à forte pauvreté, l’exemple le plus récent est l’Égypte. Une révolution engagée par des jeunes avides de république et de démocratie qui vire au profit du parti de la liberté et de la justice vitrine des Frères musulmans grands vainqueurs des élections législatives de 2012.

 

Cette rencontre fut «l’occasion de réaffirmer le soutien que la France apporta à la transition politique engagée en Tunisie. Elle manifesta ainsi la forte sa volonté d’accompagner les autorités et le peuple tunisiens dans ce processus, sur la base d’un partenariat d’égal à égal, dans le cadre des liens d’amitié très étroits qui unissent les deux pays et les deux peuples», déclara le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valéro.

 

«C’est peu dire que la France sous Nicolas Sarkozy s’est déshonorée en niant l’ampleur de la fronde populaire Tunisienne. Son ingérence fut à l’aune de son indignation, à géométrie très variable, ne s’érigeant en devoir que pour servir certains intérêts géopolitiques, au profit d’une diplomatie à courte vue, là où le sens du discernement aurait dû guider ses pas et éclairer son action», Oumma.com.