Le petit père du peuple vénézuelien (partie 2)


Le pire, c’est le coup d’Etat. Un jour, il en a été l’instigateur, un autre, il est en la victime. Fort heureusement pour lui, il en réchappe. Le courant de protestations alimenté par les patrons ne parvient pas à ses fins. Ils n’ont certainement pas aimé le fait que 14 d’entres eux soient licenciés comme des mal propres par le gouvernement. Un geste fort servant à montrer que celui qui dirige, ce n’est pas eux, mais l’Etat.


Deuxième arme pour le faire chuter : le référendum révocatoire, c’est à dire, un vote du peuple pour savoir s’il admet la politique de son président. Une innovation apportée par Hugo Chavez lors de la modification de la constitution. Une fois de plus, il est approuvé par les électeurs, ils continuent de lui faire confiance et montrent ainsi qu’ils l’affectionnent. Sa politique socialiste a des répercussions sur l’état du pays et malgré les détracteurs, la vie des vénézueliens s’améliore.


Le PIB augmente, le chômage diminue, les plus nécessiteux ont le sentiment d’être pris en considération. D’ailleurs le taux de pauvreté a diminué de moitié et les plus affamés ont plus facilement accès à la nourriture grace au réseau de distribution MERCAL. Une chose que l’Europe devrait méditer avant de réduire l’énveloppe allouée à l’aide alimentaire. La politique bolivariste permet aux personnes âgées et aux handicapées de bénéficier d’aides accrues. Avec un tel assistanat des moins nantis, on penserait que l’Etat s’est endetté, qu’il a du retourner les coffres dans tous les sens pour trouver de quoi le financer. En réalité, c’est tout le contraire, la dette de l’Etat est tombée de 30% à 14% du PIB. A ces bonnes nouvelles s’ajoute celle de la disparition de l’analphabétisme, au prix d’un grand effort afin d’améliorer l’éducation. A l’instar de la santé, ayant pour conséquence une mortalité qui s’éclipse.


Le Venezuala a beaucoup souffert de dictatures militaires, pour rassurer le peuple que les képis ne font plus la loi, Chavez fait un acte fort. Il annule le traditionnel défilé militaire accompagnant l’arrivé de la nouvelle Assemblée constituante, suivant les élections. Plus simplement, il modifie la date, en la déplaçant du 7 aout au 4 février, jour anniversaire de son coup d’état raté.Il souhaite montrer que, même s’il est un militaire, il n’y aura plus de junte au pouvoir. Malgré tout, l’effort de guerre est toujours une préoccupation comme le montre sa volonté de créer une "Grande Réserve" de 1.5 millions de personnes.


Un bilan confortable lui permettant en 2006, de sortir vainqueur des urnes pour la 3ème fois. Sur sa lancée, il crée un nouveau parti politique, le PSUV. Toutefois, il échoue à faire passer la réforme visant à modifier la constitution sur le nombre de mandat présidentiel. Le projet était d’en instaurer aucune limite. A cela, il fallait ajouter l’entérinement du socialisme dans les textes fondamentaux et la possibilité de censurer la presse quand le contexte est houleux. Jugé liberticide, le projet ne passe pas.


Le portrait qui pourrait sembler dithyrambique, j’en conviens, soulève également les points noirs de cet homme. Tout au long de ses 3 mandats, la violence a augmenté et la liberté d’expression s’est amuie. Chavez, pour conforter son emprise sur les différents pans de la société, peut compter sur des milices paramilitaires prêtes à faire goûter de la matraque aux récalcitrants. Hugo Chavez est également taxé de corruption et de népotisme. En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le pays est classé parmi les plus corrompus au monde. Un fléau dont la principale cause est liée à l’industrie du pétrole. 


Le gouvernement Chavez, ainsi que ses proches, créeraient des sociétés fantômes afin de tirer profit de cette manne juteuse. Un enrichissement personnel grâce à des ressources naturelles et publiques. Pour étoffer son porte-monnaie, il profiterait également du FONDEN, une organisation opaque au fonctionnement flou. Quoi de mieux, pour ne pas se sentir en danger, que de placer des hommes de confiance aux postes importants engendrant ainsi, un verrouillage de l’appareil d’Etat.


Adepte de la propagande, il anime son émission de télévision, Alo Presidente. Un programme pleinement populiste vantant les mérites de sa politique et où il tente de répondre aux interrogations de ses concitoyens. En agissant ainsi, il fait fi de l’égalité du temps de parole et met à mal le multipartisme de la vie politique. Une attitude qui émeut de nombreux organes défendant la liberté de parole. Une fois par semaine, comme le jour du Seigneur, toutes les chaines de télévision et les stations de radio cessent leurs programmes pour retransmettre l’allocution hebdomadaire du président.


Jetons un œil sur la scène internationale. Il monte souvent au créneau pour critiquer l’impérialisme américain et le capitalisme néolibéral. Un combat idéologique partagé avec d’autres chefs d’Etat américains tels que Morales le bolivien, Correa l’équatorien et Castro le cubain. Durant les années GW.Bush, il n’a jamais perdu une occasion pour s’en prendre à lui, toutes eurreurs était prétexte à une raillerie. Des relations qui se sont détériorées alors que Chavez affiche un soutien infaillible envers Cuba. Au plus profond de lui, il désire la fin du FMI qu’il considère de vampire, syphonnant les richesses et alliénant les états déjà dans une situation peu enviable. Même s’il n’aime pas les USA, il ne se montre pas moins anti-américain. Après le dramatique épisode de l’ouragan Katrina, alors que le gouvernement de Washington semble oublier que la Nouvelle Orléans est ravagée, Chavez propose de vendre de l’essence à moins 40% aux sinistrés afin de sortir la tête de l’eau. Sa seconde inimitié, il l’a réserve à Israel. Aussitôt quelques réticences manifestes à l’encontre des israélites, qu’il est considéré d’antisémite.


Hugo Chavez est un membre actif du Mouvement des Non Alignés. Une réunion d’une centaine de pays, aussi bien américains, qu’asiatiques ou africains, dont le but est de proposer une autre voie. L’une des particularités d’Hugo Chavez, c’est son habitude à attirer vers lui des personnalités peu recommandables. Citons par exemple, Mouammard Khadafi, dont il reçoit le prix des droits de l’homme, Ahmadinejad, les FARC, Vladimir Poutine, ou encore le gouvernement chinois bafoueur de libertés.


Voilà, nous en savons un peu plus sur le président vénézuelien. Un homme fort, une personnalité marquante dont l’empreinte sur la société se fait déjà sentir. Ces derniers temps, le mal qui le rongeait n’était pas le néo esclavagisme américain si critiqué dans ses discours, mais un cancer qu’il est parvenu à vaincre. C’est donc guéri et revigoré, après un passage si proche de la mort, qu’il revient en force pour entamer son 4ème mandat.