En Tunisie, Nicolas Sarkozy conclut contrats et accords et se garde de toute critique sur les…

    La France a paraphé, lundi 28 avril, un accord de partenariat dans le nucléaire civil avec la Tunisie, où Nicolas Sarkozy a accordé à son homologue tunisien, le président Ben Ali, un brevet de bonne conduite en matière de droits de l’homme.

    L’accord de coopération nucléaire est similaire à ceux que la France a déjà paraphés avec la Libye, l’Algérie et le Maroc. Il étend le champ de cette coopération à tous les aspects de l’utilisation pacifique du nucléaire et ouvre la voie, à terme, à la fourniture d’une centrale atomique à la Tunisie.

La présidence française a aussi annoncé, mardi matin, une commande ferme, par Tunis Air, de treize Airbus A-320 et trois longs courriers A-350, une commande estimée à un milliard d’euros au prix catalogue. La compagnie tunisienne a pris option pour trois autres avions dont deux monocouloirs A-320 et un long courrier A-350.

L’Elysée a par ailleurs annoncé la signature prochaine par Alstom d’un contrat de 360 millions d’euros pour la construction d’une centrale thermique.

« L’ESPACE DES LIBERTÉS PROGRESSE » EN TUNISIE

    Lors d’un toast prononcé lors d’un dîner offert par le président tunisien, M. Sarkozy a défendu M. Ben Ali contre les accusations portées contre lui par ses opposants et les organisations de défense des droits de l’homme.

    « Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays où je suis venu en ami et qui me reçoit en ami, de m’ériger en donneur de leçons », a-t-il déclaré avant d’affirmer : « Aujourd’hui, l’espace des libertés progresse [en Tunisie].«  « J’ai pleinement confiance dans votre volonté de vouloir continuer à élargir l’espace des libertés en Tunisie », a ajouté le président français à l’adresse de son homologue tunisien.

S’il a évoqué des cas de violation des droits de l’homme en Tunisie dans l’intimité de ses entretiens en tête-à-tête avec M. Ben Ali, comme l’avait laissé entendre l’Elysée, il n’en a rien dit en public, hormis cette rapide allusion.

Des organisations de défense des droits de l’homme accusent pourtant régulièrement le pouvoir tunisien d’attenter aux libertés fondamentales sous couvert de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme islamique. Amnesty International et Human Rights Watch font état de cas de mauvais traitements, voire de torture. Les défenseurs des droits de l’homme souhaitaient que Nicolas Sarkozy fasse pression sur le président tunisien et demande notamment la libération de prisonniers politiques. « M. Sarkozy pourrait user de son amitié pour rappeler que la démocratie en Tunisie est de l’intérêt de tous », déclarait ainsi le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Mokhtar Trifi, samedi dans Le Monde.

    Le président français les a pris à contre-pied en estimant que la Tunisie pouvait « se comparer sans rougir à tant d’autres pays ». Il a dit au contraire vouloir rendre hommage à la « lutte déterminée » de son homologue tunisien contre le terrorisme, « qui est le véritable ennemi de la démocratie ». « Qui peut croire que si demain, après-demain, un régime du type taliban s’installait dans un de vos pays au Nord de l’Afrique, l’Europe et la France pourraient considérer qu’elles sont en sécurité ? J’appelle chacun à réfléchir à cela. »

    Nicolas Sarkozy, qui était arrivé en fin d’après-midi à Tunis avec son épouse Carla, est notamment accompagné par la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme. Selon son cabinet, Rama Yade rencontrera mardi des « représentants de la société civile » tunisienne. Mokhtar Trifi et d’autres défenseurs des droits de l’homme devraient en faire partie, dit-on de source diplomatique française.

ACCORD SUR L’IMMIGRATION

    Le ministre de l’immigration, Brice Hortefeux, qui est aussi du voyage, a pour sa part signé lundi soir un accord sur la gestion concertée des flux migratoires, comme ceux que la France a déjà signés avec le Gabon, le Sénégal, le Congo et le Bénin. Cet accord généralise notamment les « visas de circulation », ouvre 77 métiers à l’immigration professionnelle en provenance de Tunisie et renforce en contrepartie la lutte contre l’immigration clandestine.

    L’Agence française du développement a, quant à elle, signé sept conventions de financement avec le gouvernement tunisien, pour un montant total de 140 millions d’euros, selon l’entourage de Nicolas Sarkozy.

LEMONDE.FR avec Reuters et AFP

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