Greffe de cheveux sans cicatrice visible : une réalité

Que penser de la nouvelle technique de greffe de cheveux « sans cicatrice visible » ?            

Il convient d’emblée de préciser sans cicatrice visible et il est utile de clarifier quelques notions fondamentales afin de bien comprendre de quoi il s’agit réellement. 

 

Depuis 4 ou 5 ans, nous entendons de plus en plus parler de greffe de cheveux sans cicatrice visible. Il s’agit d’une révolution en terme de greffe de cheveux car les impacts seront importants pour de nombreux  patients qui refusaient jusqu’alors d’avoir une cicatrice s’étendant d’une oreille à l’autre à l’arrière du crâne. La technique de greffe de cheveux sans cicatrice est l’évolution ultime d’une miniaturisation des greffes de cheveux qui étaient prélevés par punch de 4 à 5 mm de diamètre dès les années 1970 et qui laissait non seulement des cicatrices majeures sur la zone donneuse avec un aspect « mité » mais qui donnait également sur la zone receveuse un aspect très disgracieux que tout le monde connaît : cheveux de poupée ou champs de poireaux.

 

La F.U.E consiste à prélever des cheveux sur la zone occipitale (située à l’arrière du cuir chevelu) elle signifie Follicular Unit Extraction. Le prélèvement  s’effectue par un, deux, trois voire quatre cheveux qui ressortent par le même orifice capillaire. Ces cheveux constituent une Unité Folliculaire (U.F). Le nombre de cheveux sortant par unité folliculaire est variable en fonction des individus. On estime à 2,2 le nombre moyen de cheveux prélevés de telle sorte que pour 2000 greffons nous implanterons entre 4400 et 4500 cheveux.

 

Le concept de prélèvement folliculaire est progressivement venu à l’esprit des spécialistes de la greffe de cheveux. Ne prélever que les U.F, et ce de façon exclusive c’est à dire  en laissant la partie profonde du derme ou hypoderme et en respectant le derme situé aux alentours de la tige capillaire,  inutile pour la repousse des cheveux présente en effet un avantage indéniable. L’avantage se situe également dans la possibilité de ne pas être limité par la souplesse du cuir chevelu car la cicatrisation de chaque unité folliculaire s’effectue spontanément et de façon indépendante. En revanche, les greffes de cheveux prélevés par bandelette, le nombre de cheveux disponible réimplantable est étroitement lié à la souplesse du cuir chevelu. Toute cicatrice élargie  et disgracieuse est le fait d’une mauvaise appréciation et/ou d’une mauvaise qualité de suture. La quantité de cheveux prélevable est ainsi liée à la densité capillaire et à la souplesse du cuir chevelu ce qui explique que des patients avec une bonne densité capillaire mais avec une peau très rigide ont très fréquemment des cicatrices très élargies voir chéloïdes avec un résultat modeste.

Il existe toutefois un procédé chirurgical consistant à faire repousser au sein même de la cicatrice. Une taille en biseau de la berge supérieure permet cette repousse, cela s’appelle la suture trichophytique.  Mais dans tous les cas la limitation du nombre de cheveux prélevé est liée à la plasticité du cuir chevelu et à la densité capillaire.

 

 

Le prélèvement de cheveux Unités Folliculaires par Unités Folliculaires nécessite le rasage de toute la zone donneuse. Un micro punch de 0,8 mm de diamètre est la taille standard pour prélever des U.F de 2 cheveux.

L’unité folliculaire est extraite avec un dommage tissulaire minimum.

Les U.F sont immédiatement immergées dans une solution isotonique avec facteur antioxydant tel que le NCTF135-HA ou le PRP c’est à dire du Plasma du patient Riche en Plaquettes (article à paraître prochainement).

Toutes les unités folliculaires sont ensuite minutieusement triées par 1, 2, 3 ou 4 cheveux afin d’effectuer un remplissage ciblé des zones d’alopécie androgénique.

 

Photographie d’un micro punch de 0,8 mm de diamètre utilisé pour le prélèvement des Unités Folliculaires.

Photographie d’une Unité Folliculaire toujours présente dans le punch, composée de 2 cheveux vient d’être extraite de la zone donneuse.

 Unité Folliculaire : les deux renflements noirs correspondent aux 2 follicules.

 

Comme vous pouvez le voir sur la photo numéro 1, le diamètre de l’instrument permettant l’extraction des unités folliculaires est extrêmement petite, le diamètre est de 0,8 mm laissant tout juste pénétrer un petit fragment de la tige capillaire. Sous anesthésie locale, ce petit foret permet de suivre la tige capillaire jusqu’au niveau du follicule. Et grâce à de petits instruments chirurgicaux issus de la micro chirurgie, il est ainsi possible une fois la tige capillaire libérée de procéder à l’extraction des unités folliculaires, la tige capillaire servant de guide pour atteindre les follicules.

Les unités folliculaires ainsi prélevées sont minutieusement rangées en fonction du nombre de cheveux qu’elles possèdent, il est communément admis que la moyenne de cheveux par unité folliculaire est de 2,2, ainsi pour 1000 greffes d’unités folliculaires avec un punch de 0,8 mm nous mettrons environ en place 2200 cheveux.

L’intervention est extrêmement minutieuse, le praticien prélève toutes les unités folliculaires les unes après les autres, il s’agit d’un véritable travail d’artisanat qui nécessite la collaboration d’une équipe entière.

 

1)   Le préleveur : c’est la personne qui réalise le prélèvement des unités folliculaires grâce à une loupe de haute technologie éclairante à lumière froide afin de ne pas chauffer les follicules.

2)    L’assistante qui aide à l’extraction des unités folliculaires. Elle immerge après prélèvement les Unités Folliculaires dans un soluté de survie cellulaire : le NCTF135-HA ou le PRP qui possèdent de puissants agents anti radicaux libres.

3)   La trieuse : c’est l’assistante qui grâce à une loupe grossissante trie les greffons en fonction du nombre de follicules 1, 2, 3 voire 4 cheveux.

 

Les greffons sont ainsi conservés dans un liquide qui favorise la survie à une température de 4 à 6°C afin de faciliter leur reprise. Les greffons sont mis en dormance métabolique.

 

 

APRES LE PRELEVEMENT, LA CICATRISATION

 

 

La zone donneuse ne fait l’objet d’aucune suture, le traitement local consiste en l’application d’une pommade cicatrisante associée à de l’Hydrotul. Ce procédé de cicatrisation bien connu des chirurgiens plasticiens s’appelle la cicatrisation dirigée.



Photo d’un patient après réalisation du pansement permettant la cicatrisation dirigée



Le lendemain de l’intervention il n’existe aucun saignement. L’organisme va induire grâce à des procédés cellulaires complexes une mise à niveau faisant des petits ponts musculaires, une rétraction du volume prélevé  et la migration des cellules épidermiques superficielles.

Dès le prélèvement de l’Unité Folliculaire le phénomène de cicatrisation est à l’œuvre. Dans un premier temps, les plaquettes interviennent par une libération massive de facteurs de croissance et la mobilisation d’une cellule très particulière : le fibroblaste. Le fibroblaste est la cellule qui entre autre fabrique le collagène mais elle a également d’autres fonctions. Elle peut au besoin se transformer en cellule graisseuse ou adypocyte,  envoyer des prolongements protéiniques comparables à des micro muscles, les miro filaments d’actine associés à des filaments de myosines. Il se crée entre les différents fibroblastes qui prennent alors le nom de myo fibroblastes une sorte de cohérence informationnelle qui permet la rétraction cicatricielle par l’intermédiaire des filaments.



Les patients décrivent fort bien cette sensation de traction continue non douloureuse qui correspond à la mise en œuvre de ces phénomènes de myo contraction. Comme nous pouvons  le voir sur une photo très agrandie de cette zone de cicatrisation, à 7 mois, il n’existe plus de quelques petits reliquats fibreux invisibles dont le diamètre a considérablement diminué et qui a laissé émerger de nouveaux cheveux entre les espaces de prélèvement.

 

Le calcul de la superficie initiale de prélèvement et de la superficie finale de cicatrisation montre objectivement les capacités de rétraction de cette cicatrisation dirigée. La zone occipitale est reconstituée quasiment ad integrum autorisant même une nouvelle prise de greffe 12 à 15 mois plus tard.


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