L’initiative russe : une aubaine pour la Syrie ?

Entre ses implants capillaires, sa teinture « anti-blanchitude », le président Hollande semble avoir définitivement adopté le look à la Berlusconi. Un de ces looks qui sied particulièrement à ceux qui sans tabous, affectionnent riches et richesses de ce bas monde. Un look quelque peu en porte à faux quand même avec ceux qui se réclament haut et fort du prolétariat ou presque. 

Pour avoir réussi à rebooster une popularité en berne lors de son intervention malienne, le chef relooké n’en démord plus : il s’imagine pouvoir à tous les coups reconquérir une France au bord de la fronde en lui en mettant plein la figure à travers ses fracassantes démonstrations de virilité. D’ailleurs le président n’a pas manqué après le Sommet de Saint-Pétersbourg de rappeler qu’en dépit de son triste alignement sur la position américaine, la France pouvait se targuer d’avoir  à elle seule les moyens de ses ambitions punitives à l’encontre de Bachar el Assad. 

Décidément après les missions civilisatrices qui se sont avérées si peu gratifiantes, les infâmes missions dites de liberté et de démocratie n’en finissent plus de se bousculer et d’échouer les unes après les autres ! L’otage belge Pierre Piccinin qui vient d’être libéré après plus de cinq mois de détention  accuse à son tour les rebelles d’avoir utilisé les armes chimiques contre la population civile de Ghouta ce 21 août ; ni sa voix, ni celle des Russes reposant sur des données issues de satellites, ni celles de tant d’autres d’ailleurs, ne sauront  porter le coup de grâce sur les certitudes de ces inconditionnels va-t-en guerre, bien haut en couleurs ! 

Après une intensive campagne de subversion menée par les présidents français, américain, et leurs chevaleresques serviteurs que sont Fabius et Kerry pour rallier à leur piètre cause les récalcitrants, nombreux retiennent leur souffle pour des raisons parfois si opposées. Boule de cristal dis, le Congrès cautionnera-t-il ou ne cautionnera-t-il pas cette guerre ? Le premier vote destiné à nous renseigner sur le pouls américain a été reporté à une date ultérieure alors qu’il était prévu pour cette funeste date du 11 septembre. Si elle devait se concrétiser, l’agression pourrait s’étaler sur 60 jours extensibles à 90. 

Quant à François Hollande qui s’est empêtré dans une posture inconvenante, laquelle devrait faire remuer dans sa tombe le général De Gaulle, il tiendrait à s’exprimer en conséquence ;  nous abreuver encore et encore de sa rhétorique de prédilection basée sur les droits de l’homme et tout ce qui va avec. Une occasion supplémentaire pour donner des frissons à ces défenseurs de dernière minute du peuple syrien qui ne voient s’éveiller en eux cette fibre humaniste qu’au seul et lointain bruit de bottes couplé d’une effusion de sang ! 

Sauf que dans ce climat délétère où même cette propension immodérée de certains à donner le meilleur d’eux-mêmes laisse plutôt à désirer, s’élève enfin une voix conciliante qui restera dans les annales :  la Russie de Vladimir Poutine par la voix de Sergueï Lavrov n’en finit pas de faire preuve de prouesses  pour éviter à tout prix l’embrasement de la région ! La voilà qui propose à Damas une planche de sauvetage en lui recommandant de mettre sous contrôle international son arsenal chimique avant de le détruire. 

Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem n’a pas hésité à se précipiter vers cette chaleureuse main tendue. Exit les velléités belliqueuses des uns et des autres qui se retrouvent désormais mis hors d’état de nuire davantage se dit-on mais, mais, l’heure n’est point au triomphalisme hâtif : avant les frappes chirurgicales en Irak, souffler le chaud et le froid sur fond d’atermoiements faisait partie intégrante de la stratégie et comme l’histoire se plaît parfois à repasser les plats, la méfiance est de mise. 

Aussi la question cruciale de la crédibilité du shérif international et de son vassal de service primant manifestement sur les menaces grandissantes qui pèsent sur Damas et ses alentours, des vilénies ne sont pas à exclure même si du bout des lèvres, a été salué par Obama le plan de sortie de crise du Kremlin.  En témoigne l’empressement avec lequel Washington et Paris s’en sont emparés, le fouillant et le farfouillant, histoire sans doute de lui découvrir des failles invisibles à l’œil nu !

Espérons toutefois qu’ils n’en feront pas trop en le dotant d’astreintes extensibles à volonté, destinées tout juste à le battre en brèche avant de mettre à exécution leur plan. Diabolique, à mon goût..