Afrique : Ces nationalistes de la dernière minute…

 

À proprement parler, à l’aube des indépendances africaines, seules les anciennes colonies anglaises et dans une certaine mesure celles du Portugal ont pu mettre à leurs têtes  des régimes nationalistes et africanistes.

La France, soucieuse de garder une main obscure sur ses anciennes colonies,  a tout mis en œuvre afin que le pouvoir ne soit remis qu’à un régime qui leur resterait éternellement  favorable. Ainsi, dans les années soixante, seul le Guinéen Sékou Touré en Afrique francophone a pu tenir tête à une France qui ne voulait décidément pas laisser les mains libres aux jeunes régimes en place dans ses anciennes colonies.

En Afrique anglophone, on a pu voir dès les premières années de l’indépendance des africanistes tels Kwame Nkrumah du Ghana, Julius Nyerere de la Tanzanie et bien d’autres,  revendiquer haut et fort la souveraineté de l’Afrique. A contrario de ces derniers, les leaders francophones (Senghor du Sénégal, Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, Léon Mba du Gabon…) se chargeaient au quotidien  de la sauvegarde les intérêts français dans leurs pays respectifs. Et même jusqu’aujourd’hui, on note toujours et ceci malheureusement, une certaine relation incestueuse entre la France et ses ex-colonies. Et, comme corolaire, les anciennes colonies françaises restent à ce jour les plus mauvais élèves de la démocratie sur le continent. La jeune génération s’en est rendu compte, et souhaite vraiment changer ce système de choses ; mais, reste confronté aux vieux présidents encore en place.

Cependant, ces « pions » français, dès qu’ils se sentent lâchés par le palais de l’Elysée, s’érigent très rapidement en purs africanistes. A son arrivée au pouvoir, Laurent Gbagbo était l’un des enfants chéris de la France sur le continent ; seulement, une fois qu’il s’est senti lâché par cette dernière au profit d’Alassane Ouattara, il s’est sans honte aucune métamorphosé en défenseur de la souveraineté africaine. Tel a été le cas pour bon nombre. Le cas le plus récent est celui d’Abdoulaye Wade, qui la semaine dernière a fait une déclaration pour le moins surprenante.

Connu pourtant sur le continent comme un « préfet français » en Afrique, le « vieux » président sénégalais a dit au cours d’un discours de campagne électorale qu’il est haï  par les occidentaux parce qu’il se soucis du développement de son pays ; avant d’ajouter que Léopold Cedar Senghor a gouverné sans problème le Sénégal pendant de longues décennies, parce qu’il protégeait sur place les intérêts de la France. Connaissant la crise de légitimité dont souffre actuellement le Président Wade, ce revirement à 180 degré ne surprend personne. Mais seulement, l’on demande bien si ce nationalisme de la dernière heure le sortira de l’impasse actuelle ! Probablement non !