Et si une pilule permettait un jour de remplacer le sport ?

 

 

 

 

 

 

La perspective ne me réjouit pas beaucoup, mais voilà un fantasme qui refait surface ! Le Nouvel Observateur publie un entretien avec une chercheuse qui explique qu’elle travaille là dessus. L’information est relayée par Rue 89. Pour ceux qui ne croient pas aux miracles autant dire que ce n’est pas pour demain que cela s’appliquera à l’humain ! Et puis, ce n’est pas réjouissant non plus ! Ce n’est peut-être pas souhaitable non plus ! En attendant, la question vaut qu’on s’intéresse aux travaux de recherche qui sont entrepris dans ce domaine…

 

Hélène Duez, une chercheuse en biologie à Lille, a mené une étude avec des collaborateurs Américains et Hollandais. Des expériences ont eu lieu sur des souris, dont le principe consiste à leurs administrer des molécules qui ont pour effet de permettre à l’organisme de générer plus d’énergie et de les faire gambader ! L’effet est, nous dit-on, comparable à des athlètes qui s’entraînent ! Sans entrer dans le détail, il s’agit d’aller de faire migrer des protéines dans le noyau des cellules musculaires. Comme on le voit, les biologistes travaillent au sein même du noyau des cellules pour modifier leurs réactions possibles ! Hélène Duez explique, en scientifique, ce qu’elle fait : « chaque cellule a son bagage de récepteurs nucléaires et de protéines régulatrices en fonction de notre âge, de notre condition physique. Depuis quinze, vingt ans dans notre laboratoire, on montre qu’on peut utiliser ces récepteurs nucléaires comme des cibles thérapeutiques. En effet, leur fonction principale, c’est de lire notre environnement nutritionnel : ils sont capables d’agir en capteurs de la quantité de lipides, de dérivés de cholestérol et ensuite de moduler notre métabolisme de manière à ce qu’on ne devienne pas hypercholérolimique, diabétique, etc… ».

 

La manipulation proprement dite a consisté à créer un composant qui a été injecté à des souris obèses, et qui a activé alors une protéine qu’on appelle  REV-ERBav et dont la particularité est de contrôler le rythme circadien et l’horloge biologique des souris. Les souris en question ont perdu ensuite du poids et ont amélioré leur taux de cholestérol. En fait, ce sont ces injections qui ont obligé les souris à utiliser plus d’oxygène dans la journée et à fournir 5% d’énergie de plus ! Leur résistance est aussi améliorée ! La démonstration a donc été faite que les souris qui n’avait pas la protéïne Rev-erbαv courraient beaucoup moins que les autres ! Ses souris avec et sans protéine R. étaient observées sur un tapis roulant avant de tirer ces conclusions.

 

Evidemment, cela fait penser un peu à l’invention d’une nouvelle pilule pour le dopage… La chercheuse s’en défend en raison de la « toxicité » de la molécule et des effets secondaires inconnus. Elle précise : « il ne faut pas jouer : la molécule sur laquelle nous avons travaillé n’est pas la molécule dopante de demain ! »

 

On pense aussi plutôt à un emploi dans un but thérapeutique, mais il semblerait que ce ne soit pas encore la cas. Pour la chercheuse, il faudra une dizaine d’années « pour traiter certaines myopathies qui sont liées à des défauts des mitochondries ou à aider des patients qui ne peuvent pas facilement faire d’exercice ». Cela pourra peut-être aussi aider des personnes qui ont parfois des problèmes ostéo-articulatoires et font donc moins de sport parce que ça leur fait mal, ainsi que des gens qui ne peuvent pas respirer facilement.

 

Mais va-t-on passer de la souris à l’homme bientôt ? Non. Apparemment la molécule chimique qui a une action dans le noyau de la cellule pour augmenter la production d’énergie « n’est pas encore suffisamment bien conçue pour être donnée à l’homme ». Ce n’est qu’un début, il va falloir encore du temps pour la mettre au point. Il faut de toute manière des années pour mettre en oeuvre les protocoles d’expérimentation sur l’homme et donc éventuellement commercialiser la pilule miracle.

 

La première retombée à terme de ces expériences pourrait être d’aider des patients qui n’ont pas fait de sport depuis très longtemps en raison de problèmes articulatoires ou respiratoires à reprendre le sport… (type marche, gymnastique douce…), ce serait déjà un grand pas…

 

Il faut donc bien reconnaître que l’idée « d’une pilule qui remplacerait le sport » est plutôt actuellement erronée ! L’expérimentation de la nouvelle molécule sur les souris n’étant pas du tout transposable sur l’homme actuellement.

 

Les bienfaits du sport sans bouger le petit doigt, bien callé dans un fauteuils, sont donc un rêve inaccessible pour le moment, mais peut-être qu’un jour une pilule existera !

Heureusement, le sport, le vrai a de beaux jours devant lui et hormis l’aspect thérapeutique, on souhaiterait presque qu’une telle pilule ne soit jamais inventée !

Sourcces Le Nouvel Observateur, Rue 89, futura-sciences.com

Photo : capture d’image (agrandie) sur le site gizmodo.fr