La dissolution lente de l’identité culturelle

Les « hauts de France ». Cette appellation fait se poser beaucoup de questions.

Changer les noms sur les cartes n’est jamais un acte anodin, si ces changements là ne sont que la conséquences directes du regroupement des régions, il amène à se questionner sur le choix de l’appellation. La France et ses régions renvoie à un passé culturel riche, chaque région ayant son identité culturelle qui lui est propre. Les appellations renvoyaient à l’histoire de France et sa construction, les bourguignons, les picards, et aux frontières naturelles géographiques, le Rhône Alpes, les Pyrénées Atlantique, le bas Rhin…

Notre génération restera imprégnée de cette identité, elle a vu l’émergence de l’Europe, a vu la perte de souveraineté des nations et le transfert de plus en plus accrus des pouvoirs nationaux vers l’Europe. Les politiques budgétaires, agricoles communes, les directives et normes européennes s’immisçant dans le quotidien de chaque citoyen. Pour gouverner il convient d’uniformiser le troupeau, « Comment voulez vous gouverner un pays avec plus de 300 sortes de fromages », la mondialisation cherche à créer le consommateur type, trouvant dans n’importe quel endroit, les mêmes enseignes, les mêmes produits, gommer les régions s’inscrit dans cette démarche et revient à terme à lisser les différences entre les peuples afin qu’ils deviennent le citoyen consommateur lambda.

Cela ne se fera pas pour notre génération mais on est en droit de soulever la question pour les prochaines. L’Etat Nation Europe tend à simplifier les différentes communautés qui la composent et fusionner les régions est un premier pas. Dans cette démarche de construction d’une sorte d’Europe fédérale, l’appellation Haut de France prend tout son sens, pas de connotation historique locale, pas d’appellation liée à la frontière géographique locale puisqu’une appellation Haut Rhin n’aurait aucun sens dans une perspective européenne, la partie haute du rhin se situant plus vers Cologne que vers Strasbourg. L’appellation Haut de France permet ainsi de cartographier cette zone de l’Europe sans référence culturelle précise, simplifiant la France. Il serait curieux de voir si cette démarche n’émane pas de Bruxelles.