Pollution de l’air et circulation alternée, l’incompatibilité scientifique

 

J’entends déjà dire : « le revoilà celui-là ! » Ce lanceur de pavé dans la mare des autres, cet éternel critiqueur de ce qui semble pourtant avéré pour bien de ses congénères, puisqu’on l’affirme à la télévision !

Je répondrais que lorsque je me sens interpellé par des affirmations qui ne me conviennent pas, et que n’ayons pas peur des mots, je qualifierais de hâtives, voire mensongères, eh bien, je le fais savoir !
Ce sera encore le cas en ce jour…

On nous rebat les oreilles à grands coups d’informations télévisées avec les pics de pollution…
Je suis d’accord, il y a matière à s’inquiéter lorsque la santé publique est en péril… Par contre permettez que je ne le sois pas sur les moyens employés pour diminuer cette pollution, qui passez-moi l’expression ne sont absolument pas cohérents, voire ne ciblent-ils pas les polluants les plus dangereux à leur source…

Savez-vous que nombre d’études ont été menées par les diverses municipalités parisienne, dont une sous le mandat de Bertrand DELANOË ?
La municipalité de l’époque devait procéder à une enquête, visant à mesurer l’impact de la politique des transports sur la qualité de l’air.
Prenant conscience que les réponses à cette épineuse question seraient compliquées, les élus du Conseil de Paris avaient préféré confier l’enquête à Airparif, l’organisme qui mesure la pollution de l’air dans la capitale et dont nul ne pourrait contester les compétences.
Les ingénieurs d’Airparif avaient eu pour mission d’évaluer l’efficacité de la politique municipale de l’époque, dont les mesures avaient été axées sur les zones piétonnes, une restriction de la circulation dominicale, les quartiers verts, et les couloirs de bus.
Durant 6 mois, 900 kilomètres de voies parisiennes devaient donc être étudiées avec minutie.
Mais selon de discrets rapports, l’enquête baptisée Heaven n’avait pourtant portée que sur les « couloirs réservés » de trois axes, dont quelques mauvaises langues avaient prétendue, qu’elles avaient été « suggérées en priorité » :
– La rue de Rivoli
– Le boulevard de Strasbourg
et
– Le boulevard de Sébastopol

Si les résultats avaient mis en avant, une baisse de 20 % d’émissions de certains polluants au niveau de la rue de Rivoli, grâce semblait-il à la création de son « couloir réservé », les ingénieurs d’Airparif s’étaient accordé à dire que l’impact des mesures prises sur la circulation seraient difficiles, voire impossibles à mesurer.
Rien de véritablement engageant et un soupçon d’embarras, vous en conviendrez…
Denis BAUPIN adjoint au maire de l’époque et chargé des transports avait quant à lui déclaré, je cite : « notre objectif était surtout de pouvoir répondre à la question : quelle serait la situation si nous n’avions rien fait ? »
Enfin l’adjoint écologiste rappelait avec fierté, les -14 % de baisse de la circulation automobile depuis 2001 et durant ses 4 ans de mandature…
En somme des paroles en « l’air » (excusez ce jeu de mots !), qui n’apportèrent pas davantage d’eau au moulin…
Bref, le coup d’épée dans l’eau fut magistral, et l’enquête renvoyée aux calanques grecques…

Loin de moi l’idée de critiquer les uns plus que les autres, mais ma formation scientifique m’oblige à préciser, que toute étude sérieuse se doit de reposer sur des éléments solides et divers, et non ponctionnés au hasard dans des rapports de personnages (passez-moi l’expression), qui n’y connaissent pas grand chose sur les sujets qu’ils traitent depuis leurs bureaux, et surtout ne placent pas en commun l’évolution de leurs recherches, ou constatations.

On sait que « sur commande » les ingénieurs d’Airparif s’étaient surtout penchés à l’époque de l’enquête, sur la concentration du dioxyde d’azote émis principalement par les voitures, ce qui prête, on le sait désormais tout scientifique sérieux à sourire, et voici pourquoi.

Il faut savoir, que la qualité de l’air que nous respirons connaît des variations en fonction de nombreux critères, qui dépassent largement le cadre d’une circulation alternée :

1- La météo :
Il a par exemple été établi de façon formelle et scientifique, que les pics de pollution de 2003 n’avaient strictement rien à voir avec les bouchons sur les routes, autoroutes, et autres artères importantes, mais à la canicule.

2- La circulation des masses d’air :
Elles se déplacent au-delà des frontières à l’échelle européenne, et sont fortement chargées d’ozone, considéré par les scientifiques comme un polluant voyageur.

3- Les microparticules :
Leur liste est bien trop longue pour être citée, je parlerai simplement l’une des plus connues et également des plus nocives : le benzène, reconnu comme particulièrement volatile.

Après ce récapitulatif, je l’espère le moins ennuyeux possible, interrogeons sur la réelle utilité des dernières mesures prises conjointement avec des associations environnementales, municipalités et autres ministres, et plus particulièrement sur l’extraordinaire idée de la « circulation alternée ».

On voudrait donc nous faire croire, que seules les automobiles seraient responsables des pics de pollution ? Je pense avoir démontré plus haut que c’est totalement faux, et que bien que cette décision puisse-être intéressante, elle ne pourra le devenir qu’en complément d’autres mesures, bien plus difficiles, et courageuses avouons-le à prendre…
Mesdames Messieurs les écolos de tous poils ! Mesdames et Messieurs les ministres ! Mesdames et Messieurs les responsables d’associations de qualité de la vie, etc… Cessez de vous réfugier derrière des décisions fantoches et largement médiatisées, dans le but unique que l’on parle de vous, et prenez plutôt le problème à la base !
Faites fi des pressions subies par les lobbies de l’industrie, de l’épée de Damoclès que de puissants industriels ou groupes internationaux maintiennent au-dessus de vos têtes, ayez au cruel détriment de ce que vous rapporte le fait de fermer les yeux sur des pratiques assassines, le courage de dénoncer qui sont les réels pollueurs, et d’enfin leur imposer des normes qui je vous le rappellent existent depuis des décennies, et ne sont pas respectées ou honteusement détournées.

Un organisation hélas non-gouvernementale, « Transport & Environnement » (T&E), après avoir passé au crible différents rapports d’enquêtes sur des véhicules Diesel, réalisés conjointement par les autorités britanniques, française et allemandes, a pourtant établi un classement reconnu par d’éminents scientifiques comme indiscutable, dont il ressort une liste de 30 véhicules vendus actuellement en Europe et considérés comme les plus polluants !
Cette liste s’appelle la « Dirty30 », soit « les 30 sales ». On parle tout de même de véhicules Euro 6 dont l’émission de Nox dépasse plus de 2 fois les limites fixées par les normes européennes, une fois mesurées en laboratoire et lors d’essais sur route cette fois, plus de 5 fois la limite autorisée !
La norme Euro 6d, qui devrait entrer en vigueur en septembre 2017, obligera cette fois les constructeurs à procéder à des tests d’homologation en conditions réelles « Real Driving Emissions » (RDE), qui écarteront toute possibilité de « tricherie sur les taux annoncés ».

Pour ce faire, 3 procédés actuellement utilisés et reconnus comme étant des mauvaises pratiques, seront définitivement bannis.

Sans devenir trop technique en voici la liste :

-1 La fenêtre thermique de contrôle trop basse :

Les constructeurs se verront obligés de contrôler les émissions de « gaz toxiques » en utilisant une fenêtre thermique, qui place en condition les moteurs depuis une température de démarrage (moteur froid) vers une température de fonctionnement dite chaude (moteur au maximum de température). Les fenêtres thermiques actuelles varient (en moyenne) entre 5° et 40° selon ce qui est divulgué.
Les ingénieurs de « Transport & Environnement » affirment qu’une fenêtre thermique aussi réduite, n’aurait jamais dû être utilisée et qu’elle devrait être considérée à l’avenir comme un dispositif de contrôle frauduleux.

-2 Le redémarrage à chaud :

Il s’agit d’une technique qui ne « respecte les normes » de pollution que lorsque le moteur est froid, et qui ne tiendrait pas compte qu’il dépasse allègrement les plafonds lorsqu’il est chaud. Là encore il y a fraude.
Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, seuls les tests de combustion liés au « démarrage à froid » sont demandés, et que les constructeurs n’optimisent les réglages de leurs moteurs, que pour répondre au strict minimum de ces conditions.

-3 La temporisation :

Il s’agit d’équiper certains moteurs d’un temporisateur électronique, qui permettrait de couper le système de dépollution au bout d’un laps de temps déterminé.
En Allemagne, le KBA aurait procédé à des tests sur certains modèles de Fiat (la 500X par exemple), mettant en avant le fait que le système de dépollution donc se coupait au bout de 22 mn, sachant que les tests d’homologation, ne dure que 20 mn…
« Transport & Environnement » a émis des soupçons quant à la légalité de ce système.
Le classement « Dirty 30 » établi par « Transport & Environnement » se veut une mise en garde pour attirer l’attention, mais un des ingénieurs aurait déclaré, je cite : « il faut garder à l’esprit que les tests pilotés par les gouvernements n’ont rien à voir entre eux. La France a testé les véhicules en conduite réelle avec le moteur froid, le Royaume-Uni a choisi aussi la conduite réelle, mais avec le moteur chaud, et les mesures allemandes sont réalisées sur route et en laboratoire, mais uniquement sur des moteurs chauds. Attention à ne pas comparer les valeurs d’émissions entre elles, car les protocoles de tests ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. »

Pour ma part, c’est sur le grotesque des mesures de style « circulation alternée » que je veux attirer l’attention, même si je sais que mon modeste article ne sera rien de plus qu’une « goutte de benzène dans l’océan des micro-particules ».
Cette mesure dans l’état reste efficace pour une chose avérée : rendre la vie professionnelle des plus modestes d’entre nous impossible, voire comme on l’a entendu dans des reportages aboutir à des licenciements pour « absence à son poste », plonger dans l’illégalité des travailleurs qui pour manger, n’ont d’autre choix que de se rendre à leur boulot coûte que coûte avec leur véhicule, en ne tenant pas compte du jour où ils en ont le droit…
Sans compter que les grèves des transports ferroviaires, en commun, etc… N’arrangent rien à l’affaire… Mais il s’agit d’un autre débat !
Je ne parlerai pas non plus des forces de l’ordre, cantonnées à des contrôles, puis depuis peu à des verbalisations pour les contrevenants, donc à des tâches subalternes alors qu’ils auraient peut-être mieux à faire ailleurs ?
Mais là aussi, il s’agit d’un autre débat !

Permettez que je termine, avec une information qui ajoutera, je pense au ridicule des mesures visant soit disant à améliorer la qualité de l’air, dans les grandes agglomérations…

Savez-vous que dans les sommets de la « Dirty 30 », se retrouvent sur le podium des mauvais élèves, les Dacia Sandero 1.5 dCi, Renault Kadjar 1.5 dCi et 1.6 dCi, certifiés comme étant parmi les véhicules les plus polluants.
En conduite réelle, ils émettraient entre 12,8 et 14,6 fois plus de NOx que lors des tests en laboratoire !
En conclusion dormez tranquilles français (ou presque)… Et vive la circulation altérée ! Heu… Alternée !

Dyonisos.