Nerve

Réalisateur : Henry Joost et Ariel Schulman

Date de sortie : 24 août 2016

Pays : USA

Genre : Thriller

Durée : 96 minutes

Budget : 20 millions de dollars

Casting : Emma Roberts (Venus « Vee » Delmonico), Dave Franco (Ian/Sam), Juliette Lewis (Nancy Demonico), Emily Meade (Sydney), Miles Heizer (Tommy)

Un futur très proche, une société toujours plus accrochée à ses réseaux sociaux, prisme d’une vie heureuse et palpitante faite de fêtes, d’amis et d’événements marquants. Venus, ou Vee, jeune femme timide, réservée, vivant dans l’ombre de sa « meilleure amie », l’intrépide Sydney, ou Syd, va connaître la soirée la plus folle de son existence. Une nuit pour se transformer, découvrir une nouvelle face de son identité, catalysée par un étrange jeu illégal et un partenaire inattendu nommé Ian. Tel serait le pitch de ce film initialement conçu pour un public d’adolescents. Seulement le film transcende son histoire pour servir une réflexion critique de notre société où les écrans dominent le monde.

La première chose que l’on retient de Nerve c’est son esthétisme. Des néons aux couleurs douces dominées par des teintes violettes, bleutées et rosées. Les lumières de la ville la nuit, le cadrage allant du parfaitement maîtrisé au brouillon gesticulant dans tous les sens, comme si l’action était filmée à travers l’écran d’un smartphone.  A cela on rajoute les ralentis stylisés quand Vee et Ian rentrent dans certains lieux, rendant leur présence comme inévitable. Ils sont beaux et jeunes, ils dominent l’espace. Au visuel réussi se conjugue une bande son tout aussi aboutie. Les différents morceaux electro/pop sont énergiques, vivants, donnent envie de se dépasser, adhérant parfaitement avec l’esprit du film. Jouant de l’omission, parfois la musique efface les cris de douleur et de déception, le jeu est une plongée intense. Le seul moment de douceur est servi avec une mélodie planante, les deux concurrents réunis par la force de choses, ou des votes des Watchers, partagent une balade en moto dans les rues de NYC. Une parenthèse enchantée avant de réenchaîner les défis.

Le ton du scénario, adapté du roman Addict de Jeanne Ryan, change au fur et à mesure que le film avance. Si au début, il est gentillet et léger, lorgnant du côté des séries pour adolescents avec le fameux campus et le microcosme qui en ressort, la suite se meut en réel film d’action avec une ambiance de plus en plus anxiogène. Le défis suivent cette voie, pour commencer il faut embrasser un inconnu pour 100$ puis les choses s’emballent, les spectateurs votent et leur imagination perverse propose des challenges de plus en plus risqués. Rouler à plus de 100km/h les yeux bandés tout en évitant les voitures et les piétons, se suspendre en haut d’une grue à une main ou bien sauter d’un bord à l’autre d’un quai de métro, voilà de beaux exemples d’imbécillité qui fascinent les internautes. Outre le fait de filmer une succession de défis sans cesse plus ardus, le film est une réflexion moderne sur les réseaux sociaux, les jeux qui dépassent le cadre limité de l’écran, l’argent et l’e-réputation. Jusqu’où peut-on aller ? A quel moment l’ivresse dépasse-t-elle la raison ? Le jeu Nerve est une sorte de pieuvre qui se nourrit des informations des joueurs. Sans méfiance, afin d’y participer, ils remplissent une fiche qui va servir de bâton pour se faire battre en cas d’abandon ou de dénonciation. Car tout comme le Fight Club, la première des règles est de ne pas parler de Nerve, sous peine de graves sanctions rendant la vie des mouchards, un véritable enfer.

Concernant les personnages, ils sont très stéréotypés. La jeune fille effacée, la pom-pom girl extravertie qui cache dans ses folies un mal-être profond, les footballeurs stars du campus, le meilleur ami de l’héroïne cantonné dans la friendzone, nerd et fréquentant un hangar de hackers gentils et le beau chevalier (motard) musclé, propre, lisse, mystérieux dont les intentions semblent pures. Un beau panel de figures qui, même si elles sont classiques, parviennent à susciter un intérêt particulier au spectateur. Une réussite rendue possible grâce aux acteurs convaincants et percutants. Emma Robert incarne parfaitement Vee, cette fille cachée derrière son appareil photo, plus habituée à être derrière que devant l’objectif, qui, galvanisée par l’euphorie du jeu, va se transformer en une intrépide releveuse de défis. La chenille en guenille mute en un magnifique papillon flamboyant dans sa robe verte à 4000$. Dave Franco est le héros masculin dans toute sa puissance, drôle et charmeur, bad boy au grand coeur, possédant un côté pile enjôleur et un côté face sombre et secret. Le duo fonctionne correctement. Les personnages secondaires qui gravitent autour sont tout aussi intéressants.

Malgré des petites incohérences pardonnables dans le déroulement de l’histoire, Nerve est véritablement mon coup de coeur de l’été, si ce n’est de l’année pour l’instant écoulée. On pense directement à The Game, Battle Royale ou encore 13 jeux de morts, mais même sous influence, il reste divertissant. Prenant, beau, captivant, une histoire à double lecture, des acteurs attachants. Bref, Nerve n’est pas un film que l’on attendait mais il parvient à séduire. Une bonne surprise!