Exodus : Gods and Kings, le film de Ridley Scott

La fresque épique de Ridley Scott nous retrace l’exode hors d’Egypte des hébreux sous l’égide de Moïse. Intolérant à l’injustice que subissent ses frères, les esclaves de l’Empire, taillables et corvéables à merci, Moïse sera exclu de sa famille d’adoption une fois révélée sa véritable identité. C’est perdu au milieu du désert, à travers l’épisode du buisson ardent, que Dieu se révèlera à lui, l’enjoignant de délivrer son peuple de la servitude. 

Les tentatives à l’amiable du prophète auprès de Ramsès, son frère de lait, pour desserrer l’étau étant restées vaines, le recours à la grosse artillerie en devient incontournable. Devant l’insuffisance des armes qui se mettent à parler, Dieu déploiera sa panoplie en guise de rescousse pour les opprimés et de châtiment pour les oppresseurs : les dix plaies, une véritable démonstration de force divine. Le Nil devenu rouge écarlate infesté qu’il était de crocodiles ; des fléaux qui se succèdent sans répit entre l’invasion de grenouilles, de moustiques, de sauterelles, etc ; la Faucheuse quant à elle, ne chôme pas et s’en prend aussi bien bétail qu’aux enfants. La traversée de la Mer Rouge sous les ténèbres, sous une tempête de grêles, rien qu’à elle seule est un tour de force imaginée par Ridley Scott ; une entorse entre autre au récit biblique, laquelle lui a valu une interdiction de projection au Maroc ! 

Tout au long du film prévaut le grandiose, la folie des grandeurs hollywoodiennes: la bande son, la nature enragée, le panorama, l’avalanche d’effets spéciaux. Et Le must du must, la 3D ! Sauf que surexploitée, cette dimension esthétique n’aura pas suffi à combler les déficits dont souffre cruellement cette fresque qui n’a de biblique que le nom. La dimension mystique ne prend jamais et l’apparition du môme céleste ne fait que desservir l’effet escompté ;  la séquence furtive où Moïse dans le désert du Sinaï grave dans la pierre les paroles de Dieu ne saura pas sauver la face… 

A force de miser sur la démonstration de ses prouesses cinématographiques, Ridley Scott a fini par en oublier l’essentiel. Il aurait donc déboursé quelque 140 millions de dollars pour un péplum sans âme qui plus est n’en finit pas de susciter des polémiques. C’est l’Egypte qui s’y met en dénonçant le faux, notamment celui faisant passer les hébreux pour les bâtisseurs de pyramides…

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