Mort cérébrale … Et pourquoi ne pas ressusciter ?

 

Parfois en matière scientifique, la fiction peut dépasser la réalité…
À tel point que l’on arrive à se demander si les protagonistes de certaines expériences, ou innovations, ne dépassent pas le cadre de l’éthique et ne s’adonnent finalement pas tels des Docteurs Mabuse, à des travers que la science réprouve…
Mon article du jour, va tenter de présenter un futur essai clinique lié à la mort cérébrale, qui dores et déjà divise la communauté scientifique, autant qu’il soulève des questions… À vous ensuite de vous faire votre propre idée.

Petit rappel :

Il y a quelques années, j’avais écrit un article qui parlait des extraordinaires facultés régénératives des salamandres, après qu’il ait été découvert par le plus grand des hasards, que ces étranges batraciens, pouvaient voir leur peau ou encore leurs membres se reconstituer, après arrachement dermique, et même amputation…

S’inspirant de ces constatations, Ira Pastor, directeur de la société Bioquark basée à Philadelphie, a annoncé qu’il comptait prochainement engager des essais cliniques, visant avec l’aide de cellules-souches à je cite, et tenez-vous bien : « ramener à la vie des patients en état de mort cérébrale !!! ».
A présent comprendrez-vous aisément, pourquoi je parlais d’inquiétudes et de questionnements, des membres de la communauté scientifique !

Toujours est-il que la société Bioquark, prétend, je cite : « pouvoir ressusciter un cerveau qui ne présenterait cliniquement parlant, plus aucun signe d’activité ».
Il suffirait, toujours selon les membres de l’équipe chirurgicale de Bioquark, je cite toujours : « de relancer le cerveau comme on relance un cœur arrêté ».

Le projet :

Le projet, baptisé tel le titre d’un film d’épouvante : « Reanima », serait basé sur l’injection directement dans la moelle épinière du patient, de cellules-souches, prélevées initialement sur ce dernier.
Les chercheurs, misent sur une stimulation de la production, et l’activation de nouveaux neurones, grâce à leur pouvoir naturel de différenciation.
Le « processus » serait disons « boosté », par l’apport en parallèle d’un cocktail de peptides, d’une thérapie laser, et de la stimulation d’un nerf bien spécifique : le nerf médian, connu pour inciter les neurones à établir de nouvelles « connexions ».

La société Bioquark, serait en passe d’obtenir selon Ira Pastor, le feu vert pour réaliser des essais cliniques dans un pays d’Amérique latine.
Ce qui dérange au plus haut point les autorités scientifiques, c’est le total manque de clarté des travaux que mènent généralement Ira Pastor, manque de clarté qui avait d’ailleurs déjà conduit les autorités sanitaires indiennes, à annuler purement et simplement les essais cliniques engagés sur leur sol en 2016, par la société Bioquark…

Au prime abord, l’équipe de chercheurs de Bioquark affirmait procéder à des essais cliniques s’inspirant des salamandres comme dit plus haut, reprenant leur technique de régénération, et pour agir sur les organes et tissus humains afin de les régénérer, ou encore d’inverser le processus de certaines affections.
Mais voilà qu’ouvertement, Ira Pastor prétend pouvoir régénérer le cerveau de patients en état de mort cérébrale, ce qui est nettement plus délicat, car chirurgicalement parlant, on ne parle plus de « réparer » un cerveau endommagé, mais bel et bien de « ranimer » un cerveau mort, dont l’état serait jugé irréversible.
Ira Pastor expliquait l’an passé au Telegraph lors d’une interview, je cite :« le fait qu’une réanimation de tels patients (en état de mort cérébrale) soit possible, est notre vision à long terme, bien que ce ne soit pas le but de notre première étude ! C’est un pont vers cette éventualité ».

Mais lorsque la question suivante a été posée par le Telegraph « ranimer un cerveau mort, c’est possible ? » À un éminent spécialiste, tel que le Professeur Dean Burnett, neuroscientifique de l’Univeristé de Cardiff, il a répondu ceci, je cite : « si de nombreuses démonstrations ont suggéré, que le cerveau humain et le système nerveux ne sont pas aussi fixes, et irréparables qu’on le pensait, l’idée que la mort cérébrale puisse être inversée facilement semble très fantaisiste »

En effet, même si pour « réparer des cerveaux endommagés », l’utilisation de cellules-souches a été avancée et testée, par exemple dans le cas de victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), rien ne prouve à ce jour que la méthode soit réellement efficace.

Enfin, ce qui égratigne l’éthique médicale, c’est que le protocole envisagé par Bioquark, ne respecte en rien l’obligation de test préalable sur l’animal, avant de passer au test sur l’être humain.
Ce qui revient à dire, que même en cas de réussite sur un patient, rien ne prouve qu’il n’y ait pas ensuite, de sévères conséquences, ou séquelles.

La liste des détracteurs serait bien trop longue à énoncer, donc je me conterais de ne citer qu’Ariane Lewis une célèbre neurologue américaine qui a déclaré lors d’une interview de la revue « Critical Care, je cite : « les recherches de Bioquark sont plus que « douteuses » et « sans aucun fondement scientifique ».
Ecrivant même en novembre 2016, « C’est au mieux, d’une nature éthiquement douteuse, et au pire, catégoriquement contraire à l’éthique ».

L’avenir nous dira si Bioquark obtiendra l’autorisation pour réaliser ses essais cliniques, sachant que si le protocole était identique à celui annoncé en 2016 en Indes, 20 patients seraient recrutés.
Ensuite se verraient-il injecter des cellules-souches, puis administrer le fameux « cocktail de peptides », suivi de la thérapie laser, et de la stimulation du nerf médian.
Afin de rassurer les consciences sans doute, les chercheurs de Bioquark prévoient un suivi de leurs patients, pour déterminer le moindre changement dans leur comportement, voire des reprises de signes de vie…

Steven Spielberg avouez-le, n’aurait pas imaginé meilleur scénario pour un de ses films de science-fiction…

Dyonisos.

Sources Gentside Découverte