Chemin de croix, le film de Dietrich Brüggemann

En cette période troublée où des intégristes de tous bords cherchent par tous les moyens à imposer leurs lois, "le chemin de croix", le film de de Dietrich Brüggemann tombe à point nommé. C’est une satire en bonne et dûe forme de cet intégrisme ravageur à partir d’une simple histoire de famille. 

Quand religion équivaut à combat, intolérance, la toxicité des notions s’avère peu anodine auprès de jeunes personnes ; elle aurait comme propriété d’entacher leur évolution avec comme une propension à leur dénaturation. C’est le cas de la petite Maria encadrée tous azimuts par des fondamentalistes catholiques purs et durs. Au collège de la Fraternité St Pie X comme à la maison, Maria est constamment matraquée par ces rappels de vaccins, ces balises de vie, seuls gages d’accès au paradis. 

Au milieu de toutes ces prescriptions prodiguées par des adultes charismatiques et pour lesquels cueillir innocemment  sa jeunesse est synonyme de péché, le conditionnement psychologique prend peu à peu effet. Quand arrivera le temps du passage de l’enfance à l’âge adulte, Maria se mettra tout à coup à tituber avant de s’adonner à corps perdu à sa religion. 

Sacrifices deviendra le maître mot qui doit régir sa vie de "soldat du Christ". Pas de musique aux rythmes démoniaques, ni de gourmandises mais des abstinences à profusion. Et en guise de dévotion absolue, comme par amour pour ce petit frère emmuré depuis sa naissance dans le silence, Maria suivra les pas du Christ à travers un chemin de croix ponctué de ces 14 stations : préambule à la crucifixion, à la résurrection de ce frère qui la déchire… 

Un beau film qui se décline presque intégralement en plans fixes lents en harmonie avec la rigidité mentale ambiante, comme pour mieux nous interpeller sur le dévoiement de la religion par les hommes prisonniers à la fois de leurs peurs, de leurs superstitions, de leurs contextes. Pétrie de bonne foi, la mère de Maria incarne à elle seule cette intolérance assassine responsable de tant de chaos. 

Quant à ce ciel gris terne qui clôture le film, il sonne comme un mauvais présage pour l’avenir que nous préparent ces "soldats" de tous bords qui n’en finissent pas de se mêler les pinceaux…