« La bien-pensance » dans le dico.

 Chaque année, le Robert ou le Larousse nous apportent leur lot de mots nouveaux souvent tirés du langage « djeuns » ou à la mode. Personnellement, ça ne m’émeut guère habituellement, mais le millésime 2013 contient un mot qui a le don de m’horripiler. Il s’agit du mot « bien-pensance ».

Qu’a-t-il de si énervant ce mot dont je donne une définition possible : « forme de pensée jugée conformiste, moraliste, en ce qu’elle adopte un point de vue, qui répète les valeurs présumées de l’ordre établi » ? 

Mais cette définition est en fait vide de sens et n’est devenue au fil du temps qu’un anathème.

Monsieur Copé en fait un usage régulier pour qualifier ses adversaires politiques. Les bien-pensants seraient des pourfendeurs de la liberté d’expression, qui empêchent de dire tout haut ce que chacun pense tout bas. Par exemple, tous les adversaires de l’islamophobie ou de l’homophobie sont des bien-pensants. C’est facile, « les bien-pensants, c’est les autres ! »  

Quand on pense que l’un des plus grands pourfendeurs de la bien-pensance, Robert Ménard, va se présenter aux élections soutenu par le front national, ça fait réfléchir. Pour la droite héritière de Sarkozy, c’est la gauche qui est bien-pensante. Je suis de gauche, suis-je bien-pensant … quand je considère la définition, je ne le pense pas. Pourtant, s’il s’agit de conformisme, il me semble que ceux qui ont défilé contre le « mariage pour tous » étaient bien du côté de l’intolérance que l’on prête aux bien-pensants. Pourtant les pourfendeurs de la bien-pensance se plaignent de ne pouvoir s’exprimer, les pauvres. Monsieur Copé a-t-il une seule fois été empêché de parler à la télévision, à la radio ou dans les journaux ? Eric Zemmour dont les propos ont plusieurs fois scandalisé peut toujours travailler même s’il a été plusieurs fois rappelé à l’ordre.

Finalement on peut se demander s’il est judicieux de faire entrer dans le dictionnaire un mot dont le sens est aussi mal défini.