Bagnolet et la folie des grandeurs d’un hôtel de ville à plus de 35 millions d’euros,

dans une ville sale aux trottoirs abandonnés des services municipaux.

 

Une vue de l’Hôtel de ville dans son contexte futur avec la mairie historique à droite et la place piétonne Salvador Allende.

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La mairie rattachée à l’Hôtel de ville par une passerelle avec à gauche la rénovation du centre ville et ses boutiques.

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La situation actuelle, on voit la passerelle de liaison avec la mairie.

 

Support Wikipedia Triste constat que je fais, en ce 30 novembre jour d’inauguration de l’Hôtel de ville de la démesure. Paquebot futuriste mais oh combien coûteux ! Bagnolet commune ouvrière avait-elle besoin de ce splendide ouvrage ? La nécessité de recentrer les services administratifs dans une même enceinte fut apparue dans les années 50, mais de là à concevoir pour une ville de 34. 167 habitants fin 2012, un tel Hôtel de ville tient de la folie des grandeurs. Je serais fier de ce qui est fait, si Bagnolet pouvait le payer, sans mettre la ville dans un surendettement abyssal. On peut comprendre la fierté du maire dans un beau et grand discours nous vantant le travail qui fut fait, mais aussi que ce projet ne fut soutenu que par la majorité communiste municipale unanime. Un hôtel de ville est la propriété de tous les habitants d’une commune, mais la commune de Bagnolet est communiste depuis 1928, c’est à dire une année avant ma naissance, c’est donc une continuité démocratique. Mes parents et moi n’ont connu que des maires communistes, ce qui leurs suffit pour se croire légitimes du bien communal. C’est la même chose que la droite française qui se croit seule légitime pour gouverner la France, un conservatisme de droite comme de gauche.

Il n’y a rien dire à cela, sinon l’écrire, et à mon sans démocratique il eut été préférable d’obtenir un vote unanime du conseil municipal. Peut être que la folie des grandeurs n’aurait pas été aussi grande, mais aussi que la dette aurait été moins accrue, car il va falloir la rembourser, ce qui sera très douloureux. Les 22, 5 millions prévus l’Hôtel de ville de 11. 200 m², atteignent plus de 35 millions ! Quand on met le doigt dans un tel engrenage, il vous rend le bras puis le reste.

Comme je disais à un ami, pour habiter Bagnolet dans le quartier pavillonnaire des petits propriétaires préservé de l’urbanisation il faut de bons revenus ou tout au moins une retraite encore suffisante pour payer ses impôts. Les impôts communaux sont plus lourds que ceux sur le revenu pour de nombreux habitants.

Payer ses impôts est démocratique, payer en fonction de ses revenus n’est que justice, mais payer en ayant une ville à l’abandon à cause de la construction d’un si bel paquebot n’est que de l’irrespect d’une gestion communale majoritaire envers ses administrés.

On peut comprendre la fierté des habitants de Bagnolet aux revenus modestes qui se trouvaient à cette inauguration devant cette construction qui est la première pierre s’inscrivant dans le renouveau du centre ville, mais aussi comprendre qu’une commune doit être entretenue. Qu’importe que les bagnoletais aient un lieu de gestion politique qui soit si beau s’ils doivent marcher sur des trottoirs jonchés de papiers, de bouteilles et autres déchets. C’est dur d’écrire cela mais Bagnolet paraît abandonnée pour de nombreux habitants lorsqu’ils se rendent compte que les trottoirs sont des poubelles. Une commune ouvrière doit être encore plus propre qu’une autre afin de montrer que cette classe sociale n’engendre pas l’abandon.

La gestion d’une commune c’est aussi de la sagesse surtout dans la période que nous subissons ou l’État doit faire face à de grandes difficultés de trésorerie et sociales. Cet aspect ne semble pas avoir été pris en compte, d’autant plus qu’il est question qu’il réduise encore sa participation aux collectivités territoriales. Le rôle d’un pouvoir politique est aussi de prévoir et de ne faire que si les conditions sont réunies. C’est loin d’être le cas comme nous le verrons sur les graphiques ci-dessous. Qu’importe donc si les impôts deviennent trop lourds on dira que c’est la faute du gouvernement, langage habituel d’une folie des grandeurs.

Cet Hôtel de ville est une œuvre remarquable de l’architecte Jean-Pierre Lott. Des courbes, des formes arrondies, des ellipses, formes harmonieuses qui donnent de l’imagination et montrent le souci de la recherche du bien être. Un hall d’accueil majestueux, lumineux tout de verre et tout de blanc d’une hauteur de six étages, à vous donner le vertige du haut du dernier couloir. Des étages immaculés de blanc pour la lumière et que l’on a peur de salir. Des terrasses exposées vers l’est ou le soleil se lève et qui dominent la ville. On est admiratif que Bagnolet soit honoré de tant d’imagination architecturale, mais on reste inquiet devant ce que sera sa gestion. Certes, elle doit être comparée à celle des bureaux administratifs précédents, c’est donc à voir. L’entretien d’un tel paquebot m’est apparu hors des possibilités de financement actuelles.

Les dépenses en énergie calorifique ne peuvent qu’être importantes même si, comme l’a annoncé le maire c’est la chaufferie communale qui est à contribution, masquant ainsi que ce sont les utilisateurs de ce chauffage urbain qui payent. Le verre, matériau noble, riche, lumineux apporte de la clarté mais il est aussi un mauvais isolant. L’électricité est captée au moyen de panneaux solaires sur le toit de l’édifice, que je n’ai pu visiter. L’aspect écologique est donc présent, mais il n’est pour le moment qu’une source d’appoint, coûteux en installation, et cher en entretien, dont la rentabilité reste à démontrer.

Un tel paquebot forme un tout, son coût d’abord, puis sa gestion et son entretien. La question est, était-il nécessaire qu’il soit de cette importance pour une ville de + de 34.000 habitants ? Montreuil fait 110.000 habitants et son hôtel de ville de construction classique répond à sa fonction. Il serait dommageable que pour raisons de trésoreries il se dégrade, ce qui est souvent le cas lorsque les moyens manquent.

Voyons les chiffres clés du budget de la ville de Bagnolet, ils ne sont connus que pour l’année 2012.

 

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Référence Journal du Net.

Analyse.

Première constatation, Bagnolet est une commune riche quand on compare le produit de fonctionnement par habitant à la moyenne nationale.

Les charges de fonctionnement sont déjà au niveau des produits de fonctionnement, le résultat comptable n’est positif que de 3, 748 millions d’euros, cela signifie que nous dépensions déjà trop. Dans ces charges de fonctionnement, la part de nos impôts n’est que de 22, 174 millions d’euros.

Les ressources d’investissement représentent les emprunts, subventions,…..ils constituent les recettes pour financer les investissements réalisés par la commune et à rembourser le capital des emprunts qu’elle a contractés.

Les emplois d’investissement se rapportent aux opérations en capital affectant le patrimoine communal, travaux d’équipement, acquisition de bâtiments, et le remboursement d’emprunts.

La capacité d’autofinancement c’est ce qui reste pour rembourser les emprunts et pour l’investissement. On voit que fin 2012 il ne restait que 5, 199 millions d’euros.

Le fond de roulement, de 18, 054 millions est ce que la commune se garde sous le coude, il constitue sa trésorerie. Il résulte de la différence entre les financements, dotations, subventions, emprunts, disponibles à plus d’un an et les immobilisations. Il mesure l’écart entre l’actif disponible et le passif exigible. C’est la caractéristique du risque de défaillance d’une commune. On peut penser que ce fond de roulement fin 2012 servit à financer le surcoût de 13 millions d’euros de la construction de l’Hôtel de ville. On peut également penser comme il ne reste quasiment plus de trésorerie, que le reste des obligations communales en souffrent.

Il faut attendre la publication des chiffres de l’année 2013 pour se faire une opinion sur le risque de défaillance de la ville de Bagnolet.

Quant à la dette elle était fin 2012 de 112, 095 millions d’euros, soit par habitant 604 euros, mais pas par famille ! Que sera-t-elle fin 2013 ? Ce que l’on peut déjà dire c’est qu’elle ne peut être que plus élevée. La ville de Bagnolet est trop endettée. L’évolution de la dette fut de 13 % au cours de l’année 2012 alors que la strate n’est que de 2 %. La strate est une définition comptable qui permet une comparaison financière par rapport à d’autres communes de même importance et de topologies fiscales équivalentes.

Évolution de la dette de Bagnolet.

 

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Sans commentaires. À décharge pour les communes dont celle de Bagnolet ce fut la suppression de la taxe professionnelle par le gouvernement Fillon en 2011 au profit du financement des entreprises. Cette perte ne fut pas intégralement compensée part la contribution économique territoriale au centime près. Les communes eurent donc à subir sans possibilités suffisantes d’adaptation cette perte de financement, ce qui fit que la commune de Bagnolet vit sur l’annuité 2011 sa dette passer de 6,897 millions d’euros à 16,754 millions d’euros. On comprend ainsi qu’il était extrêmement hasardeux d’engager la construction de ce bel Hôtel de ville.

L’autre point qui montre le masque fait par la majorité municipale sur nos impôts. Il concerne la pression fiscale, ce qui nous touche directement. Cette pression fiscale n’est de 54 % en 2012 pour une strate de 60 %. Cela signifie que cette majorité municipale n’a pas répercuté sur la population l’endettement de la ville. Dans un but électoral probablement, sachant qu’une fois réélue les impôts ne peuvent qu’augmenter. On ne peut continuer avec une dette qui suit une pente moyenne et positive de + 9 millions d’euros par année. On ne voit pas comment elle peut être réduite autrement que part des coupes sombres et des impôts !

Les trottoirs sont des poubelles comme le montre les photos que j’ai prises autour de mon domicile, elles montrent l’abandon des services municipaux sur la propreté de la ville.

 

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Ce qui est insupportable ce sont ces herbes qui poussent le long des habitations, autour des arbres, et les papiers, bouteilles, qui ne sont pas ramassés avec des trottoirs que très très rarement balayés, pour ne pas dire jamais. La nuit les rats dansent.

 

Bagnolet était une petite commune ouvrière pleine de charme lorsque mes parents y sont venus il y a plus de 84 ans !

 

Bagnolet de balnoleum signifiait bains. Le territoire était connu par son château construit au XVIIème siècle pour Marie de Bourbon-Condé, 1606-1692, princesse de Carignan. À la mort de celle-ci, le domaine fut acquis par le fermier général François Le Juge, qui le revendit en 1719 au duc d’Orléans, alors Régent de France. La duchesse d’Orléans, 1677-1749, fille légitimée de Louis XIV et de la marquise de Montespan, en fit sa résidence favorite. Le château fut détruit au XIXème siècle. Un peu d’histoire fait du bien, elle replace la commune dans ce qu’elle fut avant ce qu’elle est devenue abandonnée des services municipaux.

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