Que ne renierait pas la Turquie prête à tout pour retrouver un brin du prestige du temps de la sublime porte allant jusqu’à ramper pour intégrer l’Europe laquelle s’est avérée fermement hostile à ce type d‘ouverture. Sans le moindre scrupule après avoir servi de base arrière lors des opérations sauvages entreprises en Libye, après avoir bradé ses vieilles alliances avec la Syrie, l’Iran, après avoir à la fois participé et cautionné tant de crimes en ce printemps arabe, s’employant à coopérer laborieusement avec l’OTAN, la Turquie d‘Erdogan se retrouve isolée.
Tout cet activisme contre productif n’a quand même pas réussi à empêcher l’adoption par l’Assemblée de la proposition de loi pénalisant d’un an de prison, de 45000 euros d’amendes la négation de tout génocide reconnu par la loi, comme l’est en France depuis 2001 le génocide arménien.
Perpétré entre 1915 et 1917 dans l’Anatolie ottomane, l’appellation de génocide offusque Ankara qui reconnait à son corps défendant un certain nombre minoré de victimes arméniennes mises sur le compte du chaos consécutif à l’agonie de l’Homme malade, objet de convoitise avant dépècement. Et de récuser toute volonté délibérée d’extermination des Arméniens, même si ces derniers étaient considérés par les ottomans comme un redoutable cheval de Troie.
Ankara a beau s’insurger contre de telles mesures injustes, menaçant de ses foudres en suspendant ses relations politiques, économiques, militaires, rien n’y fait et la France persiste et signe. De plus, elle estime illégal les mesures discriminatoires infligées aux sociétés française par la Turquie, laquelle est membre de l’Organisation mondiale du commerce ayant donc souscrit à un accord de libre échange avec l’Union européenne.
Sans la moindre intention de dénigrer les souffrances vécues par ce peuple comme par tant d‘autres d‘ailleurs, n’est-il quand même pas surprenant de nous promulguer des lois mémorielles assorties de recours aux menaces à l’heure où, sous nos yeux, se déroulent d’interminables interventions sanglantes sous noble bannière et qui ressemblent à s‘y méprendre à celles critiquées ?
D’ailleurs peut-on être juge et partie en s’autoproclamant détenteur d’une éthique irréprochable avec pour haute mission de museler ses détracteurs jusqu’à les convertir de force à la pensée unique tout en les spoliant de leur liberté d‘expression ?
Quant à la Turquie d’Erdogan éprise d’hégémonie, à force de manger à tant de râteliers, le retour de bâton ne pouvait qu‘être inéluctable. Aujourd’hui, complètement dépassée par ces bouleversements inattendus mettant en grand péril ses projets, elle promet de passer à la vitesse supérieure lors de l’adoption de cette loi par le Sénat et ne rechigne pas à s’en prendre à des sites français dont celui du Sénat, celui de Valérie Boyer auteur de cette fameuse proposition qui suscite tant de remous.
Bien curieux ces donneurs de leçons en effet, et si seulement " le chameau voyait sa bosse, il se briserait la tête et en mourrait" selon un proverbe arabe.