Somalie : Quand l’aide humanitaire devient un objectif militaire

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Six personnes, parmi lesquelles quatre collaborateurs de l'ONG française Actions contre la faim, ont été séquestrées en Somalie alors qu'elles se rendaient au petit aéroport de Dhusha Maren, à environ 350 km au nord de Mogadiscio.

Deux des collaborateurs sont de nationalité française, un est Belge et un autre Bulgare. Les deux pilotes qui ont été enlevés avec eux sont kényans.

Selon les premières informations, les hommes seraient tombés dans une embuscade alors qu'ils se rendaient à l'aéroport dans un convoi affrété par la Commission européenne dans le cadre d'un programme d'aide humanitaire.

D'après les autorités locales, les preneurs d'otages seraient des membres d'Al Shabaab, un groupe suspecté d'être le bras armé d'Al-Qaeda en Somalie.

Ces derniers mois, les enlèvements de collaborateurs internationaux ou somaliens sont de plus en plus fréquents, les rebelles islamiques voulant bloquer par la terreur la distribution des aides humanitaires afin de pouvoir les administrer eux-mêmes selon leurs propres critères.

Cette attaque est un dur revers pour l'aide internationale, puisqu'on espérait précisément aujourd'hui la déclaration d'un cessez-le-feu en Somalie. 

L'ONU se voit contrainte de fermer un à un tous les aéroports à partir desquels elle opérait dans le centre et l'ouest du pays pour se replier dans le nord du Kenya voisin.

Cette agression contre des véhicules qui avaient été mis à la disposition de l'Union européenne pourrait forcer les gouvernements à suspendre les vols et à différer les aides humanitaires.

Ce serait bien entendu une catastrophe, car la Somalie se refermerait sur elle-même et les populations civiles seraient obligées de continuer à vivre dans cet enfer quotidien sans plus d'espoir de salut.

Bien sûr, il est probable que les populations aient déjà perdu tout espoir puisque les violences ayant entraîné une famine endémique font rage dans ces contrées depuis la fin des années 70. Il est à noter que depuis la chute du dictateur Siad Barre en 1991, la Somalie n'a plus de gouvernement central, et c'est ce qui avait poussé les Nations unies à intervenir dès 1992. C'est à la fin de cette année-là que les États-Unis, sous mandat de l'ONU, avaient lancé la première opération faite au nom du droit international d'ingérence humanitaire, l'opération "Restore Hope" (rendre l'espoir).

Cette opération tournera à la guérilla urbaine et à l'échec total. Les Américains retireront leurs forces de Somalie en octobre 1993, et l'ONU enlèvera ses casques bleus en 1995. Les Américains auront perdu une vingtaine d'hommes, et l'ONU plus de 150.

Depuis octobre 2004, un gouvernement de transition essaie d'instaurer la paix dans le pays, mais tous ses efforts semblent voués à l'échelle.

Durant combien de temps devrons-nous encore assister à l'autodestruction de cette nation, sans rien pouvoir faire ? Puisque l'option militaire n'a pas fonctionné, ne pourrait-on faire cesser les combats en faisant enfin respecter l'embargo, voté en 2003, sur les ventes d'armes et de munitions à la Somalie ? Y a-t-il une véritable volonté politique et internationale de faire stopper le carnage, ou bien les grandes puissances préfèrent-elles d'abord s'occuper de la crise financière avant de jeter un oeil condescendant vers ce pays trop pauvre et sans ressource ?

4 réflexions sur « Somalie : Quand l’aide humanitaire devient un objectif militaire »

  1. La Somalie
    J’aime bien la phrase combien de temps devons nous encore assister a l’autodestruction de cette nation,vous vouler quoi que l’ONU envoie des troupes que
    l’on déclare le devoir d’ingérence comme en Yougoslavie ?ont a tous vue les résultats
    il est claire que dans ce pays que ce soit par mer ou sur terre « ont cherche » qui et quoi ?Les ONG ne sont pas bien venue parce que il y a des choses a cacher ! 🙁

  2. [img]http://www.blogoutils.com/images/a1.gif[/img] Et voilà, au nom de l’Islamisation de la Somalie, on laisse mourrir de faim la population!!

    C’est tout de même terrible, d’affamer un peuple au nom de Dieu!!

    Laury, semble penser que les ONG, auraient un autre rôle que celui de venir en aide à des populations à qui il manque l’essentiel ?

    J’ai peut-être mal compris….
    Espionnage ???
    L’embargo sur les armes ?

    Oui, partout où les guerres fratricides sont monnaies courantes, mais….l’industrie de l’armement, emploie combien de personnes dans le Monde ????

    Insoluble, ces problèmes, où l’être humain est l’enjeu de tant de souffrances!!

    Très bel article, ou l’émotion éprouvée par l’auteur est à fleur de « mots »

    Bravo Le Candide, Laury, ne s’est pas trompé, en venant sur vos articles, lui aussi a du ressentir cette même émotion!
    SOPHY

  3. [i] »Durant combien de temps devrons-nous encore assister à l’autodestruction de cette nation, sans rien pouvoir faire ? « [/i]: on est loin d’avoir résolu le dilemme entre interventionnisme armé à vocation humanitaire et respect de la souveraineté au nom du culturalisme…quant à la voie intermédiaire, je crois qu’elle ne sera pas formulée avant longtemps! Toutefois, je ressens un certain malaise, en tant qu’Homme, à l’idée de laisser disparaître dans des conditions épouvantables d’autres Hommes pour des motifs pas toujours très clairs!…Il y a ici matière à réflexion!!!!

  4. Attaques en Somalie
    Le problème est beaucoup plus complexe qu’on ne peut imaginer, nous européen ! Il y a une chose que personne ne peut admettre : l’attaque de bateau contre rançon ; en aucun moment de l’histoire, ce raisonnement a été gagnant et je suis de cet avis. Ils ont du mal, c’est vrai mais il y a d’autres pistes pour se consoler (MSF, ISF,ONG,…) Il ne faut pas croire que l’argent coule à flot en europe… et une redistribution de leur richesses naturelles (et politiques) aiderait beaucoup cette population. Que leurs responsables politiques se regardent droit en face de leur miroir… et les choses changeront !

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