Sarko bashing : le dernier Charly Duchêne

Or donc Charles « Charly » Duchêne présentera son On n’a plus besoin d’un plus petit que soi au salon du livre de Paris 2012 (stand E96, BTF-Concept), ainsi que ses quatre opus précédents de Sarko bashing. C’est de nouveau illustré par Delambre, et comme c’est assez rapide à lire, je vous le présente « au fil de l’eau » (de la mare aux canetons).

D’ac’, je lis vite, très vite, même en ayant oublié tout des méthodes de lecture rapide, mais c’est la force de l’habitude, et les 230 pages d’On n’a plus besoin d’un plus petit que soine devraient pas me résister longtemps. Pas besoin de le lire d’ailleurs pour vous qualifier le style de l’auteur, fréquenté d’assez longe date : mordant, jamais trop acide, pas trop verbeux, mais abondant en images qui font mouche, en formules à replacer au bar du Commerce. Surtout, documenté, pas trop fouillé, mais argumenté en puisant aux meilleures sources. Quand même, dès les premières pages, le Charly (Charles Duchêne) a encore réussi à me surprendre.

Oh, Charly, voilà que tu appelles à voter Sarkozy ? Quel reniement. Ah, d’accord, au motif qu’on pourrait le laisser enfermé à l’Élysée, dépourvu de majorité à l’Assemblée, et nous coûtant finalement moins cher en pension, chauffeurs et plantes vertes que Valéry Giscard ou Jacques Chirac. Tu te trompes, Charly, 75 000 euros l’an, un Sarkozy trompant son ennui reviendra à beaucoup plus cher. « Nous approcherions les cinq millions annuels si nous devions entretenir trois présidents en retraite, » calcules-tu. Un Sarkozy enchaînant les voyages lointain et invitant ses potes à La Lanterne sera beaucoup plus dispendieux, y songes-tu ?

Et puis, vidé de l’Élysée, ce sera plus facile de lui organiser une retraite aux flambeaux.

Or donc, toi aussi, tu as songé à t’installer en Belgique ? J’y ai pensé, j’opterais plutôt pour la Grèce, délestée par ses plus riches concitoyens de 200 milliards d’euros mis au chaud des paradis fiscaux (ce qui te fais imaginer que, à ratio de population égale, ce doit être 1 200 milliards d’euros pour la France, inclus ceux de la quarantaine de personnages que tu énumères, réfugiés en Suisse).

Déjà partis

Bien sûr que, sous le ministère Woerth, tous ces gens sont déjà partis en exil aménagé. Voter pour Mélenchon en ferait partir combien ? Quelques douzaines de pire ? Copé, par exemple ? Qui pourrait de loin « tout mettre sur le compte de la crise et des autres » avant d’opérer son retour ? Ils osent tout, mais la « lobosodomisation » permanente le leur permet. Les « mous du cerveau » sont toujours plus nombreux que ceux qui, comme nous, en sont venus à détester le foot. Car gagner en huit jours ce qu’un smicard échappant au chômage dépense quasi intégralement en presque 42 ans, cela fait réfléchir. Un Air Sarko One, 375 vies de smicards.

On voit qu’il aurait pu faire Lille (ESJ, journalisme), le Charly. C’est beau, cette formule de non-juché « sur un cap raciste à régler des problèmes de tout à l’ego ».

Tu voudrais plutôt allouer dix fois plus de points de permis à ceux qui font dix fois plus de route que la moyenne. Pas stupide, mais moins juteux pour sauver Dexia. Il est un peu demeuré, le Sarko. Ceux qui seraient morts sur les routes n’auraient pas voté pour lui, mais au moins pas contre lui…

Tu penses toujours que Mélenchon ne pouvant dépasser Hollande, et que le faire malgré tout passer lui vaudrait une courte majorité UMP-FN réconciliés. Alors qu’on peut voter PCF ou Parti de Gauche ou Verts aux suivantes.
Là, nous sommes d’accord, mais il serait pourtant bon que le Mélenchon ne se ramasse pas tout à fait, non ? On s’en reparlera sous Sarko II ou Hollande I, devant un Picon bière.

Je vous fais remarquer que je tutoie Charly qui ne voussoie point ses lectrices et lecteurs. Bon, c’est vrai qu’à courir les salons du livre de Trifouillis à Landernau, il a fini par en connaître la plupart.
Car aller chercher un BTF-Concept au supermarché, pour voir… (ou le Jef Tombeur, d’ailleurs… mais, là, c’est normal, il est épuisé).

Il est vrai que montrer que la Grèce est un laboratoire dont les formules seront appliquées à la France de Sarko II, c’est se classer dans les auteurs pour colporteurs en vélo d’almanachs Vermot (s’il en reste).

Je trouve que la CGT et l’Unsa pompiers, éboueurs et postiers devraient être tes distributeurs privilégiés aux alentours de la Noëlle.

Cela rendrait les voisins un peu moins revêches et bas du front.

Ce qu’il y a de bien aussi chez Charly, c’est qu’il n’est pas sectaire ; ainsi, il salue autant, chapeau bas, les sénateurs centristes François Zochetto et Jean Artuis que la sénatrice PS Nicole Bricq pour avoir refusé la prime annuelle de trois Smic que le Sénat s’octroyait par 345 voix.

Je te tiens, tu me tiens…

Converser avec Charly, c’est prendre le risque de se prendre plus d’une tapette au jeu de la barbichette. Je vois que je t’ai fait rire et que tu m’as lu lorsque tu reprends (je l’avais trouvé avant d’autres dans la presse britannique) que Cameron se contentait d’une chambre à 2 000 euros à Cannes quand Sarkozy, qui pouvait loger à la préfecture, lui, claquait 37 000 euros la nuitée (40 mois de salaire de beaucoup).

En bon ex-gestionnaire et chef d’entreprise que tu restes, tu proposes des mesures très concrètes qu’un Bayrou un peu plus honnête pourrait reprendre à son compte pour désendetter la France. Mais comme lui aussi serait bien capable, en pleine austérité, de louer 750 000 euros deux pandas… soit 7,5 millions d’euros en dix ans, il ne va pas te nommer, si élu, secrétaire d’État aux Finances ET au Budget ET à l’Industrie ET au commerce extérieur (laissant au Premier ministre de te superviser directement, toi et un autre secrétaire à l’Artisanat, poste crucial pour l’emploi, sans toucher un rond de mieux).

Je sais, c’est une idée à moi, pas déjà à toi, mais elle fait subodorer le type de mesures que tu préconises. Irrecevables, forcément irrecevables par les Bayrou, Hollande, pas forcément par une Joly ou un Mélenchon. Lesquels hésiteront, bien sûr.

Un ministre, x secrétaires d’État, c’est autant de missi dominici en province, en représentations, ce qui constitue l’essentiel de leurs emplois du temps. On pourrait en rire. Moins quand on voit leurs budgets ministériels et ce qu’ils bouffent pour leur propre promotion.

On page One O’ One

J’en suis déjà page 101 et je ne me suis pas ennuyé un seul instant. J’ai même découvert des trucs qui m’ont échappé en scrutant la presse tous les jours, voire jours et nuits. Comme je veux en laisser à tes acheteurs, souffrez que je les élude. Sur cette page, pourquoi donc utiliser « frange » (pour les cliques de droite) et non « fange » ? Merci de corriger lors de la réédition.

Tu donnes plein de noms, mais plus celui d’Estrosi, dit le failli de Kawasaki (cherchez via Google). Ce n’est pas incongru de relever que le si long accouchement de Carla Bruni visait aussi à éclipser un peu les primaires socialistes. Au fond, tu t’en fous, mais pas tant que cela. Huit fois plus long que la mise bas de la Rachida ! Pour une simple Alfa Roméo ! Bon, Bayrou, celui de l’achat français, se trimballe en Audi.

Charly, qui faisait dans la moto, est très observateur du secteur de l’automobile, et il vous démonte le raisonnement de PSA, licenciant en deux coups de gouge dégraisseuse, au démonte pneu Continental.

Et il roule en quoi, le patron de La Calèche à Englos (cantine de la galerie commerciale de l’Auchan), en tilbury ? J’aime bien caser une référence à l’avant-port des brumes, cela vaut évocation à la Cendrars, et me permet une transition. Même à 19,6 % de TVA, j’imagine qu’il proposait déjà le menu enfant gratuit. Comment peut-il se le permettre, avec des prix convenables pour Charly, et pas d’autres ? Philippe et Élisabeth (son épouse) sont, à Englos, partie du panel charlyesque qui vaut bien celui de nombre d’instituts de sondages. Beaucoup moins chers à contenter que les sondeurs de l’Élysée.

Dans son échantillon, il a aussi les patrons (clients) du repas de chantier de la CGT de Mitry-Mory (dix euros) à la fête de L’Humanité. Avec vin du Gard à volonté. Très mauvaise adresse, Le Logis de Mazerolles, près de Montmorillon. C’est la France qui ne se lève pas trop tôt. Tout comme La Mercerie cour des hôtes à Obernai. Qui facture cher, car le démantèlement de la Concurrence et des prix l’a permis. Charly parcourt la route 101 aussi (entre Mallefougasse et Saint-Julien), mais comme il n’a pas de sondés dans le coin, il ne vous en parlera pas. Mais c’est sûr qu’il connait autrement la France qu’un Sarkozy serrant rapidement des mains, et dans ses livres, c’est non seulement à vous, dans votre individualité, mais de vous, surtout, qu’il disserte avec verve.

Kadhafi et le chômage

Vous ne voyez pas le rapport, c’est normal. Qui a relevé que Sarkozy prédit aux salariés de France ce qu’il a infligé à leurs homologues libyens ? Qui remarque aussi que le licenciement d’un retraité le vendredi soir fait à présent une embauche chez le même employeur le lundi matin ? Le Charly ! Autant virer des quinquas coûtant cher et en reprendre d’autres, moins gourmands, tout autant formés et performants (si possible d’un concurrent complaisant ?). Charly en connait au moins un exemple.

Mais pas question d’embaucher un chômeur de 57 ans, resté au tas quatre ans, alors qu’avec les heures sup’ et les autres retraités, il n’y à qu’à jeter l’épuisette au Pôle Emploi. Il restera, lui, pour se faire le Smic à la retraite, à votre et notre charge jusqu’en 2017.

Oh, à environ 470 euros du mois seulement. Allez vivre avec cela. Et Charly fait le calcul, c’est 24 000 euros qu’on ne lui versera pas.

Sarko moralise ? Il a décoré ceux dont il proclame vouloir limiter les rémunérations. La liste est longue.

Charly, tu enchaînes par un lexique à la Sarko qui évoque les chats de Siné et cette formule définitive, « rien n’est bon dans le sarkochon ». Chapitre détente. Avec d’appuyer de nouveau sur l’autre, sur le SAAArkozy, « essence de la note d’andouille. ». Le président mère maquerelle (protecteur), qui nous envoie chez Aldi, Noz, Ed et Lidl avant de nous destiner aux restos du cœur (pour celles et ceux n’y étant pas déjà voués), a quand même pris une mesure contre le chômage. Elle est annoncée en millions d’euros, ne concernera que 12 820 jeunes, et encore, il s’arrangera pour que la ligne budgétaire ne soit pas bouffée entièrement par les TPE ou les petites PME. Gageons que les grosses boîtes sauront créer des filiales pour profiter de l’aubaine.

Le haut président Obama (22 cm de plus que Sarko) n’a sans doute pas réalisé tout ce qui pouvait être attendu de lui. Mais au moins n’a-t-il pas aggravé ce que deux mandats de Bush ont infligé.

Pense à ta tata nona

Tu aurais pu finir par une adresse, Charly, aux papys-mamys : ne donnez pas une chance à un nouveau quinquennat qui sera forcément marqué encore plus fort par la délinquance de nécessité des seniors. Vous craignez les djeuns ? Vous risquez de voir ce que vous pourriez voir…

Sarko aura dégoûté beaucoup de monde de voter, vous, vous allez prendre l’air des urnes. Si vous pouvez consentir 5 000 euros mensuels à une maison de retraite, votez donc Sarkozy. En dessous, prévoyez l’hospice. Vos enfants ne pourront plus vous aider, si vous en avez.

Ce serait une bonne manière de clore ta pentalogie visant à nous éviter une décalogie. Mais ta chute n’est pas mal du tout non plus ; je ne vais pas te la pomper, car j’espère bien qu’il y aura assez de gens, soucieux de la découvrir, pour consacrer 20 euros à deux tes ouvrages, l’un à lire et conserver, l’autre à abandonner à qui le lira gratis en le trouvant sur un banc ou un siège de RER.

C’est l’une des meilleures tac-tac-tactiques sarkostiques. Tu aurais fait un bon gendarme, Charly, de ceux qui se refusent à sanctionner à 91 km/h sur des départementales, la 101 ou d’autres…

P.-S. → En forme d’aparté : tu as eu droit, Charly, de mention dans le Marianne de samedi dernier. Comme quoi, je te l’avais bien dit, la Marianne est plus sympa avec le caneton que papa Canard, soit dit au bord de la mare déchaînée. Il paraît qu’un Népalais serait le plus petit homme vivant au monde. On pourrait en avoir davantage besoin que d’un destiné palais de l’Élysée (si tu trouves le contrepet, tu es fort, je ne l’ai pas vu passer).