Room, film de Lenny Abrahamson

 "Room"isolé sans déterminant, sans adjectif, est un film inspiré de faits réels qui retrace le calvaire d’une femme prise en otage par un inconnu. Une adolescente à vélo, Joy,(BrieLarson), qui se fait accoster par un inconnu et c’est le début d’une infernale descente aux enfers au sens propre du terme ! Séquestration des années durant dans un taudis insalubre sans la moindre ouverture avec juste un petit velux au plafond. 

Malgré la force de caractère de Joy, pas moyen de résister à son bourreau qui l’a engrossée. Avec un enfant à charge, Jack, (Jacob Tremblay), l’otage n’a pas le droit de perdre une miette de son énergie à se morfondre sur sa détresse. Par instinct de survie, il ne lui reste qu’à mobiliser toutes ses ressources surtout celles insoupçonnées pour trouver des accomodements dans l’intérêt principal de l’enfant.  Penser des stratégies d’évasion, en repenser d’autres en cas d’échec et les mettre à exécution après maturation. C’est que mise à profit, l’énergie du désespoir d’une mère peut faire des miracles comme une multiplication non de pains mais d’idées pour faire avancer le schmilblick, tremplin vers le salut !

Un film déchirant qui réunit tous les ingrédients nécessaires pour garantir au spectateur une immersion sans faille, responsable toutefois d’une incontrôlable stimulation des glandes lacrymales. Une excellente interprétation de la mère, Brie Larson, ce qui d’ailleurs lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice. L’enfant n’a pas démérité bien au contraire, son talent est hors norme. L’ambiance de ce huis clos est si bien filmé surtout à travers les yeux innocents de Jack, la bande son, les dialogues, la sobriété, la finesse, la justesse… Et cette succession de gros plans sur les visages de ce couple en totale symbiose dont l’expression peut aller d’un instant à l’autre de la gaïeté à la démence. Une prouesse. 

Mais alors qu’on avait presque saisi l’insaisissable du film, Lenny Abrahamson avait-il besoin de nous rajouter une couche en seconde partie du film pour braquer le projecteur sur les difficultés d’insertion, de réinsertion après un traumatisme de cette ampleur où s’entrechoquent efforts de construction et de déconstructions. Pas si sûr, d’ailleurs autant on est bouleversé en début de film de voir l’enfant saluer les "objets" inanimés qui l’entourent, autant on a besoin d’air quand il leur fait ses adieux. Et dire que ce drame insoutenable ne peut être qu’une forme édulcorée par rapport à celui qu’a subi  Elisabeth pendant 24 ans grâce aux soins du monstre paternel  Fritzel…

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