Renaud : « Amoureux de Paname »

La discographie de Renaud est riche de treize albums studio. Treize albums qui ont parcouru la vie du chanteur en même temps que le mienne.

Des albums qui ont évolué en même temps que l’homme, du gamin de Paris au père de famille, jusqu’aux déboires qu’il connaît à l’heure actuelle.

Retour sur le premier album studio du chanteur pas encore énervant.

Son premier album studio, Renaud le sort en 1975 sous le nom « Amoureux de Paname ». Il a 23 ans. Le titre de l’album est révélateur de ce qu’il est à l’époque : un titi Parisien. Beaucoup de ses chansons sont en effet imprégnées de l’univers de la ville.

On peut citer par exemple « Ecoutez moi les Gavroches », au titre si explicite, chanson dans laquelle le chanteur s’adresse directement aux gamins de sa ville. « La Coupole » est également un exemple dans lequel toute l’atmosphère de la capitale est bel et bien présente. Il en va de même pour « Petite fille des sombres rues » et « Gueule d’aminche ». Mais sa véritable déclaration d’amour à sa ville se trouve bien évidemment dans le titre « Amoureux de Paname » dans lequel il fait l’éloge de Paris : « moi j’suis amoureux de Paname, du béton et du macadam ». Une vraie déclaration de la part d’un vrai titi Parisien.

Si Paris est un thème prédominant dans ce premier opus, d’autres sont bel et bien présents tout au long de l’album.

Son côté rebelle et anarchiste explose dans « Société tu m’auras pas » : « mais en attendant je chante et je te crache à la gueule cette petite chanson méchante que t’écoutes dans ton fauteuil ». Le ton est donné. « J’ai chanté dix fois cent fois, j’ai hurlé pendant des mois, j’ai crié sur tous les toits ce que je pensais de toi…société, société, tu m’auras pas. ». Les idées sont claires, tranchées, arrêtées. Il n’en démordra pas avant longtemps.

Son côté populaire, son rejet de la classe bourgeoise, est manifeste dans « Camarade Bourgeois ».

Mais son plus grand pamphlet, sans doute inégalé à ce jour, reste « Hexagone ». Il décline dans cette chanson les douze mois de l’année au gré d’évènements divers en proposant une critique acerbe de la société. Une société figée dans laquelle les Français, juge-t-il, évoluent par habitudes voire par bêtise :

« passent les jours et les semaines, y’a qu’le décor qui évolue, la mentalité est la même, tous des tocards tous des faux culs ». « La France est un pays de flics, à tous les coins d’rue y’en a cent, pour faire régner l’ordre public, ils assassinent impunément ». « ils crient, ils pleurent et ils s’indignent de cette immonde mise à mort, mais ils oublient qu’là guillotine chez nous aussi fonctionne encore ». « les vieux principes du seizième siècle et les vieilles traditions débiles, ils ls appliquent tous à le lettre, ils m’font pitié ces imbéciles ». « j’me souviens surtout d’ces moutons, effrayés par la liberté, s’e allant voter par million pour l’ordre et la sécurité ». « ils oublient qu’à l’abri des bombes, les Français criaient Vive Pétain, qu’ils étaient bien planqués à Londres, qu’y avait pas beaucoup d’Jean Moulin ». « ils font la fête au mois d’juillet en souvenir d’une Révolution qui n’a jamais éliminé la misère et l’exploitation ». « en Espagne, en Grèce ou en France, ils vont polluer toutes les plages et par leur unique présence abîmer tous les paysages ». « un ambassadeur se ramène, bras ouverts ils est accueilli, le fascisme c’est la gangrène à Santiago comme à Paris ». « ils exportent le sang de la terre un peu partout à l’étranger, leur pinard et leur camembert c’est leur seule gloire à ces tarés ». « la bagnole, la télé, l’tiercé, c’est l’opium du peuple de France, lui supprimer c’est le tuer, c’est une drogue à accoutumance ». « moi j’voudrais tous les voir crever étouffés de dinde aux marrons ». « être né sous l’signe de l’Hexagone, on peut pas dire qu’ce soit bandant. Si l’roi des cons perdait son trône….y’aurait 50 millions de prétendants ».

Mois par mois, Renaud égratigne ses compatriotes, le pouvoir politique et la France toute entière. Le ton est cynique et provoquant à l’extrême.

Ce album, s’il n’atteindra pas des sommets pour ce qui concerne les ventes, aura au moins le mérite de donner le ton. Le ton du discours, le ton des idées, le ton du chanteur.   

 

 

 

 

 

 

 

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