Réhabilitation en Suisse, suite à un procès en sorcellerie de 225 ans

Anna Göldi est morte à l’âge de 48 ans, en Suisse, décapitée le 13 juin 1782 à Glaris, il y a 225 ans, sous l’accusation de sorcellerie, ou plutôt d’empoisonnement puisqu’à cette époque le crime dont elle était accusée était déjà si suranné, qu’il a fallu trouver un autre terme. Elle a été réhabilité par le parlement glaronnais ce mercredi, à l’issue d’un débat. Décrite comme la dernière sorcière d’Europe a avoir été condamnée, elle ne serait que l’avant dernière, puisque deux polonaises auraient été brûlées par la suite en 1793. Issue d’une famille pauvre, elle était mère de trois enfants, dont le deuxième mourut juste après la naissance, après quoi elle devint servante dans la famille d’un médecin. Parmi les cinq filles de son nouveau patron, dont elle s’occupait, l’une mourut à l’âge de huit ans. La petite Anne-Miggeli était devenue malade, juste après le renvoi de la servante, et aux dires des témoins, semblait comme possédée, et souffrait de convulsions et de fièvre. Une rumeur disait à l’occasion de la mort de cette enfant, qu’avaient été retrouvés dans son bol de lait des aiguilles, ainsi que dans le pain et dans le bol d’une de ses soeurs, puis elle aurait recraché, toujours selon la rumeur, des aiguilles, parmi le sang, et en aurait recraché chaque jour jusqu’à la fin.

Torturée pour obtenir des aveux de sa relation avec le diable, afin de corroborer l’accusation de magie noire, puis jugée, initialement pour sorcellerie, ce qui aurait normalement dû lui valoir le bûcher, châtiment traditionnel des sorcières, Anna Göldi sera décapitée pour empoisonnement après que des dossiers aient été détruits, l’accusation de sorcellerie étant dépassée pour l’époque. Dans un livre enquête, un journaliste glaronais, Walter Hauser, évoque la vie d’Anna Göldi sous le titre , «Der Justizmord an Anna Göldi» («Anna Göldi assassinée par la justice»), avec documents à l’appui, parfois inédits: pour lui le conseil évangélique n’avait aucune compétence pour juger la servante. Toute l’Europe s’était émue de ce procès en sorcellerie, ce qui peut expliquer que la peine ait été commuée de sorcellerie à empoisonnement. Son livre est devenu contre toute attente un véritable « best seller » chez nos voisins suisses, ce qui s’explique selon l’auteur par « le mélange de mysticisme, de suspense, de sexe et de crime – qui plus est dans les hautes sphères de la société, qui composait l’affaire ». C’est à l’initiative de ce journaliste que le recours a été déposé devant le parlement de ce canton. Le conseil d’Etat et l’Église réformée, initialement à l’origine de la condamnation, et désireux de laisser tout cela au passé, se sont opposés à cette réhabilitation, qui a tout de même été votée par 37 voix contre 29. Entre 50000 et 100000 personnes ont été brûlées vive en Europe pour sorcellerie, entre le XVème et le XVIIème siècle, il s’agissait de femmes pour 95% d’entre elles. Un avis de recherche avait été lancé après la servante, il est retraduit dans wikipédia (traduction libre d’un dialecte difficile): Le méritant État glaronais, de confession évangélique, offre par la présente, pour la découverte d’Anna Göldin décrite plus loin, une récompense de cent couronnes; de même est demandé aux hautes et plus hautes autorités et à leurs représentants officiels, de procurer toute l’aide possible à la capture de cette personne; ajoutons qu’elle a commis l’acte incroyable, d’apporter une quantité d’épingles et autres choses par des moyens secrets et presque incompréhensibles contre une petite fille innocente de huit ans. Anna Göldin, de la commune de Sennwald, appartenant au district de Haute-Saxe et Forstegg, dans la région zurichoise, environ 40 ans, stature large et grande, à l’allure épanouie et rougie, des cheveux et des sourcils noirs, avec des yeux gris un peu malsains, qui sont d’habitude passablement rougis, son apparence est négligée, et elle parle dans son dialecte sennwaldois, porte une jupe moyennement colorée, un haut de corps bleu avec des rayures, en dessous un corset bleu, une veste damassée et grise, des bas blancs, un bonnet noir, en dessous une coiffe blanche et elle porte un foulard en soie noir. Date, le 25 janvier 1782 La chancellerie de Glaris, de confession évangélique