Référendum sur le chômage : quels emplois pour Sarkozy ?

Il avait coûté combien le dernier référendum sur le Traité constitutionnel européen, en 2005, dont il n’avait été tenu aucun compte du résultat ? Trois euros par électeur inscrit… en 2005. Pour celui envisagé sur les chômeurs par Nicolas Sarkozy, ce sera combien pour, à présent, 43,2 million d’inscrits ? Une solution peut-être : réduire le vote aux seuls chômeurs inscrits sur les listes électorales. Non inscrits s’abstenir : on décidera pour vous…

Réserver aux seuls chômeurs inscrits sur les listes électorales la participation au référendum sur leur sort envisagée par Nicolas Sarkozy aurait de multiples avantages. Tout d’abord, ce pourrait être organisé un jour ouvrable, réduisant d’autant le coût des heures supplémentaires des personnels, et la rétribution des vacataires chômeurs étrangers (ne votant pas) préposés à la surveillance des isoloirs. Ensuite, on pourrait  radier massivement celles et ceux ne s’étant pas déplacés. Voire infliger des amendes aux parents, médecins, voisins, et autres, qui auraient consenti d’abusifs « mots d’excuse » aux chômeurs récalcitrants.

Il s’agirait pour les votants de décider s’ils peuvent refuser un emploi sans motif légitime ou une formation, quelle qu’elle soit, sans ou avec risque de se retrouver radiés du Pôle-Emploi. J’en envisage un, d’emploi : me rétribuer pour faire campagne pour le « non ». S’il l’emportait, peut-être se verrait-on moins proposer des emplois totalement inadaptés, des formations absolument bidon (qu’il faut d’ailleurs trouver les moyens de financer la plupart du temps). D’un autre côté, j’hésite. Peut-être pourrais-je bénéficier d’une formation accélérée à l’edo, la langue vernaculaire du Nigéria. Je viens de recevoir une offre pour un emploi, à dix euros de l’heure, de je ne sais trop quoi au juste : débutant accepté pour enseigner l’edo à des salariés en entreprise. Quel edo ? Celui des affaires ? De l’industrie pétrolière ? De la patronne du maquis servant du poulet-bicyclette sauce arachide ? Je n’ai jamais pratiqué l’edo, mais après une formation accélérée, allez savoir.

Des réformes, oui…

Gros problème avec le régime des intermittents du spectacle. Certes, les paparazzis ne se pressent plus aux abords de l’antenne Pôle-Emploi spécialisée pour « taper la plaque » d’un Gérard Depardieu répondant à une convocation entre deux films. Au fait, Carla Bruni est inscrite ? Trop jeune pour être dispensée de recherche d’emploi, elle pointe où ?
Mais ce régime est lourdement déficitaire. Il avait pourtant été déjà réformé, sans grand succès. Nicolas Sarkozy préfère la voie référendaire cette fois.

Est-il pourtant si urgent de légiférer ? Ne serait-il pas plus utile de consacrer les sommes dévolues au scrutin à un meilleur traitement du chômage, à faire respecter par les employeurs la publication de leurs offres par l’ex-Anpe ?

Mais cette annonce d’un référendum a eu au moins un effet bénéfique. J’avais reçu par courriel ma toute-toute première offre d’emploi provenant de l’Anpe ou du Pôle Emploi. J’allais négliger d’y répondre par la négative pour ne pas être radié. Je viens de le faire, consacrant un timbre « vitesse verte » (lente) à cette réponse qui ne peut se faire que par courrier postal dument signé et affranchi.

J’ai une très longue expérience du chômage. Les deux seules autres offres reçues m’avaient été communiquées par une conseillère, lors de l’un de ces fameux entretiens de « mise au point ». Elle avait considéré que deux offres qu’elle tenait (pour quelques heures) en réserve correspondaient à mon profil, et c’était vrai. J’ai répondu, sans jamais obtenir la moindre réponse.

Un référendum intéressé

En fait, Nicolas Sarkozy doit se demander si, remercié par les électeurs, il lui sera bien proposé deux offres au moins par le Pôle-Emploi. Ou une formation de reconversion dans ses cordes. Encore qu’il soit apte tout de suite à faire de l’animation commerciale dans les grandes surfaces. Dans le domaine, il a fait ses preuves, et on peut penser qu’il ira loin, ce petit.

Je le vois bien aussi en agent d’assurances tapant les portes du haut au bas des tours d’HLM. Réussir à convaincre Angela Merkel d’appeler à voter pour lui, au risque que les Allemands, qui tiennent Sarkozy en basse estime, se détournent d’elle au moment de sa propre campagne, c’est trop fort !

Il porte bien la cravate (même de commandeur), mais peut-être faudrait-il envisager pour lui des cours d’élocution et de rattrapage de la syntaxe. Car lire du Claudel, du Céline, de la princesse de Clèves à hautes doses, en autodidacte, ne suffit pas : il y faut de la méthode…

Tant qu’à organiser un référendum, il devrait le faire porter sur la possibilité de cumuler trois mandats de président de suite. Au Sénégal, on s’en est dispensé, et cela suscite des troubles.

Tout n’est pas mauvais cependant dans les propositions de Nicolas Sarkozy. Ainsi sur l’expulsion des étrangers. Un Bachar el-Assad s’infiltre sur la tribune des officiels lors d’un défilé du 14 juillet ? Hop, reconduit, sans passer par la case tribunal. Un Kadhafi plante sa tente dans un endroit non prévu pour cet effet ? Expulsion immédiate à la frontière, par exemple au sud de la Corse (pour des raisons humanitaires, une bouée lui serait louée pour le temps de sa traversée, avec obligation de la présenter au consulat de France le plus proche de son point d’arriver et d’en régler la location).

Des idées sur le tard

On croyait notre actuel président impulsif, agité du bocal. Que nenni. Il lui faut presque cinq ans pour accoucher d’idées qu’elles sont bonnes (ses tournures de style ont fini par contaminer la population). Voila deux mesures soigneusement pesées, longuement pondérées.

Mais est-il si employable au moment ou compétitivité rime avec réactivité ? Que faire au juste pour ces chômeurs de longue durée, surtout lorsqu’ils arrivent à moins de dix ans de la retraite de la Sécu ? Bientôt 58 ans pour lui. Encore sept ans à tirer, à coller des timbres pour répondre aux lettres du Pôle Emploi, à imprimer des cv.
Remarquez, ses enfants pourront l’aider dans ses recherches, et coller ses propositions de prestations chez les commerçants de son quartier.

Je le crois encore confusément utile à quelque chose. Mais il ne faudrait pas, s’il en venait à devenir comique troupier, qu’entre deux cachets des Armées, il s’attarde trop à l’antenne des intermittents du spectacle. Prière d’aller pousser la chansonnette dans les maisons de retraite, lors des spectacles de fin d’année des enfants des écoles…

Au final, pourtant, je me demande s’il convient bien de convoquer le corps électoral au profit d’un seul futur chômeur. Cela me semble légèrement disproportionné.

Au fait, je reste disponible pour un emploi. Coach personnel d’aide à la reconversion d’un ex-président de la République m’irait bien. Pas sûr qu’un seul suffise. Mais on pourrait commencer par une petite réunion avec d’anciens présidents s’étant recasés (tant qu’il en reste). Dommage que Kadhafi ne soit plus là pour communiquer ses recettes : un consultant étranger n’aurait pas été de trop (défrayé tel un Tony Blair). Ce garçon ne mérite-t-il pas d’être accompagné ? Quand on le laisse seul, il fait un peu n’importe quoi. Oui, il faut un référent emploi d’urgence pour ce référendaire.

P.-S. – Au fait, le Figaro Magazine, qui publie les réclames de Nicolas Sarkozy dans son édition de fin de semaine, ne semble pas s’être aperçu des apparentements terribles entre ses divers titres de  une de couverture. Le sujet central vante « les valeurs » de Sarkozy. C’est surmonté par un sujet sur Margaret Tchatcher, dite « la dame de fer ». Un d’un autre sur le « trompe l’œil » dans l’art (d’enfumer ?). Le pompon – involontaire – est peut-être détenu par le rapprochement entre Sarkozy et « les grottes secrète de Bouddha ». Le nombril de Sarkozy est peut-être un gouffre secret.
En tout cas, si Nicolas Sarkozy se voyait répondre un « non » massif à ses référendums, que ferait-il ? Il se réfugierait à Baden-Baden, chez Bush ?
Ou à Tanger, chez notre ami le roi du Maroc, pour suivre la montée en puissance de l’usine Renault ?

C’est assez dangereux, car on finira par bouder les productions françaises fabriquées à l’étranger.

Car au point où on en est, électrices et électeurs seraient prêts à voter contre leurs convictions pour envoyer Nicolas Sarkozy au chômage. Mais qu’on ne s’inquiète pas : les annonces de Sarkozy, sauf celles qui profitent à ses plus riches amis, ne sont généralement pas suivies d’effets… et même les lois qu’il fait introduire ne sont pas suivies de décrets d’application.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

3 réflexions sur « Référendum sur le chômage : quels emplois pour Sarkozy ? »

  1. Au fait, tant qu’à faire, pourquoi pas un logotype pour le référendum ?
    Celui du Pôle Emploi avait été confié à l’agence Nomen.
    Qui a pris 500 000 euros.
    En employant des stagiaires au titre du retour à l’emploi ?
    Il n’y avait pas des graphistes au chômage à employer directement en CDD ?
    Le logo précédent de l’Anpe avait coûté (mise en œuvre comprise) 2,6 millions d’euros. C’était cinq ans avant la création du Pôle Emploi. 500 000 euros de l’an…
    Mais pas question de laisser les chômeurs répondre par courriel ou en franchise postale.

  2. [b]La méthode est connue ,il faut toujours des boucs émissaires ,le voilà reparti dans ses délires.[/b]

  3. Tout n’est pas mauvais dans ce que propose Sarkozy. Les chômeurs se verraient proposer de véritables formations, pas l’obligation d’écouter parfois de pseudo-formateurs moins qualifiés qu’eux, mais dont les patrons encaissent l’argent du Pôle-Emploi. Acceptons-en l’augure.
    Par ailleurs, requalifiés, recyclés, &c., ils se verraient enfin proposer un emploi. Durable ou précaire ? Où cela ? En Sibérie ?
    Le système soviétique avait bien des désavantages, notamment une orientation drastique. Pour devenir pianiste, styliste de théâtre, il fallait être vraiment très, très brillant (un peu pistonné aussi). Priorité à l’électrification et à d’autres qualifications.
    Mais au bout du compte, même l’électricien le plus nul et le plus glandeur finissait par être affecté quelque part. Où il se tournait les pouces, les autres électriciens ne supportant plus de passer derrière lui pour suppléer ses carences.
    Mais, comme au temps de la fonction publique des tsars ou de celui des hussards de la République, il fallait accepter toute affectation, parfois très lointaine.
    C’est très bien, Nicolas Sarkozy, d’avoir de belles idées. Mais pour les mettre en œuvre, il faut un minimum de planification. Or, qui a démantelé la planification et l’aménagement du territoire à la Française ? Ne serait-ce point Sarkozy, Nicolas ?
    Qui a poussé à tout prix à la propriété individuelle qui fixe les salariés dans des bassins d’emploi dont la pérennité n’est pas assurée ? Sarkozy de Nagy-Bocsa ou les socialo-communistes, comme on dit à l’UMP ?
    Qui, depuis cinq ans, a laissé l’ANPE ou le Pôle Emploi recruter des gens sachant encore multiplier ou diviser des fractions (ce qui m’a fait échouer au concours de recrutement) d’un côté, et avoir recours à des gens supposés plus qualifiés pour prendre en charge les chômeurs, rétribuant des boîtes privées pour ce faire ?
    Yaka-faukon, ok. Ben, fallait faire à temps…
    Ce que les chômeurs échaudés craignent, c’est qu’on leur propose des formations inadaptées, puis un emploi n’importe où, histoire de les voir refuser, et être radiés.
    Ce que Sarkozy, Nicolas, oublie, c’est que nombre d’électrices et d’électeurs sont passés par l’ANPE ou l’Apec (pour les cadres). Lui, qui n’a aucun retour d’expérience de la sorte, croit que son « message » sera bien reçu. Peut-être par les commerçants et artisans… ou les agriculteurs… Mais ils ne sont plus l’essentiel de l’électorat, composé aussi d’anciennes ou actuelles chômeuses, de gens en recherche d’emploi.

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