Quand le  » connard  » prend le pouvoir

La maladie mentale fait peur, la folie fait peur …

– à ceux qui la subissent et vivent un enfer quotidien avec eux-mêmes

– et aux autres, c’est-à-dire à tous ceux qui se croit sain de corps et d’esprit, au dessus de l’incohérence et du désordre psychique, à l’abri de la dépression, et parmi eux beaucoup de soignants comme moi qui se disent " pas fous  puisqu’ils soignent les fous " !

Cette fois je vais vous faire découvrir l’univers de Timoté, adolescent qui " roule des mécaniques " pour compenser un manque chronique de confiance en lui et exorciser sa peur de lui-même …

 

Timoté est fou, malade mental, il fait souvent son " connard " !!!

Oh ! Ca n’est pas professionnel de parler ainsi d’un enfant en souffrance…

Peut-être mais cette définition est si juste et adaptée qu’elle a parlé à Timoté, l’a aidé à prendre conscience de ses actes, puis, au fil de la thérapie, à se distancer suffisamment de son " connard " pour le maitriser.

 

Timoté dit avoir des pensées qui lui parlent dans sa tête et lui demandent de faire des trucs qu’on n’a pas le droit de faire. Il se sent deux à l’intérieur de lui, et dans l’incapacité ni de comprendre se qui se passe et le dépasse, ni de se contrôler…

Brusquement il s’emporte, s’excite, provoque, insulte, agresse, terrorise, tente de déshabiller ou d’attoucher une petite fille … Il est alors dans " le plus fort que lui "!

Face à l’intervention nécessaire de l’adulte, face aux paroles brutales mais efficientes " tu fais ton connard ", Timoté se met en arrêt sur image, et comme s’il revenait d’une autre dimension, se calme tout aussi brusquement qu’il  peut s’énerver.

Après plusieurs mois de confrontation, les tentatives de justifications, les " c’est pas moi, c’est l’autre ! " font place à " je peux pas m’en empêcher ! "

Nommer l’attitude de Timoté, identifier et décrire les actes du " connard ", ont aidé l’adolescent à prendre progressivement conscience de son comportement et de ses conséquences.

Définir comment il aimerait se comporter en se posant sur ses qualités lui ont donné des repères pour améliorer son attitude.

Il parvient à reconnaitre ses actes sans tenter de nier ni de se justifier ; et même s’il continue de s’identifie au " connard " et de n’avoir aucune prise sur lui, le processus de désidentification a commencé.

Lorsque l’adulte intervient pour empêcher le " connard " d’agir ou lui barrer la route physiquement, Timoté ne se ferme plus systématiquement et ne s’oppose plus ; il est dans un processus d’acceptation.

Il semble intégrer qu’il n’est pas le connard, même s’il est responsable du comportement peu recommandable de ce personnage.

Finalement, à travers de nouvelles attitudes, Timoté montre qu’il fait alliance avec l’adulte, comprend que celui-ci n’intervient pas contre lui mais contre les agissements du personnage, accepte voire la sollicite l’aide …

Il essaie aussi de se maitriser et devient aujourd’hui un adolescent fier de son parcours et du travail qu’il a fait sur lui …plus il reprend confiance en lui, moins il a besoin du " connard " pour exister …

La boucle est bouclée !

Rien n’est gagné ! Pourtant tout est gagné !

 

Une réflexion sur « Quand le  » connard  » prend le pouvoir »

  1. Bravo pour votre engagement auprès de ce jeune qui j’espère pourra avoir une vie définitivement sans connard.

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