Présentation de la Nintendo Switch au Grand Palais

Alors que la Wii U n’a pas trouvé son public et que Nintendo voit un nouveau PDG à sa tête, après la disparition de Satoru Iwata, la morosité semblait gagner la firme japonaise accusée de ne pas faire d’efforts pour se renouveler. Face à un marché des jeux mobiles et tablettes qui vampirise de plus en plus ceux des consoles portables et de salon, Nintendo propose sa solution : la Switch, une console hybride, présentée les 14 et 15 janvier dernier au Grand Palais à Paris. Sans plus tarder, mon avis sur cette nouvelle console.

Un événement populaire mal organisé

Une fois n’est pas coutume, Nintendo n’a pas été à la hauteur niveau organisation. Alors que le public s’est déplacé en masse pour jouer à sa prochaine console, l’espace était assez mal exploité : files d’attente hasardeuses (on ne savait pas vraiment où attendre pour faire quoi), aucune couloir pour circuler rapidement en cas de besoin (même pour le personnel !), stands minimalistes à part ceux des jeux 1 2 Switch… Honnêtement, Nintendo nous a habitué à bien mieux ! Ce n’est pas le point le plus important, mais cela donne l’impression d’un événement organisé à la hâte.

Si vous voulez juste un résumé rapide de l’événement, cette vidéo est pour vous :

 

De nombreux jeux, mais beaucoup d’absents

J’ai reçu une invitation par email pour participer à cet événement. Quand je me suis inscrit, on m’a demandé à quel jeu je souhaitais jouer. J’ai donc réclamé Dragon Quest mais aucun des deux jeux de la licence annoncés sur Switch n’était jouable, à ma grande déception. D’ailleurs, tous les plus gros jeux de la console était absents, à part quelques titres forts du lancement comme le prochain Zelda, mais ce jeu ne m’intéressait pas car je l’avais déjà testé cet été lors d’un événement privé pendant Japan Expo, et bien mieux organisé avec une superbe lithographie à la clé (voir ici).

Cette déception passée, passons à la console.

De nombreuses façons de jouer

Hybride entre console de salon et tablette, la Switch permet de jouer de plusieurs façons différentes :

  • comme une console de salon classique, avec une manette traditionnelle
  • comme une tablette, avec les Joy-Con (les nouvelles manettes) séparés
  • comme une console portable, les Joy-Con fixés à la tablette

C’est pratique car cela permet de commencer à jouer sur sa télé et, selon les besoins, d’emporter la console avec soi pour continuer sa partie même en déplacement.

 

Des Joy-Con surprenants

Les nouvelles manettes, dénommées Joy-Con, sont une réelle bonne surprise. Bon, leur point négatif, c’est leur petitesse qui va encore mettre dans la tête des gens que la Switch est pensée pour les enfants. Pour les grandes mains, il faut bien avouer que ces manettes ne sont pas des plus ergonomiques, mais cela ne gêne pas trop. En revanche, je note deux petits défauts :

  • Un Joy-Con n’a pas de nom sur les boutons. Pour pallier ce défaut, une image apparaît à l’écran pour indiquer l’emplacement du bouton à utiliser. Mais cela va un peu cafouiller quand on expliquer à des joueurs comment jouer : « Pour faire ça appuie sur le bouton A… Mince, pour toi c’est la croix de droite… ». Pas très pratique.
  • Le Joy-Con droit possède un stick placé en son milieu. Quand on joue, cela tire plus sur le pouce qu’avec une manette classique. On a peur, sur le long terme, des problèmes de tendinite comme avec les souris trop grosses pour la main. Mais cela reste à vérifier.

Malgré tout, ces Joy-Con sont surprenants :

  • ils sont légers et, en couleur, ils ont la classe
  • ils disposent de tout un tas de fonctions (gyroscope et autre) qui font passer les WiiMote pour de vulgaires bâtons. On apprécie le bouton pour faire des captures d’écran et du streaming, même si cette fonction ne sera pas disponible dès le lancement. On espère que cela sera au moins aussi bien que sur PS4.
  • leur petitesse ne les empêche pas d’être solides !

Concernant la console, petite elle aussi, je la trouve plutôt bien : elle prend peu de place et son écran semble très lisible. En revanche, aucune idée sur son autonomie. Passons maintenant aux jeux présentés.

Des jeux Switch pour tous

J’ai entendu, dans l’après-midi de présentation, des joueurs se plaindre du line-up en raison de titres trop « casual » ou « enfantins » ou « déjà vus ». Certes, la Switch voit des jeux déjà parus sur PS4 comme Skyrim, Nobunaga’s Ambition, Steep, Sonic, Skylanders, Just Dance… Mais justement, ce n’est pas un défaut : sans les jeux casual, qui marchent plutôt bien, les éditeurs ne peuvent pas faire de profits pour financer d’autres projets. En plus, la Switch possède un catalogue à la hauteur de la concurrence, ce qui n’est pas rien. Voir débarquer un Nobunaga’s Ambition sur autre chose qu’une console Sony est une bonne nouvelle. Et même si certains jeux sont déjà sortis sur PS4 ou XBOX ONE, ils restent récents comme Steep. De plus, les consoles de la nouvelle génération connaissent également leur lot de portages alors la Switch n’a aucun handicap ou retard, bien au contraire. Je trouve même que, malgré les déboires de la Wii U, les éditeurs sont assez présents sur cette nouvelle console.

Maintenant, voyons quelques jeux :

Les jeux 1 2 Switch :

  • Quick Draw : c’est une sorte d’évolution de Wild Gunman (Nes). 2 joueurs font un duel au pistolet en mimant le tir avec un Joy-Con dès que la console donne l’ordre de faire feu. C’est plutôt rigolo et comme l’ordre est donné de façon aléatoire (il me semble), il ne suffit pas de trouver le bon timing mais bien d’avoir de bons réflexes. En attendant de tirer, on peu toujours tenter de déconcentrer l’adversaire. C’est simple, mais vraiment amusant. En plus, sur le stand, un animateur était déguisé en cow boy.
  • Milk : on doit traire une vache. Celui qui rapporte le plus de lait l’emporte. On dirait que Nintendo s’amuse à faire de l’auto-dérision. Du temps de la Wii, Nintendo était accusé de prendre les joueurs pour des vaches à lait (« milk the cow » qui, littéralement, signifie « traire la vache ») et là, Nintendo nous demande de traire une vache. Pur hasard ou pas, cela reste amusant.
  • Samurai training : un joueur mime une attaque au sabre et l’adversaire doit la parer. Si l’attaque échoue, c’est à lui d’attaquer et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un coup porte. Moins amusant que Quick Draw, à mon avis.
  • Safe Crack : en faisant tourner le Joy-Con, on doit tenter de forcer un coffre en temps limité. Le problème est que, si on tourne trop vite, les vibrations renvoyées par le Joy-Con donc il faut faire attention à ne pas s’emballer pour s’en sortir. Un jeu pour apprendre à se maîtriser ?
  • Ball Count : on doit secouer le Joy-Con, devenue une boîte en bois renfermant des billes sur l’écran de télévision, pour savoir combien de billes il renferme. C’est vraiment bluffant car il ne s’agit pas de simples vibrations : la sensation de tenir une boîte remplie de billes est réelle !

Quelques autres jeux présents :

  • Mario Kart 8 Deluxe : cette nouvelle version de Mario Kart 8 voit le grand retour du mode « Battle ». A 8, le jeu est très fluide et les Joy-Con permettent de s’amuser sans difficulté. Néanmoins, on regrette l’absence de nouveaux personnages ou circuits.

  • Splatoon 2 : la nouvelle licence de Nintendo revient sur Switch mais, dans cette démo, on ne voit pas de grosse nouveauté par rapport à Splatoon à part le bouton de saut qui a changé, ce qui m’a un peu perturbé au début mais on s’y fait vite.

  • Super Mario Odyssey : en réalité, on pouvait juste se faire prendre en photo à côté d’un Mario en carton, avec sa nouvelle casquette ! Mais, au-dessus, il y avait un trailer de sa nouvelle aventure. On y trouve un monde assez ouvert à la manière de Super Mario 64, avec des niveaux et ennemis s’inspirant de Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy. La casquette est animée et sert à franchir des obstacles. Le jeu semble assez beau, avec un Bowser au mieux de son look mais aussi des nouveaux personnages.

   

  • Disgaea 5 Complete Edition : déjà sorti sur PS4, cela faisait longtemps que cette superbe série de J-RPG n’avait pas été adaptée sur console Nintendo. Pour la Switch, on a droit au jeu de base agrémenté de tous les DLC de la version PS4, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
  • SnipperClips : un puzzle game coopératif aux graphismes simples mais agréables. Si chaque joueur contrôle un personnage, aucun des deux ne peut résoudre les énigmes seul donc il faut communiquer pour se coordonner. Les personnages peuvent sauter, s’accroupir, se tourner dans tous les sens et même se découper l’un l’autre ! Un jeu intéressant à surveiller.
  • Super Bomberman R : le Bomberman classique mais toujours aussi amusant à 4.
  • Has-Been Heroes : un rogue like tablette typique, qui prouve que la Switch est bien une console hybride. On doit vaincre des hordes d’ennemis qui déferlent sur 3 rangées, un peu comme dans Plants VS Zombies. On peut échanger nos combattants entre les rangées pour effectuer des combos et utiliser des sorts puissants. Un jeu bien plus tactique que bourrin, à surveiller aussi, mais assez peu adapté à une présentation courte car finir le premier niveau demande déjà une bonne dizaine de minutes.
La Switch : une console pour tous

Même si je n’ai pas pu jouer à tous les jeux présentés et même si ceux qui m’intéressaient le plus n’étaient pas jouables, je suis quand même rassuré :

  • les Joy-Con ne sont pas de simples WiiMotes et peuvent se combiner en une manette classique aussi efficace que chez la concurrence
  • Il y a des jeux pour tous les publics et de la nouveauté. D’ailleurs, les enfants semblaient vraiment envoûtés par les jeux 1 2 Switch !
  • Le format cartouche est parfait pour la mobilité : c’est petit, résistant et on peut sauvegarder dessus

En revanche, tout n’est pas rose : si le prix est plus élevé que pour la Wii U, il faut aussi penser que la recherche et le développement a dû être coûteux et justifie ce prix de départ. C’est surtout l’autonomie de la console qui semble faible, mais cela reste à vérifier. Le online, jusqu’à présent gratuit chez Nintendo (mais aussi à la ramasse !), va devenir payant. Bon, si c’est pour avoir un service digne de ce nom, ok, mais quand on joue à plusieurs consoles cela commence à faire cher. Il faudrait vraiment penser à un service universel commun à tous les appareils ! J’attends avec impatience d’en savoir plus sur la prochaine aventure de Mario et sur Fire Emblem Warriors, confirmé pour cet automne sur Switch et 3DS.

A la recherche d’un financement

A force de tester des jeux et de participer à des salons, j’ai des contacts chez de nombreux éditeurs (Square Enix, Bandai Namco, Nintendo, Sony, SNK, Nis America…) ce qui me permet de faire des rencontres avec de nombreuses stars chaque année à Japan Expo. Cependant, je ne suis pas payé pour ça et cela coûte de plus en plus cher. Cette année, je n’ai pas les moyens d’y aller or je pourrai une fois de plus faire de nombreuses interviews, donc si quelqu’un avait une solution à proposer je reste ouvert à toute proposition.

Pour rappel, voici un exemple des articles de l’année dernière (4 interviews, 2 tables rondes, 2 concerts, 2 rencontres en dédicaces, 1 événement privé et plein de jeux essayés) . Il serait dommage de ne pas continuer.