Premier procès contre un génocidaire des Khmers Rouges

Mieux vaut tard que jamais! Trente ans après la chute du régime génocidaire des Khmers rouges, Kaing Guek Eav, dit "Douch", a comparu, mardi, pour la première fois devant un tribunal parrainé par l'ONU. Il plaide coupable à l'accusation de crime contre l'humanité
Arrêté depuis 1999, Douch est accusé de «crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de meurtres avec préméditation». Il encourt la réclusion à perpétuité. Les juges n’ont pas retenu l’accusation d’«entreprise criminelle conjointe», empêchant ainsi l’ouverture de poursuites à un groupe de personnes ayant agi de manière coordonnée.

Seules quatre personnes ont survécu au camp S-21, parmi lesquelles un artiste, Vann Nath. Celui-ci n’a dû d’avoir la vie sauve qu’au fait d’avoir été choisi pour peindre des portraits de Pol Pot, le chef du régime Khmer. “Le temps est venu pour Douch de recevoir ce qu’il mérite. Même si je ne suis pas sûr que les juges puissent nous rendre à tous justice” a-t-il déclaré.

"Cette première audience représente la réalisation d'efforts significatifs dans l'établissement d'un tribunal honnête et indépendant chargé de juger ceux qui occupaient des fonctions de direction" dans l'appareil des Khmers rouges, a déclaré le juge Nil Nonn qui préside la séance.

Le procès devrait aussi éclairer une réalité génocidaire méconnue de ceux qui sont nés après la période des Khmers rouges dans un pays où les deux tiers de la population ont moins de 30 ans.
Douch, ancien professeur de mathématiques converti au christianisme dans les années 1990, a déjà assumé ses responsabilités et a demandé pardon aux victimes des Khmers rouges. "Douch" dirigeait la prison de Tuol Sleng, connue également sous le nom de S-21, un centre d'interrogatoires établi dans un ancien lycée de Phnom Penh, où plus de 15'500 personnes ont été torturées avant d'être tuées dans des "killing fields" voisins, dans le cadre de vastes purges organisées par l'équipe au pouvoir de Pol Pot.

Entre 1975 et 1979, le Cambodge a vécu sous la dictature sanglante des Khmers rouges et de Pol Pot. Une période durant laquelle plus de deux millions de cambodgiens, soit un tiers de la population, sont morts exterminés.