Pourquoi un « American Dream » ?

Loin de moi l’idée de vouloir casser l’ambiance.

Le cinéma français se porte bien, le montre, le crie et l’écho se fait entendre jusque de l’autre côté de l’atlantique.

On nous l’a assez répété ces derniers jours et celui qui est passé à côté de l’info doit sans doute habiter sur une autre planète.

Jamais un film français n’avait autant remporté de succès et de suffrages au pays de l’oncle Sam. Tout le monde est unanime : les professionnels de la profession, les médias, les acteurs et le public.

Il semble que ce soit un pays tout entier qui découvre que la France, petit pays dont ils ne savent d’ailleurs pas pour la plupart où il se situe sur une carte, que la France donc sait aussi faire du cinéma.

Ah bien-sûr ici on n’est pas très supers productions et les sauveurs de l’humanité et autres super héros sont tous nés et restés au pays de la bannière étoilée.

Non chez nous c’est souvent plus simple. On n’a pas besoin de tout ça pour faire du cinéma, du vrai. D’aucuns diront du cinéma d’auteurs, du cinéma d’intellectuel. Que nenni on est aussi capables de faire des bons films de série B,  des films d’animation, des films drôles, tristes et des tas d’autres films.

Il en faut pour tous les goûts et nous avons sur notre sol des hommes et des femmes de talent qui font de notre cinéma un des meilleurs du monde. Tout simplement.

Le fait n’est pas ici de savoir si The Artist, film français aux cinq récompenses, est un bon film. A bien des égards, il l’est sans aucun doute.

En même temps, je me demande s’il n’a pas obtenu autant de récompenses parce que son titre est en anglais, son décor hollywoodiens et ses acteurs muets ? Ce dont je suis sûre, par contre, c’est que le public américain l’a bien compris. Est-ce que ceci explique cela ? Je ne saurais le dire.

En revanche, ce qui m’interpelle c’est pourquoi se montrer aussi heureux ?

Pourquoi donner l’impression que le triomphe obtenu aux Etats-Unis est LA consécration suprême, celle tant attendue ?

Etre reconnu par le cinéma américain ouvre certes des portes mais y trouve t-on derrière l’eldorado espéré ?


A n’en pas douter Jean Dujardin obtiendra des propositions mais son jeu d’acteur se nourrira t-il de ces rôles  « à l’américaine » ?

Même si notre accent frenchy amuse beaucoup, tout grand acteur qu’il soit devenu à leurs yeux Jean Dujardin devra se mettre à la langue de Shakespeare. Bon, Marion Cotillard lui donnera les coordonnées de son professeur et cet obstacle devrait bien vite être oublié…si Jean Dujardin ne veut pas l’être.

Mais quid du choix des scenarii ?

Là, je demande à voir… Quelles motivations pousseront notre acteur français à choisir un rôle plutôt qu’un autre ?

Maintenant qu’il est entré dans le cercle très fermé des acteurs bankables à Hollywood ces choix seront-ils guider par l’envie ou la nécessité ?

L’envie de relever un nouveau défi d’acteur ou la nécessité d’accepter un rôle moins en accord avec ses ambitions mais qui le ferait rester dans ce cercle très prisé aux côtés de Brad, Georges, Johnny ou encore Tom et Leonardo.

Jean Dujardin nous a prouvé avec ce film quel acteur formidable il est.

Tachons de ne pas l’oublier si il venait à s’égarer aux pays des étoiles éphémères.