Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 57,

la ligne de démarcation, et la zone libre.

 

Elle ne disparaît cependant pas des cartes d’état-major Allemandes et certaines restrictions subsistent, notamment en matière de circulation des marchandises. Elle reste ainsi jusqu’à la fin de la guerre un moyen de pression, la menace de son rétablissement pesant sur les Français jusqu’au bout. C’est aux conditions d’armistice de 22 juin 1940, voir l’article 226 suite 34, que la France est partagée en une zone occupée et une zone dite libre, c’est à dire non occupée par les Allemands mais pas forcement libre puisque soumise au gouvernement collaborationniste de Pétain. Avec cette zone libre qui avait été acceptée lors de l’armistice, le régime de Pétain devait assurer l’entretien de l’armée d’occupation dont le montant s’élevait en moyenne à 400 millions par jour, c’est dire comment nous étions purgés, et notre armée était limitée à 100.000 hommes. L’Empire colonial Français restait sous l’autorité du gouvernement de Pétain. La ligne de démarcation est donc une ligne virtuelle qui séparait la France en deux comme le montre l’image suivante,

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La France était en fait coupée en quatre,
* une zone libre, appelée zone sud à partir de novembre 1942 ;
* une zone occupée, appelée zone Nord à partir de novembre 1942 ;
* une zone Est de la France, départements annexés par le Reich ;
* deux départements du Nord de la France, sous administration militaire Allemande, référence
Wikipédia .

Pour le général de Gaulle la ligne de démarcation était une blessure faite à la France, il n’a jamais accepté cette ligne partageant ainsi la France de façon arbitraire, mais elle montra son utilité par son site de montagnes favorable à la résistance intérieure. Cette ligne quoique qu’en pensent certains ne fut pas seulement une ligne, elle fut le passage de résistants, de clandestins et de bien d’autres Français qui allèrent en zone non occupée pour ensuite rejoindre la résistance, mais aussi pour échapper à la gestapo ou pour s’approvisionner en nourriture. Elle fut pendant le temps ou elle resta libre un secours pour nombre de Français, et elle permit l’implantation de maquis au printemps de 1943. Les premiers mouvements de résistance intérieure sont de la fin 1941 unifiés sous l’égide du général de Gaulle et organisés sur le terrain par Jean Moulin en 1942-1943.

La ligne de démarcation d’une longueur de 1.200 kms, traversait treize départements, Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques depuis 1969, Landes, Gironde, Dordogne, Charente, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Cher, Allier, Saône-et-Loire, Jura, Ain, Sur un total de 90 départements, l’Armée allemande en occupait entièrement 42 et 13 partiellement, 35 n’étaient pas occupés. Elle partait de la frontière Suisse en passant par Dole, Chalon-sur-Saône, Digoin, Paray-le-Monial, Moulins, Vierzon, Angoulême, Langon, Mont-de-Marsan, Saint-Jean-Pied-de-Port pour rejoindre la frontière Espagnole. Le régime de 1940, a connu le tracé précis de la ligne que seulement fin 1941. En effet les occupants modifiaient régulièrement le tracé à l’échelon local.

Son but, selon un officier Allemand était de rendre docile le gouvernement Français, les trois quarts du blé et du charbon étaient produits en zone occupée, ainsi que presque tout l’acier, le textile, le sucre. La zone libre se trouvait donc très dépendante de l’Allemagne. Il n’était possible de la franchir légalement qu’en obtenant très difficilement un Ausweis, une carte d’identité, ou un Passierschein, laissez-passer, auprès des autorités d’occupation après maintes formalités. Les ministres de Pétain ne disposaient pas de laissez-passer permanent, seul Pierre Laval avait ce privilège.

Un Ausweis,

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Document Chemin de Mémoire.

La ligne ne fut pas seulement une coupure territoriale, elle fut aussi une coupure administrative des préfectures, des institutions judiciaires, des Eaux et Forêts, des gendarmeries, des académies, des banques nationales ou privées, la SNCF enfin tout ce qui constituait le fonctionnement administratif et privé d’un État. Cela avait conduit à une réorganisation administrative et des gendarmeries ont été créées. La désorganisation du pays fut amplifiée par les autres lignes de démarcation,

* la zone du Nord-est, la ligne qui isole l’Alsace et le département de la Moselle annexés de facto le 18 octobre 1940, de la zone interdite.
* une zone de «peuplement Allemand», où le retour des réfugiés est interdit, qui comprend une partie du Jura, de la Haute-Marne, de l’Aisne, de la Somme et la totalité du Doubs, Haute-Saône, Territoire de Belfort, Vosges, Meurthe-et-Moselle, Meuse et Ardennes ;
* la zone nord, sous administration militaire Allemande de la Belgique comprenant le Nord et le Pas-de-Calais ;
* La zone côtière interdite à partir d’avril 1941.

Malgré une logistique importante de herses, de barrières, de guérites, de champ de mines aux abords de la ligne, la ligne n’était pas hermétique puisque des centaines de personnes ont réussit à passer en zone libre. Avec les postes Allemands cohabitaient des postes Français composées de gendarmes, de policiers, de soldats de l’armée d’armistice et de douaniers. Cela faisait un peu désordre de sorte que nombreux sont ceux qui ont fermé les yeux et laissé passer des clandestins qui s’enfuyaient. Le téléphone entre les postes de passage n’existait presque pas. La signalétique de la ligne était lacunaire formée de poteaux peints aux couleurs nazies.

La vie des frontaliers changea d’un coup, au cœur même de la frontière, ils recevaient des laisser passer spéciaux qui leurs permettaient de franchir cette ligne aisément afin de se rendre à leur travail de la journée dans la zone différente de celle qu’ils habitaient. Cela leur permettait de passer du courrier, des messages clandestins planqués dans les véhicules et dans tout ce qui pouvait servir de planque, la résistance s’organisait.

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Ligne de démarcation, hiver 1940-1941 – Digoin (71). Photo Paul Chaussard – «Échos du passé», Don au centre d’interprétation de la ligne de démarcation, référence Chemins de mémoire

Dans leur ensemble, les Français subissaient l’Ausweis, les voyages interzones en train peu nombreux, mais aussi les cartes interzones, dont les premières furent imprimées au début de l’occupation et qui obligeait de biffer des mentions comme «je ne suis pas mort». Les transferts de fonds interzones ont été interrompus un temps, puis restaurés grâce à l’installation en zone non-occupée de succursales-bis de la banque de France, du Crédit Lyonnais, de la Caisse des Dépôts et Consignations et de la Société Générale. Les Allemands étaient volontairement peu précis sur les autorisations qu’ils accordaient pour les flux de marchandises, de valeurs et d’argent d’une zone à l’autre. Ils géraient une économie de guerre de plus en plus gourmande. La ligne était aussi un moyen d’exploiter au mieux les richesses de la France. Des habitants de la ligne profitaient largement du marché noir, dont les demandeurs étaient principalement les Allemands, tiré des Chemins de Mémoire.

Des Français, des réfugiés Belges, Polonais, Hollandais et Allemands organisaient des équipes familiales et des filières nationales de passages clandestins. Les premiers «passeurs» apparurent dès l’été 1940. Ils seront souvent seuls et pratiquèrent de l’entraide, du sauvetage en cachant, le temps d’une occasion favorable, les clandestins qui voulaient passer. Les services secrets Anglais, les mouvements et les réseaux de résistance recherchèrent ces passeurs pour travailler sur les deux zones et espionner les installations militaires Allemandes. La confrérie-Notre-dame du Colonel Rémy a très tôt organisé les passages clandestins dans le sud-ouest grâce à Louis de la Bardonnie. Mais sur la ligne du Nord, Bretagne et Normandie notamment, et l’Est de la France, des filières très structurées feront passer des centaines de fugitifs traqués ou en mission, aviateurs abattus, juifs, prisonniers évadés, simples voyageurs de commerce. Les passages seront parfois payants, afin de nourrir et d’abriter quelques temps des candidats au passage. Cependant, certains passeurs isolés en profitèrent pour pratiquer des prix très élevés, notamment quand les Juifs affluèrent plus nombreux sur la ligne, après les rafles de l’été 1942, l’argent n’avait pas d’odeur. De faux passeurs au service des Allemands opérèrent également pour arrêter les clandestins. Mais, cela ne doit pas faire oublier tous les passeurs bénévoles, dont les motivations sont à mi-chemin entre l’action «humanitaire» et l’engagement résistant.

Le 11 novembre 1942, suite au débarquement allié en Afrique du Nord, les Allemands franchirent la ligne de démarcation et envahirent la zone libre. L’Italie, profitant de cette invasion, décida d’occuper la zone qu’elle convoitait, ce qui conduisit à l’extension de la zone d’occupation Italienne. Cela entraîna, le 27 novembre 1942, le sabordage de la Flotte française à Toulon et la dissolution de l’Armée de Pétain. La ligne fut supprimée le 1er mars 1943. Cependant, quatorze points de contrôle principaux subsistèrent sur l’ancien tracé de la ligne.

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Passage de la ligne de démarcation à Moulins (Allier), 1er mars 1943. © LAPI / Roger-Viollet 2122-3, document, La France pendant la seconde guerre mondiale.

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Fouille d’un camion de gravier sur la ligne de démarcation. 1941. © Roger-Viollet 2125-5, document, La France pendant la seconde guerre mondiale.

La ligne de démarcation, un passeur se souvient

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La suite 58 portera sur la résistance intérieure Française.

Référence,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_La_Bardonnie

 

2 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 57, »

  1. [b][u]Lire à ce sujet[/u] :[/b]
    [img]http://www.deboree.com/img/1_logo.gif[/img]
    [b][u]Collection[/u] : Souvenir – Témoignage[/b]
    [img]http://www.deboree.com/upload/photos/9782844941961.jpg[/img]
    [b][i]Après le succès rencontré par son livre L’Allier dans la guerre 1939-1945, Jean Débordes a poursuivi son travail de recherche. Là encore, il retrace, au fil de témoignages, les heurs et malheurs de la Résistance dans l’Allier.
    Embuscades, trahisons, déportation, exécutions… La « grande Histoire » consensuelle se double de faits qui éclairent cette période d’un jour nouveau. Car il n’y eut pas que de grands faits de guerre, la Résistance fut mise en œuvre aussi grâce aux « petites gens », au quotidien, sous de nombreuses formes différentes.
    Jean Débordes est né à Bourbon-l’Archambault. Après avoir été journaliste à La Tribune de Saint-Étienne et cinéaste, il vit aujourd’hui à Vichy. Pendant près de quarante ans, sa profession lui a fait découvrir le département de l’Allier en tous sens.[/i]
    [url]http://www.deboree.com/master.php?pg=book&id=1108[/url]
    [/b]

  2. [img]http://www.deboree.com/img/1_logo.gif[/img]
    [b][u]Collection[/u] : Souvenir – Témoignage[/b]
    [img]http://www.deboree.com/upload/photos/9782844942357.jpg[/img]
    [b][i]La ligne de démarcation qui a coupé la France en deux du 24 juin 1940 au 30 mars 1943 a déjà fait couler beaucoup d’encre ! Jamais cependant la vie en Charente à cette époque n’avait été décrite avec autant de talent et de précision que sous la plume de Francis Cordet. Il a pu réaliser cette étude après de multiples recherches dans les archives officielles et privées, recueillant ainsi documents inédits et témoignages poignants. Francis Cordet s’intéresse à la survie des Charentais sous le joug allemand, en passant par toutes les contraintes de l’Occupation, leurs conséquences politiques, militaires, sociales, raciales et la répression, génératrice d’espoir dans la délivrance…[/i]
    Ancien résistant, puis militaire de carrière, Francis Cordet s’est attaché à faire revivre les années de la guerre 1939-1945 dans le département de la Charente.
    [url]http://www.deboree.com/master.php?pg=book&id=659[/url]
    [/b]

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