Persécution ordinaire d’étrangers en Sarkozie

Nous relayons aujourd'hui un texte signé Pascal Le Mée, que l'on peut retrouver sur son blog Rouge vert rose.

"Aujourd'hui, en France…
La famille Ali est Albanaise. Le père est chauffeur pour un homme politique. Suite à un changement de pouvoir, cet homme politique est tué.
Le chauffeur ainsi que sa famille sont menacés. Son frère est assassiné. Sa mère est agressée.
La famille Ali décide de partir. Partir pour la France avec Sarah, 2 ans, et sa future petite soeur, Léa.
Arrivés en France, ils trouvent un logement, la maman accouche, et Sarah rentre à l'école.

Une partie des Français élisent Nicolas Sarkozy, le ministère de l'immigration et de l'identité nationale est créé, et le nouvel état doit expulser 25 000 personnes en situation irrégulière pour l'année 2007. Dont la famille Ali.

Un matin donc, Sarah ne vient pas à l'école. Elle, sa soeur, sa maman et son papa sont retenus dans un CRA, un centre de rétention administrative.
Là-bas, et pour 32 jours au maximum, les Ali devront demander à être accompagnés pour aller aux toilettes. Pourront sortir dans une cour fermée, bétonnée. Devront être dans leur pièce le soir, sans pouvoir en sortir.
Les jours passent, ponctués par les appels au haut-parleur, "Untel, Chinois ! Untel, Malien !"

Des associations, des avocats, des citoyens, des parents d'élèves viennent tous les jours devant les grilles du CRA, pour demander à ce que les enfants soient relachés, que Sarah puisse aller faire taire les inquiétudes de ses camarades qui demandent pourquoi sa chaise est vide à l'école. Et parce que la loi de 1945 est encore valable, qui dit qu'aucun mineur ne peut être retenu, et qu'il a le droit d'aller à l'école. Peine perdue.
Dans ce non-lieu, aucun journaliste n'est admis. Personne ne peut y entrer à part la police.
32 jours à vivre avec deux enfants en bas âge, dans une pièce aux fenêtres grillagées.
Le 32e jour, on voit partir une voiture banalisée, deux heures avant le terme de l'incarcération, non, pardon de la rétention.

Elle emporte la famille Ali, qui est reconduite en Albanie.
La mère pleure. Sarah lui dit qu'il ne faut pas avoir avoir peur. C'est chouette l'avion, tu vas voir maman, ça fait pas peur.
25000 expulsés, c'est 75 millions d'euros à débourser par l'état, pour ceux qui aiment les chiffres et l'argent.
C'est aujourd'hui, en France. C'est un reportage passé à la radio.
M. Ali, ça pourrait être moi. Sarah et Léa, ça pourrait être mes filles. La dame qui pleure ça pourrait être ma femme.
J'ai honte.
L'émission, c'est Éloignement forcé, et ça peut s'écouter ."

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