Pèlerinage en Médoc

 Pour tout amateur de grands vins, visiter le Médoc  est l’équivalent du voyage à la Mecque pour un musulman. En particulier le Haut-Médoc, qui est le Saint des Saints avec ses crus prestigieux réputés dans le monde entier.

Si la Bourgogne a gardé un côté paysan, ici c’est l’aristocratie avec ses nombreux châteaux tous impeccablement tenus. Certains valent le déplacement soit parce qu’ils abritent un vin célèbre, soit parce que leur architecture est singulière. Le classement des crus a toujours droit de cité depuis 1855, même si certains vins ne sont plus à la hauteur de leur réputation d’alors. Malheureusement, on doit se contenter d’admirer de loin, peu de châteaux peuvent être visités. Mes premiers pas m’ont conduit naturellement vers Château Margaux, le vin préféré d’Hemingway. Le château est classique et presqu’austère. Propriété de la famille Mentzelopoulos, le vin est sans doute l’archétype du grand Médoc : d’une finesse et d’une élégance inégalable, réussissant l’impossible équilibre entre puissance et finesse, mais il faut savoir l’attendre plusieurs décennies. Parmi les châteaux remarquables, Cos d’Estournel est original par son allure orientale. C’est un remarquable deuxième, qui se frotte régulièrement aux premiers, mais il demande beaucoup de patience. La commune de Pauillac abrite trois premiers grands crus classés, mais également une raffinerie de pétrole. C’est un gros bourg qui n’a rien de remarquable. A Saint-Julien, deux crus se détachent : Ducru-Beaucaillou et Léoville-las-Cases qui sont régulièrement au niveau des meilleurs. Leur prix étant dissuasif, il est recommandé de s’orienter vers des classés plus modestes comme le Château Lagrange, dont les propriétaires japonais ont su tirer le meilleur. Les grands vins n’étant plus à la portée des bourses modestes, il vaut mieux se rendre dans les villages moins prestigieux comme Listrac et Moulis dont les vins sont d’un rapport qualité-prix très avantageux. Si vous ne pouvez pas en boire régulièrement, faites comme moi : buvez de l’eau pour déguster une fois de temps en temps une bouteille inoubliable pour les grandes occasions. Ou faites-vous inviter par un riche ami. Philippe de Rothschild aimait plaisanter en disant que, s’il n’était pas le propriétaire de Mouton, il n’aurait pas les moyens d’en boire tous les jours. 


Une réflexion sur « Pèlerinage en Médoc »

  1. [b]On reconnait là l’amateur de bons vins !!

    Elle peut encore être fière la France, ses vignobles se portent bien !, et cette année, on l’a dit exceptionnelle [/b]

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