Où il est question de croissance…

Où il est question de « croissance »… 

Chacun sait que la nôtre s’arrête autour de 20 ans. On a beau faire, les neurones commencent dès lors à disparaître. Notre jeunisme impénitent et les progrès de la médecine réunis n’en peuvent mais.Tous les boursiers savent que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. En ce moment, ils auraient même tendance à rabougrir, les bougres.Que vient de nous annoncer Mme Lagarde ? Que la croissance au 4° trimestre serait de – 1,6%.

Cela relève de l’obstination qu’un psychanalyste politique pourrait républicainement traiter.  Je viens de découvrir au hasard d’un dictionnaire qu’existait le vocable « décroissance ». Il n’en est pas encore banni. (On avait déjà retardé l’existence de « récession » en 2008). La décroissance sera de 1,6%, n’est-ce pas plus logique ? Non, il en va de la croissance comme du poumon du Malade Imaginaire.  Il faut produire. Peu importe que les voitures se vendent mal.

On roule sur la tête ! A cause du risque de chômage, on continue de fabriquer des tas de ferrailles qui croupissent sur les parkings des usines. Puisque l’on a décidé que l’économie n’était pas faite pour l’homme, mais l’homme pour l’économie. Homme qui, l’a consenti notre Président, n’est pas une marchandise comme les autres. Je remercie Sa Haute Autorité pour sa bonté envers mon humble existence commerciale.      

Des produits, j’en ai. Trois, au hasard… Un grille-pain, un réfrigérateur, un téléphone portable. Mon grille-pain, qui grille surtout mon pognon. Ce bijou de technologie que je fréquente chaque matin n’est pas de première fiabilité. Je me dois de vous prévenir : n’espérez pas de réparation. Elle vous coûterait facilement 3 grille-pain neufs. Je vous engage donc à le jeter. Vous serez un bienfaiteur des usines de grille-pain…  en France ou surtout ailleurs.

Ce matin-là j’ai dû me contenter de la baguette toute chaude sortie du four de mon boulanger.  Vous dire que Harry me remerciât, j’en doute.  Mon frigo. En panne, je ne vais pas le ramener au SAV. A titre indicatif, on en a fabriqué, jadis, qui fonctionnait au bout de 25 ans. Un vrai scandale. Donc, j’ai apprécié qu’on ait la bonté de m’en débarrasser en me livrant son remplaçant prévu pour durer 5 ans. Faut être moderne ! Au moins le faire…

Et mon téléphone. Pas le fixe, désuet. Là, c’est pire. Sa pile ne daignant plus tenir la charge, au bout de 18 mois, je me suis rendu dans mon supermarché, pour faire l’emplette idoine. Rires sous cape. Mon bon Monsieur, avec les points de bonus (retour en force du latin) que vous avez accumulés, pour 5 euros, vous avez ce modèle, photo, vidéo, radio, musique, Internet… Moi qui voulais seulement un téléphone… Smile, puisque Internet il y a, je n’ai pas eu de peine à découvrir qu’avec le prix de ma pile je pouvais m’offrir une dizaine d’engins complets.

Comment se priver du bonheur de la mondialisation. J’allais faire travailler la Chine, la Corée, les Philippines et autres lieux exotiques. Bien sûr, m’a effleuré un instant la pensée que feu mon téléphone, en parfait état de marche allait polluer de tous ses métaux la décharge voisine. Je sais, faut le rapporter… Alors la croissance ? Eh bien, croyez plutôt Hubert Reeves, il est plus que temps d’espérer la décroissance. Le pétrole durera un peu plus longtemps, les matières premières auront une véritable valeur et l’artisanat de nouvelles lettres de noblesse. Les valeurs d’amortissements dans les entreprises ne dépassent guère 5 ans. 3 ans pour l’informatique.

Courez acheter le dernier modèle. En sortant du magasin, il ne vaut déjà plus rien…  Ce soir, passent les encombrants… Faites un tour, pour voir. C’est saisissant.       NB à propos de l’essence. SI les voitures en France ont des moteurs électriques, il faudra plusieurs centrales nucléaires pour les alimenter… mais chut, Areva va nous offrir une nouvelle campagne de pub.