Nucléaire : La centrale de La Garona (Espagne) ferme le 31 décembre

Fessenheim (ouverte en 1978) devrait fermer vers 2016 si… EDF, la CGT, les riverains, &c., n’obtiennent pas un sursis. Pour la centrale nucléaire espagnole de La Garoña (proche de Burgos, Espagne, inaugurée en 1971), l’échéance de fermeture à l’été 2013 a été anticipée : elle sera inactive pour le Nouvel An, alors qu’initialement, sa durée de vie était prévue pour une fermeture vers 2019.

Francis Rol-Tanguy, délégué interministériel à la fermeture de Fessenheim, a été accueilli par une grève de l’intersyndicale de la centrale. Pour les syndicats, ou même EDF, l’échéance de la fin 2016 est prématurée.

En Espagne, c’est tout autre. La centrale de La Garoña, ouverte en 1971, devait durer jusqu’en 2019, voire 2020, au moins initialement. L’exploitant, Nuclenor, prévoyait cependant une fermeture courant 2013, vers l’été : elle sera anticipée, au 31 décembre prochain (si ce n’est au 16, dimanche).

L’Espagne ne comptera plus alors que sept centrales nucléaires en activité. Bizarrement, la CGT espagnole s’est jointe à Ecologistas en Accion, ou Greenpeace, et d’autres organisations écologistes pour réclamer cette fermeture dans les meilleurs délais. Car la pollution de l’Èbre, l’état de la centrale, plaident pour une fermeture rapide.

Une véritable « fermeture » de centrale exige des décennies : deux, cinq, voire davantage. La fin de l’exploitation peut se faire quasiment du jour au lendemain. Le coût est faramineux. Pratiquement équivalent aux bénéfices qu’on avait obtenu de l’exploitation de la centrale. Mais des experts estiment qu’une fermeture et un démantèlement coûtent sept fois plus que les avantages retirés.

La question, en Espagne (et bientôt en France), est de savoir qui va payer : Nuclenor (ici, EDF) ou les contribuables ?

Bon, on croit pouvoir présumer de la réponse.

La décision de Nuclenort tient au fait qu’une nouvelle loi implique que, pour tout rejet de résidus (essentiellement de l’uranium et du plutonium), une taxe de 2 190 euros par kilo doit être acquittée. Par conséquent, l’exploitant jetterait l’éponge. La centrale n’est plus rentable. Elle générerait ainsi un surcoût de cent millions d’euros à l’année. En fait, c’est toute la rentabilité du nucléaire espagnol qui pose à présent question. Car la mesure pourrait renchérir le coût du kXh nucléaire de 0,7 centimes d’euros. Pourtant, c’est fort peu en regard du coût de la gestion des résidus nucléaires.

La question qui devrait être très clairement explicitée aux contribuables (en France, mais aussi de par le monde) est finalement celle-ci : combien cela coûte de fermer, et combien de poursuivre l’activité des centrales nucléaires à court, moyen et long terme (sachant que le long terme, c’est des siècles) ?

Apparemment, en Espagne elle commence à être posée de manière à peu près transparente. Et en France&bnsp;? En Espagne, majorité et opposition s’accordent. Et en France ?

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

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