Monuments Men, le film de George Clooney

Le dernier film de George Clooney toujours en salle depuis le 12 mars dernier nous ramène vers les "heures les plus sombres de l’Histoire" pour mettre cette fois-ci les projecteurs sur ces bons Samaritains que furent les Monuments men. Une équipe de sept spécialistes de l’art expédiée par nos éternels sauveurs de l’humanité dotés de cette propension hypertrophiée à toujours voler au secours des plus démunis : dénués comme d’habitude d’arrières pensées, ces hommes auraient mis en péril leur propre vie pour sauver les  oeuvres d’art volées par les nazis. 

Limités par le temps, cette chasse au trésor s’est avérée toutefois des plus périlleuses surtout quand elle a dû s’opérer en territoire ennemi. Le pillage des oeuvres d’art en ce temps là battait son plein ; il avait  pour principal objectif de garnir à terme le musée érigé à la gloire du Führer et à défaut il était destiné à l’anéantissement  ; objets de convoitise des collectionneurs de tous genres, ces vestiges de toute une civilisation galvanisaient au plus haut point tous ces prédateurs obnubilés par le mercantilisme ; les états d’âmes ayant été sacrifiés sur l’autel du profit, on ne lésinait pas à l’époque sur les méthodes ! 

En gros concernant ce dossier, il y avait les bons et les méchants : les Monuments men et les brigades des trophées, russes ; ces dernières clamaient haut et fort leur droit à conserver les oeuvres spoliées, lesquelles faisaient office de butin de guerre. La palme doit toutefois revenir à Claire, (Cate Blanchett), la célèbre Rose Valland : attachée de conservation au Jeu de Paume, lieu où atterrissaient les oeuvres volées avant leur expédition vers l’Allemagne, la résistante oeuvrait à l’ombre  afin d’entraver les plans des nazis dans l’espoir de sauver, de récupérer des chefs d’oeuvres ; l’exploitation de la mine d’or qu’a représenté son travail de fourmi sur l’inventaire de diverses archives a pour le moins facilité la traçabilité de bon nombre de tableaux. 

Pour un film historique, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne nous apprend pas grand chose sur ce volet de l’Histoire. On se croirait plutôt dans une mystérieuse aventure du clan des sept à la recherche d’un trésor. La reconstitution de l’époque, la musique pompeuse, la longueur du film ponctué d’un ballotage sans préavis d’une scène à une autre n’arrangent pas non plus les choses. L’idée en plus d’aller chercher Jean Dujardin pour interpréter un des Monuments men,  et Cate Blanchett en Rose Valland, laisse à désirer : Marion Cotillard par exemple aurait pu endosser ce rôle et n’importe quel autre aurait remplacé le premier. 

Qu’est-il advenu en définitive de toutes ces oeuvres raflées par nos bons samaritains ? Entre restitution  aux ayant-droits et surtout exposition dans les musées au profit des citoyens de ce monde… La sortie de ce film a été l’occasion en France de replacer ce sujet sous les feux de la rampe ; trois toiles ont été récemment restituées à des familles dont les parents ont été spoliés. Aurélie Filippetti sensible à ce problème a promis de s’y atteler plus sérieusement, soixante dix ans après. 

Et dire que parmi ceux-là mêmes qui ont souffert dans leur chair de la spoliation certains continuent de reproduire le même schéma. 

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