Marie Heurtin, le film de Jean-Pierre Améris

Née sous une mauvaise étoile vers la fin du dix-neuvième siècle, Marie Heurtin cumule les handicaps entre surdité et cécité faisant d’elle à force d’enfermement une sauvageonne. Démunis devant l’état stationnaire vieux de 14 ans de leur enfant, les parents contraints et forcés décident de s’en remettre à l’institut de Larnay près de Poitiers tenu par des religieuses. La Mère supérieure décline la demande de ce père aux abois effarée qu’elle est face à Marie, cet être craintif constamment sur la défensive : la maison n’étant pas habilitée à pallier à toutes ses déficiences acquises encore moins à parer celles à venir ! 

Soeur Marguerite ne l’entend pas de cette oreille. La détresse de la gamine l’a touchée droit au coeur et la non assistance à personne en danger ne faisant manifestement pas partie de ses principes, elle plaidera avec succès sa cause. La fée s’engage donc à sortir à tout prix Marie des ténèbres et malgré les échecs, les déboires de parcours, elle redoublera d’efforts. Encore et toujours sans jamais émettre le moindre signe de lassitude. Un véritable sacerdoce. 

Que de persévérance, d’amour, de tendresse pour lui apprendre le langage des signes, ce rapport entre l’objet palpé et la mimique correspondante. Le plus infime des progrès de l’élève déclenchera une explosion de joie chez soeur Marguerite, laquelle est engagée dans une indescriptible course contre la montre, et pour cause : avec une santé en net déclin, le temps qui lui est imparti pour achever sa tâche va s’amenuisant de jour en jour… 

Ce film plein de grâce de Jean-Pierre Améris portés par d’excellents acteurs dont le formidable tandem Isabelle Carré, Ariana Rivoire, est une bien belle ode à la vie. Un aperçu éloquent de tous ces miracles que peuvent générer la force de l’amour, de la détermination, de la persévérance, de l’abnégation, de la foi en l’autre. Ce regard qui ressuscite par opposition à celui qui peut anéantir.

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