Marcel Amont : le Canard m’a… floueR

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 Or donc, hier soir, mardi, enfin plutôt (bis sans « plu ») ce matin, mercredi (jour de distribution en kiosque de quelques hebdos), je me rends au Tambour, rue Monmartre à Paris, histoire de lire le Canard enchaîné après le reste de mes confrères mais avant sa mise en place. Floué ! André a vendu, son « fournisseur » (un client) ne passe plus…

Alors, comme chaque matinée (voire soirée) de mercredi, je vais chez mon kiosquier. Deux fois floué ! Rien sûr Marcel Amont, ex de Charlie Hebdo, bizuth chez Radio France. Un service minimum confinant au minimal étant assuré par Pétillon. Sauf que… mais si, mais si, mais il fallait lire entre les lignes, Marcel fait la première entrée de « Le Journal de Carla B ».

 

 

Comme chaque fois que je me la joue « petit reporteur », j’avais glissé mon Rhodia quadrillé 5 × 5 nº 16 (le A5) dans la poche de mon paletot, zomblou, imper, coupe-vent (rayez la mention inutile). Quand je me la joue grand reporteur, je prends le Pentax (merci Amandine, de Pentax France, de m’avoir réservé une occase), le sac Kata 3NI-20, le bloc nº 18 (A4) (et pour faire très grand reporteur, un truc type Minox dont je ne peux vous révéler la marque, mon Bic à encre sympathique, ma houppette à la Tintin, &c.).
Là, n’étant pas encore en service, je n’avais pas pris le Lumix, ni mon blouson avec tous les logos de mes parrains dessus. Dommage, car j’allais au Tambour, dans le bas de la rue Montmartre (soit vers les bas numéros ou les plus hauts en partant de la Seine, au 41 précisément). C’est mon rade de nuit préféré (avec le Bab’Ilo et le Motown).
Objectif Tambour ? Consulter, après les consoeurs et confrères de Paris-Surface qui le reçoivent (enfin, pas toutes et tous) avant bouclage, vers 18:00 heure locale, le Canard enchaîné. Histoire de voir si on causait du départ de Marcel Amont (pas le chanteur) de la haute direction de Charlie-Hebdo.
Bon, à part cela, la presse n’est pas du tout, mais alors pas du tout dépendante de la publicité…

 

L’exclusivité absolue… après tant d’autres !

Faux scoop ! Je crois bien être le premier à en faire état, mais comme c’est déjà vieux et que bien peu de monde va reprendre l’info, ce n’est qu’une exclusivité : André a vendu ! Si ! À un certain m’sieu Moro (ou Morro, mais pas Aldo) qui a un autre resto je ne sais plus où (on me l’a dit, j’étais déjà cuit, tellement j’étais déçu de n’avoir pas son Canard, sauf trempé dans le marc de Gewurztraminer,  alors j’ai pas noté). André, soit l’illustre André Camboulas, dit le « communard rutène », le chevelu pas encore chenu au vélocipède, la légende des lieux, quoi ! Le tôlier ! Enfin, l’ancien. Celui aussi du Cyrano, rue Biot, aux Batignolles.
André ! Bien éméché, j’étais capable de l’appeler Dédé, voire pire, à la Marseillaise, il laissait faire. Ah, le Baragouin (et non Baragoudou, mais on pouvait s’y laisser prendre), le Fitzcarraldo ! André Camboulas, (crédit photo : Luke Robinson) le mythique. À notre ICI, ailleurs (comprend qui peut), merci ! De Macha Béranger, Guy Carlier écrivit : « Macha ne jouait pas les divas. C’était une diva ». D’André Camboulas il sera dit que j’aurais écrit : « André ne joue pas les Camboulas, c’est André Camboulas ». Tout est dit, je crois…

Enfin, non, car il a été écrit sur lui tout et n’importe quoi. « Andrea Camboulas-a, nezavisnog pariskog mislioca-levicara-trockistu koji se seta po svojoj kafani zarastao u bradu i u kucnim papucama… ». Je coupe à « papucama » car j’affectionne ce vocable. A-t-on jamais vu André en croate, euh, en cravate ? En troskard, je n’en suis pas du tout sûr. 71 printemps, ce me semble, et toujours pas plus en troskard qu’en trois pièces nœud papal avec balcon sur le devant (très svelte, vélo et ballon, pas que de rouge, obligent, André Camboulas).

Autant vous dire que les petites bisbilles qui agitent le monde politico-médiatique, après cela, passent loin derrière. Enfin, si, Le Figaro a perdu son fixeur de bistrot, lequel était au monde de la limonade ce que le chauffeur de taxi qui vous mène de l’aéroport à votre (somptueux et unique) hôtel de la capitale du Baloukoutchitskan est aux Baloukoutchitskannes et aux Baloukoutichitskaniens réunis, soit le témoin type, celui qui sera cité entre guillemets pour résumer l’opinion dominante, le sentiment profond de tout un pays. On doit réglementer les terrasses. Un mot d’André et on a fait le tour de la question du point de vue des professionnels. La France interdit de fumer dans les bistrots et restos ? Le Figaro vous le dit : « l’idée de fumoir laisse les restaurateurs sceptique ». Et on cite André puis, parce qu’on était éméché et qu’on n’a pu pousser jusque l’autre comptoir, « le directeur d’une célèbre brasserie du même quartier ». En ayant inventés quelques-uns, de directeurs, quelques-unes, de ménagères en bigoudis, de passantes ayant leur avis sur la lessive en poudre versus la liquide, je sais reconnaître un avis de directeur de brasserie anonyme quand j’en lis un.

Où en étais-je ? Ben, je ne sais plus quel dessinateur du Canard passait chaque mardi soir offrir le Canard du lendemain à André. Il ne passe plus, fort dommage…

Bon, passons à l’inessentiel.

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Pétillon, bon confrère, dit « Pétillon-le-grégaire »

Or donc, Marcel Amont (pas le Marcel Miramon ; non, l’autre, le vénal) a quitté Charlie Hebdo pour la direction de Radio France. Bof ! Mais quand même, dans la maison de Cabu, on pouvait penser qu’on se fendrait d’un, voire de plusieurs commentaires. J’ai vite lu, je n’ai rien vu d’autres qu’un complaisant Pétillon phylactérant « Et si je nomme Stéphane Guillon à “Charlie” ? ». L’audace absolue ! On comprend mieux pourquoi les Corses l’ont laissé regagner le continent ! petillon_val.jpg

Faut pas aller chercher loin. Après, bien sûr, on vous dira, « on l’a appris en plein bouclage, blabla, blablabla ». Bouclage, mon zazie (en franglais : mon ass). Quand j’étais à L’Alsace (aussi au Pays de Franche-Comté), le gars auquel les stagiaires d’été devaient commander des transats pour la rédaction était un certain Klein. Il venait de chez Rothschild, nos patrons étaient ceux du Crédit mutuel. Autant dire que, lorsqu’il y avait un papier gênant pour les banquiers, tous les banquiers, toutes les banques, n’importe qui ne se le voyait pas confier. Et il était relu à tous les échelons, de la sèche de rédac’ à la rédaction en chef et même par le directeur des rédactions, Jean-Marie Hæffelé (que je salue, sans aucune ironie, respectueusement au passage). Eh oui, même le fiston de « Petite Prune » (le fils Pflimlin, maire de Strasbourg, du Crédit mutuel) aurait pu lire avant parution si l’affaire avait été par trop délicate (genre : un confrère banquier inculpé, ou à présent mis en examen).

Franchement, quand on sait qui détient le capital de Charlie, de la SCI immobilière de son siège, &c., et qu’on connaît l’étiage actuel du niveau des ventes, et la position de Cabu dans l’éviction de Siné du dit hebdomadaire, on se demande pourquoi le Canard n’a pas aussi, tant qu’à faire, repris texto le communiqué de presse de Charlie-Hebdo, illustré d’un portrait flatteur…

Soit dit en passant : je ne pique pas le portrait de Cabu ou le crobard de Pétillon, j’use de mon droit de citation.

Remarquez, quand on demandait gentiment au Canard enchaîné d’aider un peu confraternellement à enquêter sur la vente de l’immeuble ministère du Droit des Femmes, période Yvette Roudy, à je ne sais plus qui pour je ne sais plus quel montant, ce que vous dénonçait un dirigeant de la CG-PME avec un air plein de sous-entendus, le Canard enchaîné ne vous répondait même pas. À croire qu’un copain avocat ou autre s’était au passage un peu sucré sur la transaction (là, c’est peut-être comme pour l’opinion du directeur de brasserie voisine du Tambour, j’affabule un peu, peut-être, par hasard).

Les spécialistes des médias vous parleront du phénomène de grégarité dans la profession journalistique. Plenel et Péan, antan copains tels gorets, dégrippés porcins, ont fini par se prendre en influenza, mais c’est l’exception qui confirme la règle.

Et pourtant, pourtant, je n’ai-aimeuh que toi, mon Canard !

 

Car que jouis-je, que lis-je ? le Journal de Carla B. !

phil_val_marcel_amont.pngAh les bons enfants ! De la bonne rue ! Que voilà une bonne adresse, bien tournée ! Mâtin, quel placet ! (si vous connaissez une placette des Bons-Enfants, me la signaler). Mais oui, dans « Le Journal de Carla B. », toute l’affaire Marcel Amont est évoquée comme on s’y attendait de la part du Canard ! Très jouissif, comme d’hab. Alors, c’est Carlita qui, le jeudi (je ne savais pas que la nomination de Marcel Amont datait de jeudi dernier, je l’apprends à l’instant), se compare à Catherine de Médicis « première reine de France à distribuer des charges de valet de chambre à ses artistes préférés ». Pour Marcel Amont (je ne parle pas du chanteur), artiste, c’est exagéré. Mais valet de chambre, pour Marcel Amont (l’autre), à Radio France, c’est fort bien vu. Eh, dites-moi, Marcel, mon bon, vous avis pris votre service en livrée ? Dites-moi, Nestor aurait besoin d’un extra à Moulinsart pour la soirée à laquelle je suis invitée, vous pourriez vous libérer ?

Enfants de la rue, de la balle, fort loin éloignés de la grégarité journalistique, esprits libres, plumes acérées, vous avez su trouver l’image caractérisant la situation. Ouvrez le ban ! Je n’ai qu’un mot : Bravo. Souffrez cependant que je joigne le geste à la parole et que les moulinets de la plume de mon chapeau balayent la poussière devant vos pas ! Fermez-le ban !

L’ai-je bien descendu, mon Canard ? Vous me renverrez l’ascenseur ?

Au fait, ne pourriez-vous point me pistonner à La Voix de son Minc ? Je fais des extras dans la com’ d’un ministère, mais, là, le prix de l’anneau de mon radeau a encore augmenté et je me ferais bien quelques petites piges, genre entretien sur deux pages avec Johnny Halliday au milieu de sa tournée d’adieux. Au fait, venez donc prendre l’apéro à bord, l’un de ses quatre, et même, si vous voulez rester, j’ai prévu quelques oreillers et polochons (notamment des brunes assez girondes et une rousse incendiaire !).

J’en rajoute ? J’en doute 

 Lire aussi :

Marcel Amont à Radio-France ? Un souhait de Carla B.

P.-.S. – Libération fait le point sur les ventes respectives actualisées de Charlie Hebdo et de Siné Hebdo. Nous n'avons pas tout à fait les mêmes chiffres mais la tendance est la même : Charlie a régressé, Siné Hebdo progresse.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !