L’ouvrier le bâtisseur du monde

qui est-il ?

 

Vaste question que l’on ne se pose pas lorsque l’on prononce le mot ouvrier. Il montre, tout ce qui touche au salarié qui travaille avec ses mains. Il est l’ajusteur, le tourneur, le fraiseur, le mécanicien, à celui qui travaille à la chaîne, du manœuvre, jusqu’à la femme ouvrière aux chaînes de montage, aux presses, en fait tous ceux qui travaillent en usine. Mais aussi, le maçon, l’électricien, le peintre, le plombier, le typographe, le paysan, le mineur……..le balayeur de rues,…., on ne peut le distinguer à une application spécifique, il touche tous les domaines de la vie ouvrière. Mais l’ouvrier c’est aussi le syndicaliste, celui qui se bat pour les conditions sociales et salariales des autres, celui des mines lors des grèves de charbon de Carnaux 1892-1895 fondatrices du socialisme de Jaurès, celui des grandes grèves de 36, l’ouvrier à donc une empreinte aussi de luttes politiques dans notre monde comme étant celui qui le fit avancer vers le progrès social.

 

J’ai donc essayé d’aller plus loin que ces définitions, par curiosité, et parce que le dictionnaire de la langue Française Le Littré le défini comme «celui, celle, qui travaille de la main pour différents métiers». A partir de cette définition si l’on remonte le temps, l’ouvrier est donc un bâtisseur de pyramides, de temples, de cathédrales, un tailleur de pierres dans ces temps reculés. Mais plus esclaves qu’ouvriers, ils se sont donnés par leur travail une autre définition en créant des statuts dès lors que leur technique s’est affirmée par l’intelligence, le dessin, la géométrie. Au Moyen-âge ils prirent le titre de compagnon qui se perpétue encore par le compagnonnage du mouvement ouvrier Français. Le compagnonnage fut reconnu patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2010 sous le titre, «le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier». C’est vers 1719 qu’apparaît le terme de compagnonnage pour désigner le temps du stage professionnel qu’un compagnon devait passer chez un maître. Célèbre pour son tour de France le compagnonnage connut son apogée au XVIIIème siècle par sa puissance en tant qu’organisation mafieuse ouvrière, puis devint une force organisatrice et de revendication malgré les luttes fratricides entre les deux tendances. Au milieu du XIXème siècle il décline sous l’effet de la révolution industrielle. Il survit actuellement sous une forme moderne formant des compagnons d’excellence.

 

Le livret d’ouvrier apparu le 17 août 1781 sous la pression des corporations et de la police. C’est un petit cahier qui identifie l’ouvrier, enregistre ses sorties et ses entrées chez ses maîtres successifs lors de son tour de France. À l’époque, ce livret devait être paraphé selon les villes par un commissaire de police ou par le maire ou l’un de ses adjoints. Il vise en outre à un contrôle du vagabondage, mais aussi à l’interdiction de coalitions ouvrières.

 

Document Wikipédia, livret d’ouvier 1883, cliquez sur l’image

 

Ils furent donc à l’origine de notre civilisation.

Au 18ème siècle la langue Française utilise indifféremment le terme ouvrier et artisan. Pourquoi, tout simplement par ce que le travail de ses mains fut devenu un art, une création. Pas de logiciels que de l’intelligence. Dès lors, l’ouvrier devint artisan créant une discrimination et une hiérarchisation lorsqu’il prit pour son essor des ouvriers devenant des salariés. Le monde du travail se construisait. Si l’on approfondit sa recherche, on peut fixer la séparation sémantique. Elle s’effectue dans la seconde moitié de XVIIIème siècle.

 

Le Grand dictionnaire universel du XIXème siècle de Pierre Larousse tome onzième , donne sous le vocable, ouvrier, artisan, artiste.

 

«La qualification que l’on a quelquefois étendue aux producteurs d’œuvres artistiques ou littéraires s’applique le plus souvent aux personnes qui font un travail manuel, ajoutant que certains métiers tiennent de près à l’art». Donc artisans et ouvriers se disent travailleurs des mains. Mais le terme ouvrier a un sens plus étendu dans le monde du travail des mains que celui d’artisan. Chez les anciens, l’ouvrier était bien souvent un esclave, soit qu’il travaille pour un maître, soit qu’il est un homme libre faisant travailler soit pour l’État ou pour de riches citoyens dans la Grèce et la Rome antiques. A cette époque tout travail manuel était avilissant, il ne pouvait en être autrement. Pour certains métiers La loi des Douze-Tables autour de – 451 av J-C évoquait des travailleurs réunis en collèges et les autorisaient à délibérer en commun, une certaine laïcisation du droit Romain. Cela constitua des corporations dont les membres soudés par la loi, qui donnait à leur prospérité des avantages. Mais il est difficile de dire si ces corporations n’étaient pas à cette époque ce que nous nommons aujourd’hui des partons, et si les ouvriers n’étaient pas des esclaves. Aujourd’hui, l’ouvrier au sens général du terme est bien définit, c’est le salarié. Cela ne l’empêcha pas d’être aussi artiste, mais pas artisan.

 

L’ouvrier se trouva donc le subordonné de l’artisan par sa non capacité intellectuelle à produire du travail et sa non indépendance salariale. Cette dichotomie explique dans l’évolution du XIXème siècle par le passage du travailleur de l’atelier à la fabrique d’une petite production artisanale peu mécanisée, mais ou l’on demande en contre partie une qualification professionnelle importante, par rapport à un vaste complexe industriel faisant appel à une machinerie pour laquelle la valeur manuelle de l’ouvrier se perd avec les machines.

 

En a peu près deux siècles une mutation économique sans précédent s’est trouvée engagée. A la fin du XVIIIème siècle, basée sur les innovations techniques telles que la machine à vapeur, le métier à tisser, les procédés métallurgiques et l’utilisation du charbon, puis une deuxième fondée sur l’acier, l’électricité, l’automobile et la chimie s’est engagée jusqu’au tournant du XIXème siècle. A la fin du XIXème siècle, ce sont deux univers qui, s’affrontent sur la scène du travail. Celui de l’artisan ouvrier mais compétent mais aussi minoritaire et celui du monde industriel en expansion fait de subordination ouvrière et d’imprécision.

 

La course au profit menée par les industries du XIXème siècle conduisit le patronat à exiger des ouvriers un travail toujours plus intense. Le développement de l’éclairage au gaz permit d’allonger la journée de travail. Celle-ci pouvait atteindre 15 heures. Les ouvriers n’eurent droit qu’à une journée de repos hebdomadaire, et n’eurent jamais de vacances. La fatigue, permanente, multiplia les risques d’accidents du travail. Dans le système libéral, le travail ouvrier fut considéré comme une marchandise, il fut soumis à la loi du marché.

 

Dès lors l’ouvrier se rapprocha de plus en plus du prolétaire. Le prolétaire est celui qui n’a recours qu’au travail salarié. Selon Karl Marx le prolétariat est la classe sociale opposée à la classe capitaliste. C’est la confrontation de deux doctrines. L’intérêt du prolétaire est d’obtenir le plus possible de son travail, tandis que réciproquement le propriétaire des moyens de production cherche à minimiser ce coût. D’où un conflit entre eux, la «lutte des classes». Pour Karl Marx, le moteur de l’Histoire est précisément la lutte des classes. C’est par ce qu’il y a lutte des classes que les prolétaires doivent écarter la bourgeoisie de l’exercice du pouvoir. L’objectif énoncé par Marx est dans les statuts de l’Association internationale des travailleurs, la première internationale fondée en 1864 à Londres. La société deviendrait alors communiste. Pour Maximilien Rubel, marxologue Autrichien naturalisé Français, «le postulat de l’auto-émancipation prolétarienne sous-tend l’œuvre de Marx comme un leitmotiv». Selon Raymond Aron, en 1955, le prolétariat regrouperait «les salariés qui travaillent de leurs mains dans les usines», c’est-à-dire les ouvriers.

 

La prolétarisation de l’identité ouvrière fut à l’origine de la prise de conscience d’hommes et de femmes quant à sa capacité réelle d’influence dans la société. La conscience de la classe ouvrière, nous l’avons vue n’a pas été contemporaine, elle mit du temps pour s’imposer à l’essor des structures économiques. Mais le mot ouvrier à persisté, bien qu’il fut soumis à diverses influences par les syndicats et les partis de la classe ouvrière naissante. Le mot ouvrier fut souvent remplacé par celui de travailleur, encore actuellement. C’est donc une déformation visant à associer sous le terme travailleur le plus grand nombre d’idéologies syndicalistes et politiques de gauche.

 

Le mot travailleur est-il adapté pour représenter l’ouvrier des fonderies qui travaille sous 50 degré de température ? Comme celui dans la métallurgie de l’acier, ou de la fonte, auprès des fours ou dans celles des fonderies de l’aluminium ? Le mot travailleur a une connotation politique que le mot ouvrier n’a pas.

 

L’ouvrier au début était pleinement voué à son travail pour nourrir sa famille, ce sont les abus patronaux qui ont conduits à ce que des syndicats se forment pour résister afin de grouper le plus d’ouvriers, mais aussi une classe d’improductifs salariés qui n’ont rien à voir avec les ouvriers, mais que regroupe le mot travailleur. Le mot travailleur marque donc une composante du monde du travail à celui de la politique, alors que l’ouvrier ne l’est pas. L’ouvrier gagne-t-il à cette usurpation surement pas.

 

L’ouvrier est le noble de la classe ouvrière, celui qui à construit le monde de ses mains.

 

 

 

4 réflexions sur « L’ouvrier le bâtisseur du monde »

  1. [b]A croire que rien n’existe sur la planète terre en dehors de l’ouvrier, le seul, l’unique, qui a tout compris, assumé, prévu, défini, structuré, inventé, choisi … dois-je continuer ? Tous les autres, absolument tous (ceux qui ne sont pas ouvriers et qui ne travaillent pas de leurs mains donc du ciboulot, selon l’expression commune), ne sont que des méchants, des esclavagistes, des tordus, des malfaisants, les fameux « suceurs de sang du peuple » rien ne trouve grâce aux yeux de la classe ouvrière: ceux qui n’en sont pas se prélassent sur leur fauteuil, dorment sur leur planche à dessin, passent leur nuits dans des chambres d’hôtels (sordides ou miteux, au choix) aux frais de la princesse après avoir fait des milliers de kilomètres en voiture « par passion » comme Fangio…, vous êtes sûr de pouvoir dresser un panégyrique aussi idyllique de ces ouvriers ?[/b]

  2. [b]zelectron[/b] bonjour,

    Je crois que vous n’avez rien compris.

    Il fallait remettre les choses en place entre l’ouvrier et les travailleurs, la veille de ce premier mai plus politique que jamais

    Bien à vous,

    Anido

  3. si l’ouvrier fait tout de ses mains il faut quelqu’un qui pense à sa place…L’un sans l’autre ne peut exister!

  4. [b]Cher Anido,
    A moins que vous vous soyez exprimé, peut-être, de façon moins compréhensible… Je me garderais bien de croire un seul instant que vous, vous ne comprenez rien et encore moins de l’écrire.
    Pour revenir à notre sujet:
    Je me demande si il ne faut pas pénaliser durement les marchands* y compris de capitaux financiers (qui ne manufacturent rien, en profitant de la sueur et du génie d’autrui) sans surtout qu’il y ait une connotation dogmatique en particulier de gauche. Du fait de la corruption galopante, je crains que nous ne soyons pas au bout de nos peines…alors changer de « paradigme » ? … cela servirait-il à grand chose?
    *ceux du temple tout à fait au hasard…

    La captation du résultat du travail par ces myriades d’intermédiaires, de commerçants, de banquiers ainsi que de trop de fonctionnaires* payés par la sueur et le sang des « œuvriers » est inique et indigne d’une grande civilisation telle que la nôtre (l’€urope)
    *Tout le monde sait que c’est là le vivier électoral de qui nous savons.[/b]

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