Liban: combats contre les jihadistes à Ersal, frontière syrienne

Ce qui devait arriver arriva : le Liban s’est, encore une fois, laissé prendre au dépourvu, alors que tous ses clignotants étaient au rouge écarlate. L’arrestation de Ahmad Jomaa , membre présumé du Front Al Nosra, branche syrienne d’Al Qaëda, a servi de prétexte pour mettre le feu aux poudres à Ersal, localité limitrophe de la Syrie. 

De la frontière passoire, ont déferlé ce week-end des hordes syriennes venus libérer leur "leader". Armés jusqu’aux dents, les takfiristes ont pris d’assaut les postes de l’armée libanaise avant de semer le chaos au sein des populations locales. Les envahisseurs ont trouvé d’inépuisables renforts auprès des camps de réfugiés syriens d’Ersal forts de quelque 120000 âmes. Une opération de très grande envergure, hautement "planifiée", qui a nécessité la mobilisation de l’armée libanaise avec sa lourde artillerie. Le Hezbollah ne s’est toutefois pas laissé prendre au piège qui lui était tendu, au profit de tous ! 

L’escalade n’a rien de surprenant dans un pays où  la paralysie des institutions est devenue chronique. Le gouvernement, le parlement sont toujours aux abonnés absents et les conséquences du vide présidentiel se font rudement ressentir. Se renvoyer la balle est d’ailleurs devenu le sport de prédilection des responsables de tous bords :  qui du soutien des uns à l’armée loyaliste de Bachar ou du soutien des autres à l’opposition est à l’origine des déboires actuels ? Une vision manichéenne qui permet aux véritables responsables de se dédouaner. 

Un danger qui menace en cette période précaire où bien ancrée, la guerre psychologique fait fureur : en témoignent ces photos non authentifiées de chrétiens crucifiés exhibés par ceux qui y trouvent leur compte. C’est bien l’occasion ou jamais de se resserrer les coudes à l’heure où se multiplient les dérives, où l’identité même du pays est mise à mal. Patrimoines chrétiens et musulmans sont en péril comme l’a souligné à juste titre Walid Joumblatt. 

Le pays des Cèdres, cet éternel laboratoire du vivre ensemble harmonieux entre communautés. A force d’être périodiquement malmené ce vivre ensemble va finir par s’étioler avant de mourir, laissant le fanatisme triompher ; dévoiement absolu de la religion !

Une fois n’est pas coutume, récemment les Libanais ont fait preuve d’une solidarité exemplaire en parlant d’une même voix pour dénoncer le génocide des Palestiniens à Gaza. Plus dans la forme que dans le fond, la course au ramassage  d’empathie par les communautés étant sources supplémentaires de rivalités. 

Cependant concernant ces envahisseurs, le sujet touche tous les Libanais dans leur existence même, de quelque confession qu’ils soient . L’urgence de la situation ne souffre plus les écarts ; elle impose une solidarité dans le fond comme dans la forme. Si les uns sont pris pour cibles tous les autres ont à s’élever en rempart comme une seule et même personne, ne serait-ce que pour la préservation du Liban. Et vice versa. Un défi à la portée des  Libanais. 

La preuve en est que  portée par un élan d’amour sans précédent, l’armée a fait preuve de grande bravoure en reprenant des positions aux takfiristes. D’un mal naîtra forcément le bien… On assiste à un sursaut même en Irak face à l’avancée de Daesh avec cette alliance improbable entre Bagdad et les Kurdes.

Une réflexion sur « Liban: combats contre les jihadistes à Ersal, frontière syrienne »

  1. Plus grave encore , Ahmad Jomaa membre présumé du Front Al Nosra se serait rallié à Daech…comme beaucoup d’autres….Les alliances fluctuent ….

    Les islamistes en général sont de plus en plus attirés par les mouvements les plus extrêmes….C’est une tendance internationale très lourde …!

    Ils penchent vers les plus forts …croyant que l’ ISI va gagner?!

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