L’homme de la stratosphère


L’homme a toujours aimé réaliser des exploits. Progressivement, et avec l’aide de la science et des innovations techniques, des domaines qui relevaient de l’impossible sont devenus enfantins. Au gré des siècles, il a conquis la mer, découvert de nouvelles terres, a dominé les plus hautes montagnes. Bref, la Terre a presque livré tous ses secrets. Seuls les fonds infiniment abyssaux et l’espace immensément grand demeurent mystérieux. Il y a un mois, le monde entier s’émerveillait de voir l’autrichien, Felix Baumgartner, sauter dans le vide de là où personne n’a jamais sauter, c’est à dire de la stratosphère. 


L’autrichien s’est offert une chute dans le vide depuis une hauteur de 39 kilomètres. Face au vide, il s’est élancé d’un ballon gonflé à l’hélium. Durant la trajectoire descendante, il a franchit le mur du son, a même atteint la vitesse extraordinaire de 1137km/h. Cependant, il n’y a pas eu le fameux "bang" du à l’onde de choc, car cela s’est déroulé à plus de 6000 mètres d’altitude. Au total, le trajet aura duré 9 minutes et 3 secondes dont 5 minutes de chute libre. Il a attendu le dernier moment pour ouvrir son parachute dans le but de battre le record du plus long saut sans parachute, une tentative restée vaine.
 
La retransmission en direct a été visionnée par 8 millions de spectateurs sur internet, battant là le record, détenu par la cérémonie d’ouverture des J.O. Ce sont également plus de 2000 tweets à la seconde qui ce sont échangés. Pour les chaînes d’informations en continu, cela a été l’occasion de battre des records d’audience, plus de 1.6 millions de téléspectateurs sur BFM. Un fait remarquable rentrant dans la  longue liste des prouesses repoussant encore plus loin les limites du corps humains.
 
Le monde entier a pu assister à ce show, une globalisation permise grâce aux efforts de Red Bull. La marque de boisson énergétique donnant des ailes a financé en grande partie Félix Baumgartner dans son entreprise audacieuse. Elle aurait allongé plus de 50 millions d’euros pour pouvoir concevoir une combinaison résistante au froid, aux UV, aux rayons, à la pressurisation et organiser l’évènement. Un véritable coup de poker pour l’enseigne au taureau se voulant la sponsor des sports extrêmes.
 
Si la messe médiatique avait tourné au cauchemar; ça aurait pu être la catastrophe pour l’image de la marque, Felix aurait pu bouillir de l’intérieur, voire même imploser. Heureusement tout s’est bien déroulé et cela a permis de faire une bonne publicité. Certes la somme parait élevée mais le retour sur investissement semble très profitable.  
 
Un spectacle scientifique et sportif pouvant intéresser les compagnies aérospatiales telles que la NASA. Par exemple, elles pourraient jeter leur dévolu sur les travaux effectués sur la combinaison. Il y a également un intérêt financier. Pourquoi ne pas se faire sponsoriser par des grandes marques privées d’un côté, quand de l’autre les états coupent les vivres afin de concentrer l’argent dans des programmes jugés plus utiles. Dans ce cas de figure, le gouvernement américain a abandonné le projet de retourner sur la Lune, trop de milliards gaspillés, il faut mieux les utiliser pour se battre dans le désert moyen-oriental. 
 
Justement, en 2011, la NASA a sollicité Google pour son projet Green Flight Challenge, un évènement aéronautique servant à démontrer l’habilité des avions se jetant dans la compétition. L’argent du 1er prix, soit 1.65 millions de dollars, provenait en grande partie de la société informatique. Tous les engins de haute technologie, prévus uniquement pour ce challenge, fonctionnaient avec des énergies propres, électrique, biocarburant ou des systèmes de propulsions hybrides. A cela s’ajoute l’engagement de Google dans l’élaboration de satellite pour la NASA. 
 
Quand la science, dépourvue d’argent, en vient à demander de l’aide à des grandes marques voulant s’acheter une image de mécène, cela peut amener à se poser des questions. Par exemple, en profitant de la technologie de géolocalisation, en faisant des recherches sur les adresses IP des personnes assistant au spectacle par le biais de leur ordinateur et tant d’autres choses encore, ces multinationales richissimes n’ont elles pas ainsi des moyens d’en savoir encore plus sur la vie privée des futurs hypothétiques clients ? Pouvant, de ce fait, constituer des bases de données et leur proposer des produits plus en phase avec leurs envies ? Il est peut être paranoïaque de penser cela, laissons plutôt notre raison de côté, restons positivement naïfs et émerveillons-nous devant de telles performances.