Les sex-shops parisiens en danger ?

Titre un peu racoleur puisqu’il ne s’agit que du (ou encore des ?) sex-shop 1969, situé dans le quartier du centre Beaubourg à Paris. Sa fermeture aurait été demandée par une ou des associations du type « familial » (parfois appellation cache-sexe pour « confessionnel »). Comme on ne peut guère compter sur Riposte laïque pour protester, j’y vais de mon petit billet… 

 

Il m’arrive encore de faire visiter Paris à des connaissances étrangères, des femmes en particulier, et selon leurs attentes ou curiosités, nous nous dispensons de Pigalle (mais pas du Sacré-Cœur), rarement du bas de la rue Saint-Denis et de ses alentours.

 

Il peut arriver que l’une ou l’autre profite de ma compagnie pour suggérer d’entrer dans un sex-shop un peu « glauque » (en fait, juste avec rideau devant la porte, et disposition du genre supérette des produits et revues).
Une Brésilienne d’une bonne quarantaine d’années n’était jamais entrée dans un tel établissement.
Pas plus bégueule qu’une autre, elle a fait comme tant d’autres : « bof !  ». Pour le contraste, je lui ai fait découvrir deux autres établissements, beaucoup plus raffinés, destinés notamment à une clientèle féminine hétéro ou bi ou lesbienne.

À savoir Le Passage du Désir et 1969 (pratiques car situés à moins de cent mètres l’un de l’autre, à proximité du Bear’s Den, bar gay pour quadras et quinquas barbus et pas trop métrosexuels).

Ce qui distingue ce type d’établissement d’autres, c’est que les vitrines sont celles de magasins de semi-luxe classiques, genre parfumeries ou pâtisseries fines, que les vendeuses sont très renseignées sur les produits, plutôt cultivées, apparences bon chic, bon genre. Les jeunes femmes ou femmes s’y sentent à l’aise, peuvent plaisanter avec les vendeuses, et j’ai même rencontré un petit groupe de provinciaux, venu « en famille » (avec de grands enfants) voir de ses yeux ce qu’ils avaient découvert sur des sites de « bonne tenue ».

Il se trouve que Le Passage du Désir n’est guère éloigné d’une école et d’une église, mais que le concurrent, 1969, soit vraiment proche de l’église. Je n’ai pas cherché à vérifier l’info de Maïa Mazaurette qui en parle sur son site CQ & SexActu (.com) sur lequel je ne suis pas vraiment tombé par hasard puisque c’est justement l’une des étrangères évoquées ci-dessus qui m’a passé l’info. Je crois donc Maïa sur parole.

Après tout, un compromis est peut-être possible. Il « suffirait » de masquer plus ou moins les vitrines. Mais c’est justement tout le concept de ce type de magasin qui s’effondre. Les objets mis en vitrine ne sont pas provoquants, et les parents passant devant en compagnie d’enfants pouvant poser des questions peuvent très facilement répondre par une pirouette à des questions. Je me demande donc si 1969 (deux magasins très proches autrefois, peut-être encore, je ne sais) n’est pas l’objet d’une mobilisation symbolique… en vue de fédérer un certain électorat à l’approche des échéances de 2012.

 

Les objets présentés sont très peu « crus » et « graphiques ». Les couvertures des rares livres peuvent être un peu lestes, il n’y a pas ou vraiment peu de revues ou de vidéos (aux couvertures ou jaquettes vraiment explicites, de mémoire, aucun produit de ce genre). Hormis de vraies – et non feintes, donc – pudibondes, je ne vois pas qui cela pourrait choquer (des islamistes ? des cathos intégristes ? un Ben Laden de passage envoyant un acolyte pour se ravitailler en douce ?).

En fait, raconte  Baptiste Coulmont dans son ouvrage, Sex-shops, une histoire française (éds Dilecta), ce n’est qu’en 1973 qu’il a été prescrit à ces boutiques d’opacifier leurs vitrines. L’application, avec ce nouveau type de magasins, s’est adaptée. D’autant que, contrairement à, par exemple, ceux de Vienne, leurs vitrines n’exposent pas d’objets destinés à des pratiques spéciales (BDSM, soit bondage, domination, sado-maso…). Par ailleurs, la clientèle s’attendant à trouver des cabines vidéo fréquente très peu ce type d’établissement : il n’y en a pas. Elle est plutôt du genre Mademoiselle, Madame et Monsieur Toulemonde. Cette évolution, qui contraste très fort avec le passé décrit par Baptiste Coulmont (enfin, je l’imagine, je n’ai pas lu son livre, mais son entretien avec Clémentine Arnaud), a peut-être de quoi horrifier celles et ceux qui, au nom de la protection de l’enfance, demanderaient la fermeture de 1969. Au risque, sans doute, de mécontenter une partie de l’électorat qui leur est proche, ou devenu proche. Peut-être leur conviendrait-il d’y songer.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Les sex-shops parisiens en danger ? »

  1. [b]Avec un titre pareil vous allez faire le buzz.
    les français aiment le sexe, et ce seul mot « clé », vous attire un tas de « fans ».
    J’en ai fait l’expérience..

    La première fois que je suis entrée dans un sex shop j’étais accompagnée.
    Jamais je n’aurai osé rentrer dans ces trous noirs toute seule.

    Et j’en ai vu des « vertes et des pas mûres » comme on dit chez nous..
    je ne savais pas qu’on pouvait faire étalage d’autant d’objets pour accéder au plaisir charnel.

    mais bon il en faut pour tout le monde..

    Puis s’ils sont autorisés, rien d’illégal de pénétrer dans ce paradis (enfer) du SEXE !!![/b]

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