Les oubliés de Simón Bolívar

Pourtant, tout le monde en Colombie ne célèbre pas cette fête, et nombreux sont ceux qui se plaignent de ne pas avoir encore conquis leur indépendance et pour qui ce 20 juillet 2010 ne signifie strictement rien, si ce n’est une confirmation de la présence de l’envahisseur espagnol.

C’est pour cette raison que plusieurs centaines d’Indiens ont décidé hier, veille du bicentenaire, de prendre pacifiquement d’assaut plusieurs grandes villes du pays afin de rappeler aux Colombiens et au monde que si les descendants des conquistadors sont bien parvenus à se défaire de l’emprise espagnole lors d’un combat entre colons espagnols et couronne espagnole, eux, les véritables premiers habitants de ces terres qui s’étendent du Canada jusqu’à la Terre de Feu sont toujours asservis.

Ainsi, ce sont plus de 1 500 Indiens qui ont envahi Cali, la troisième ville du pays, prenant possession des places et des parcs publics en signe de protestation contre le bicentenaire. Ils ont aussi donné plusieurs spectacles typiques de leur culture, rappelant aux Colombiens que malgré le métissage qui fait que ces derniers ne sont plus vraiment espagnols, la langue, la religion, les coutumes, les institutions, le mode de vie en Colombie sont bien plus espagnols qu’indigènes.

Pendant ce temps, plus de 500 Indiens ont pénétré la capitale Bogota, envahissant l’université nationale en rappelant aux badauds que malgré la célébration du bicentenaire de la nation, eux devaient encore lutter pour sauvegarder leur culture et leur langue, et que malgré les promesses du gouvernement ils n’ont pas encore récupéré toutes les terres promises… terres dont ils sont malheureusement régulièrement chassés par les différentes guérillas et les combats qui opposent ces dernières aux forces armées.

Ces protestations de la part des communautés indigènes devraient se poursuivent jusqu’à dimanche, espérons que cela sera suffisant pour rappeler aux Colombiens que pour ces peuples il n’y a pas encore eu de véritable indépendance, que les Indiens n’ont pas encore reconquis leur entière autonomie et que leurs droits sont toujours bafoués comme du temps des conquistadors.