L’enfer du Low-Cost

 

 

Manger, boire, dormir, voyager, s’habiller, se marier, divorcer (non pas celui-là) en low-cost ! Ne reste plus que les impôts qui eux sont en high cost !

Dernier low-cost en date de la SNCF, le Ouigo ou le oui pour les gogos. Apparemment un bon nombre de nos concitoyens achètent la combine du Ouigo. J’y vais, j’y cours, j’y vole. Ouigaga, Ouigogo, Ouigeugueu… Attiré par ce phénomène et étant donné que je devais pour une fois, prendre le train, je me suis rendu sur voyages SNC.com. Yes we go.

Le site scintille de mille feux. J’attrape presque un torticolis pour lire toutes les pubs. 15€, le billet Ouigo !  Dernières minutes pas chères ! Facilité pour les seniors !  IDTGV à 20€ ! N’en jetez plus. Fébrilement, je tape mes horaires de départ et d’arrivée. Ouigo ? Rien. J’ai oublié de vous dire que je partais de Toulouse pour Nice. Walou Ouigo. Dernière minute Toulouse Nice, mercredi 8 octobre le matin. 25€. Super ! Sauf que je ne peux pas partir à cette date. Facilité senior ? Que nenni la réduction. L’avantage senior se résume à se faire rembourser intégralement le billet en cas d’annulation. Tu parles ! Qu’est-ce que j’en ai faire de me faire rembourser le ticket en cas de non départ.

Pause déca. Calme-toi mon ami. Toutes ces promesses non tenues m’ont rendu un poil fébrile. Reste IDTGV. Las, je ne suis pas dans le cadre. C’est plutôt IDVGT (idée végétée). Pas mal comme slogan, je devrais peut être me recycler dans une boite de pub…

Ah oui au fait, le Oui go gol c’est Marne-la-Vallée. Je laisse aux amateurs le plaisir ineffable de se taper ensuite le RER payant, malodorant et d’arriver exténué mais content. De toutes façons, c’est le RER ou le bouchon. Quel choix ! Mais mon billet n’a coûté que quinze euros. Belle victoire. Pour ceux qui récupèrent leur voiture, le parking est payant et le RER aussi. Sans compter le déplacement pour aller dans les autres gares, plus le parking pour la voiture, etc.

De toutes façons pour un voyage Toulouse Marseille pas de Ouigo. Adieu beau TGV bleu.
Résigné, je paye mon billet plein pot comme d’habitude. Très cher d’ailleurs en rapport du service rendu dans des trains trop souvent sales et en retard.

Autre incompréhension. Pourquoi autant de tarifs différents dans une même journée?

Exemple
Aller Toulouse Nice le 07/10/2014. Prix total pour 1 passager

Mar 7 Oct.
Départ        05h50       09h49      11h51       12h54      15h49
À partir de  120.50 €    76.40 €,    84.90 €    87.60 €,    80.00 €   

Les intellectuels vont m’expliquer que les heures de pointe coutent plus cher et donc, il faut partir après ou avant. Belle justification d’un programme purement mercantile. Évidemment que la SNCF va faire payer plus cher les heures de pointe car Money motivation oblige.

Tout ceci au détriment du consommateur. Oh bien sur, vous trouverez toujours quelqu’un pour vous vanter qu’il a acheté un billet à 10€ et que c’est super génial. La vérité est qu’il faut passer du temps pour le dénicher, être disponible et ne pas avoir peur de s’enquiquiner la vie. Si vous avez des contraintes c’est râpé.

J’ai connu une époque pas si lointaine ou prendre le train était plus simple et plus sympa. Des horaires à peu près respectés, un tarif unique, des réductions pour les enfants, les chômeurs, les militaires et les seniors à partir de 60 ans. Aujourd’hui à 60 balais, il faut acheter une carte pour avoir une réduction. Donc, si vous ne prenez pas souvent le train, vous payez plein pot.

Après ce couplet sur la SNCF, allons plus avant sur ce nouveau concept, le low-cost. Tout le monde s’y habitue de gré ou de force. Les quelques Gaulois comme moi voulant résister sont mis à mal.

Il est de bon ton de chiner des réductions chez l’hôtelier, le voyage organisé ou le paiement d’un guide. (liste non exhaustive). En revanche, vous pouvez toujours essayez de rabioter votre caddie chez Leclerc ou de chiner la baguette chez votre boulanger. Nada.
On va me rétorquer qu’une réduction voire même du gratuit, c’est le top. Mais c’est un raisonnement spécieux qui à la longue dévalorise le travail et la valeur de l’échange.

En habituant tout le monde à avoir des choses pour rien ou presque rien, cela déconsidère le travail d’autrui. Une place de train à 10€ ? Mais qui conduit ce train ? Une personne. Qui contrôle les billets ? Une personne également. Qui travaille dans les PCs d’aiguillages ? Des gens. Sans parler des frais de maintenance, du coût de l’énergie, etc. Et vous, vous payez 10€ pour tout ça ? Dévalorisation.

Il ne faut pas s’étonner si les gens veulent aujourd’hui de plus en plus tout pour rien. Des animations, des visites commentées, des transports, des aides, des spectacles, gratuits ! Même remarque que précédemment. Des gens travaillent derrière pour que tout cela fonctionne. Quid de la considération du personnel ? De moins en moins.
Un échange doit être en place, sinon la valeur du travail ne veut plus rien dire. Aujourd’hui, vous passez presque pour un niais si vous allez travailler.

Quand vous allez manger dans un restaurant, vous vous attendez à être servi, à ce que ce soit bon et dans un cadre sympa ? Mais si vous avez tout ça pour moins de dix euros, pensez-vous que cela soit logique, alors que les charges, les multi-taxes et le coût de la vie sont en train de pilonner le salarié et le petit patron ?

Pente savonneuse. À force de pubs inconsistantes, les mentalités sont façonnées low-costs. Que ce soit la SNCF, Easy Jet, Ryanair, Dacia (coup de maître de Renault) ou les opérateurs téléphoniques vous proposant le dernier I phone pour 25€ (condition spéciale d’abonnement bien sûr) on ne sait plus ce qui a de la valeur ou pas. C’est vrai. Quand on vous propose un I Phone pour 25 € alors qu’il en vaut 700, on se demande pourquoi. Qu’est-ce que cela veut dire? Comment un même appareil peut-il être proposé avec des différences de prix aussi fortes ? Des gens produisent ces biens, souvent mal payés ou sous-payés. Mais il faut satisfaire les actionnaires de ces grosses boites. Café, pousse café et cigare.

Énervant. Et le pire, c’est qu’un maximum de gens cautionnent ce système. Un produit doit pouvoir être échangé à une valeur correcte. Prenons le 4X4 Duster. Incroyable, le nombre vendu. La réponse est imparable. C’est le moins cher. Et où est-il produit ? Extrait d’un article de la Tribune :
" Le déjà célèbre 4×4 à bas coûts est produit dans cinq usines, à Pitesti (Roumanie) pour le marché européen, à Moscou (Russie), Curitiba (Brésil), Medellin (Colombie) et Chennai (Inde). Il va également démarrer en Indonésie. Un modèle « très rentable », selon Arnaud Deboeuf. On évoque in petto des marges très supérieures à 10%… Et ce, malgré un prix de base de 11.900 euros seulement. Certes, à ce tarif, la voiture est ultra-spartiate.
Mais, pour un tarif encore très abordable de 15.200 euros, on a droit au nouveau moteur à essence très moderne 1,2 TCe de 125 chevaux et un équipement décent, avec notamment la climatisation. Le Duster culmine à 19.300 en diesel et quatre roues motrices qui en font un vrai 4×4. Avec GPS tactile inclus. Même le cuir arrive sur ce Duster, en option à 600 euros – mais son aspect bas de gamme laisse à désirer ! "
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/20131105trib000794178/pourquoi-le-4×4-duster-de-renault-se-vend-et-rapporte-tant.html

Cela me donne la nausée. Des salariés sous-payés dans d’autres pays pour produire un 4X4 ? Impossible pour moi de cautionner cette vague de low-cost. Qu’il y ait des prix attractifs de temps en temps, des soldes, des braderies, oui. Mais que toute la société soit gangrenée par le low-cost, non.

Arrêtons de cautionner ce système débile qui enfonce de plus en plus notre société économique et sociale tout en accentuant un clivage de plus en plus profond. Il nous appartient de refuser ce système. Chacun peut le faire. Chacun devrait le faire.

 

3 réflexions sur « L’enfer du Low-Cost »

  1. Et en prime, la SNCF fourre son nez, entre autres, dans les autocars et covoiturages étendant ainsi son monopole grâce aux dotations pharaoniques dont elle a jouit, jouit et jouira, jusqu’à ce qu’on y mette le holà !

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