Le trésor de Racaille Le Rouge

 

Un politicien professionnel dispose d’une bonne paye. Dans les 15.000 euros/mois, peu imposés, avec quelques avantages en nature. Cela permet de s’acheter une ou deux baraques, d’avoir un compte épargne et quelques actions.
Les déclarer ? La belle affaire !

Pour certains, l’essentiel de leur revenu provient des "ristournes" sur les marchés publics qu’ils favorisent, des backchichs sur les subventions qu’ils attribuent et des rétrocessions des lobbyistes qu’ils avantagent.
Bien entendu c’est totalement illégal.
Néanmoins, il y a quelques moyens immoraux mais légaux (pour le moment…) de blanchir l’argent des malversations. Des vilenies dont notre bon roi et son grand chambellan n’ont sûrement jamais entendu parler. Sinon ils auraient sévi…

 

Alors voilà, vous êtes un député ripoux membre d’une commission d’experts dont les orientations peuvent faire basculer des milliards dans un sens ou dans un autre, car ni le ministre ad hoc ni le parlement n’ont les compétences idoines pour tout suivre… Et comme il n’y a pas de petits profits, vous cumulez avec le job de maire d’une grande ville lancée dans d’ambitieux équipements confiés à un copain BTPiste.
Et votre grandeur d’âme alliée à votre probité bien connue, vous permettent d’être le bienfaiteur d’assoces "culturelles" dont l’utilité est de garantir une paix apparente dans vos banlieues tout en drainant quelques votes truqués.

Certes, il y a peu de chances que les rares journalistes d’investigation encore en activité s’intéressent au modeste élu que vous êtes. Submergés qu’ils sont par les rétrocommissions sur les ventes de bombardiers, de sousmarins et de centrales nucléaires à des états-voyous, les contreparties de nos interventions militaires dans des guerres exotiques, les rançons des otages et accessoirement les tribulations des vieilles dames riches un peu gaga dépouillées par des bellâtres beaux parleurs.

Néanmoins, mieux vaut être discret. Et respecter une légalité d’apparence.
Car comme le politiquement correct est garant de la complaisance médiatique, le juridiquement correct assure la bienveillance judiciaire.
Par où commencer ?
Les valises de billets confiées à des "transporteurs" de cinoche, c’est ringard.
Soyez virtuels à défaut d’être vertueux !

 

Supposons que le bobbyiste à qui vous avez fait gagner 10 millions (et qui lui même en a fait empocher 100 ou plus à son client) vous en refile un. Qu’est-ce qu’un petit million d’euros dans un tel contexte ? Un pourboire ! Pas de quoi fouetter un chat…
Mais il y a des jaloux qui pourraient vous le reprocher.
Pour contrer ces mesquins, vous avez pris la précaution d’ouvrir non pas un compte en Suisse, ça c’est bon pour les blaireaux, mais de demander à un trustee exerçant dans les anglo-normandes de créer une société-écran, par exemple l’overseas Ltd Machin (OLM) dont vous êtes actionnaire à 99% mais où votre nom n’apparaitra jamais.
Le 1% sera la rémunération du trustee pour ses travaux d’écriture.

Les Brittons ayant un pied dans l’Europe et l’autre dehors, vous allez profiter des facilités offertes par le commonwealth.
Direction Anguilla, une petite îles des Antilles où il y a 50 fois plus de boîtes aux lettres que d’habitants. Là, pour une poignée de dollars (une miette de votre magot) un lawyer local créera une autre société de papier la Bidule Offshore Ltd (BOL) dont la OLM de Jersey sera elle même actionnaire à 99%. Et contre un petit supplément, vous pourrez même créer votre propre banque dont la BOL sera l’unique actionnaire et client.

C’est vers cette banque-écran que le lobbyiste reconnaissant effectuera son virement d’un petit million d’euros. En échange d’une étude bidon sur le développement du tourisme local, afin qu’il ait un justificatif pour sa propre comptabilité et ses associés.

 

Une fois votre banque perso ouverte, elle pourra recevoir d’autres fonds. Par exemple, les virements des BTPistes à qui vous accordez des marchés de faveur, en partie inutiles et toujours surévalués.
Comme ces virements proviendront de bénéfices non déclarés la plupart du temps, ils partiront d’une banque du Liechtenstein ou de Monaco, mais si vos donateurs se font prendre, ce n’est pas votre problème, on ne pourra jamais rien prouver contre vous.
Maintenant, si vous êtes un peu parano, vous pouvez ouvrir d’autres banques similaires aux îles Tonga où les fonds transiteront sur des comptes anonymes avant d’aller abonder ceux de sociétés financières tout aussi anonymes aux Bahamas.

 

Mais ce n’est pas tout d’avoir un trésor bien planqué dans les îles que personne ne trouvera jamais. Encore faut-il pouvoir en profiter.
Direction le petit état du Delaware aux USA. Son hospitalité envers les étrangers est légendaire.

A condition de ne pas faire de business local, imposition zéro et personne ne se soucie ni de l’origine ni du montant des capitaux que vous investirez dans une ICBC (international charity business company)
A partir de plusieurs millions de dollars mieux vaut prendre ses précautions, aussi après avoir blanchi votre argent mal acquis, vous allez désormais le légitimer en vous faisant passer pour un philanthrope.

Votre ICBC n’est pas tenue de publier ses comptes et ne sera jamais contrôlée.
Les statuts de la compagnie, qui ignore votre implication dans le capital, prétendront que son objet est d’aider au développement de l’Inde ou de l’Afrique en y déployant des infrastructures et des services dont le siège est basé ailleurs (St Martin ou Bahamas) et dont en fait vous seul disposerez. Comme administrateur bénévole parfaitement déclaré bien entendu.
Cela pourra être une compagnie aérienne low cost pour votre jet privé, une centre de vacances pour orphelins sur votre île privée, éventuellement un hôtel particulier à Paris avec les oeuvres d’art et la domesticité qui vont bien, et une Rolls avec chauffeur. Tout ça mis à votre disposition (donc étranger à votre patrimoine !)  pour vous aider dans vos tâches humanitaires. Financer quelques puits au Sahel ou un chalutier en Indonésie ne vous ruinera pas trop et vous permettra d’apparaître sur vos plaquettes de propagande comme un bienfaiteur de l’humanité.

Et pour votre argent de poche en liquide, vite dépensé sans laisser de traces avec les call girls, les tailleurs de Saville Row et les hôtels et dîners 5 étoiles, mettez à contribution certaines assoces d’insertion ou d’animation que vous subventionnez en sachant qu’une partie de leurs budget est alimenté par divers trafics que vous préférez ignorer.
Pauvre Cahuzac… Petit joueur va !

2 réflexions sur « Le trésor de Racaille Le Rouge »

  1. Là c’est du Grand Art, Christian, j’oserai même dire du vécu (lol).

    Je connais çà dans ma région, mais à plus petite échelle.

  2. [b]Eh ! Camarade Christian, tu n’en aurait pas un petit bout de ton paradis pour moi, je t’assure je ne dirai rien à personne ça restera entre nous c’est à dire strictement secret pour que les blaireaux de C4N n’aille pas le dire à tout le monde, sauf si ils viennent (discrètement comme moi) poser leur acte de candidature légale. Allez, demain il y a des lendemains qui chantent et puis enfin on pourra raser gratis !
    Un lien ad hoc:[/b]
    [url]http://www.come4news.com/le-president-hollande-sort-les-griffes-774084[/url]

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