Le monde uni par le vin (partie 1)


Le vin, véritable nectar des dieux, objet de fascination, boisson offrant des voyages à la limite du raisonnable. Grâce à son essence, elle permet à notre esprit de divaguer et de s’égarer dans une douce ivresse. Que seraient des vacances dans le Midi, sans pouvoir être assis en terrasse, profitant d’un bain de soleil, bercé par le chant des cigales et un verre de rosé à  la main?

Depuis des siècles, il égaye les repas et permet de célébrer des moments de joie , de trinquer pour marquer le coup, il est convivial et rapproche les gens.

Depuis le mois de septembre, nous pouvons retrouver dans les grandes surfaces, une foire du vin qui met en avant les meilleures productions venues de l’Hexagone. L’occasion de prendre un peu de recul, quitter une vision trop centrée sur la France et de s’offrir un voyage à travers le monde par le biais des crus internationaux. 

Première destination, franchissons l’Atlantique à la découverte de l’Amérique. Au Canada, pays froid aux hivers rigoureux, les raisins des ceps sont laissés en proie aux affres du froid durant les mois de décembre et janvier. La nature fait bien les choses, l’alternance gel-dégel, a la particularité d’intensifier les arômes grâce à une meilleure concentration des sucres. La cueillette se fait à des moments particuliers, généralement quand la nuit est tombée, tout comme les températures, avoisinant les -15°C. Le pressage se fait toujours dans un climat glacial avec l’ajout d’eau gelée. Il faut du courage quand on est vigneron au Canada. Une infime partie de ce travail sera récupérée, faisant de ce vin canadien, une boisson rare et convoitée. La plupart des vignobles sont situés dans la région des grands lacs où ces conditions environnementales sont réunies. (Minot, Inniskillin)

Descendons dans le sud pour franchir la frontière et s’arrêter aux Etats-Unis. Les vins américains sont en grande majorité issus de Californie, un état gorgé de soleil au climat chaud. Bien avant que les colons posent leur sabot sur cette région du globe, une vigne primitive poussait déjà sur ces terres. Mais elle disparut avec l’aide des pionniers plantant leurs propres plantes. La viniculture s’y est développée par le biais des moines qui cultivaient la vigne pour assurer les offices de la paroisse. Ils préparaient également des spiritueux pour leur usage personnel. Plus tard, à l’instar de la ruée vers l’or, de nombreux européens sont venus s’y installer en espérant tirer richesse de ces sols, apportant dans leur bagages leurs vins régionaux, Bordeaux, vin d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne. Riesling, mousseux, rouge et bien d’autres encore. Ce sont des centaines d’espèces qui se sont alors cotoyées jusqu’à ce que la Prohibition mit un coup de frein à cette effervescence. Toutefois, les vins californiens connaissent une nouvelle jeunesse depuis les années 1960. (Qupé Cellars, Lang and Reeds, Ridge Vineyard)

Troisième pays producteur de vin sur le continent américain : le Mexique. Les conquistadors n’ont pas apporté avec eux que des malheurs. Sur les galions, tout un savoir faire faisait partie de l’équipage, ce qui permet aux mexicain d’aujourd’hui, de pouvoir se vanter d’avoir la plus vieille industrie viticole du continent. L’activité se concentre dans la partie nord du pays, dans la Baja California, près des côtes du Pacifique. Bien que les mexicains ne soient pas friands de cette boisson, ils consomment de vulgaires brandy coupés au Coca-Cola, quelques crus sont salués par les amateurs de bons vins, tels que la Petite Sirah et le Nebbiolo. 

Chili, Argentine et Brésil sont les 3 principaux producteurs de vin en Amérique du sud. Tout d’abord, au Chili, ce sont une nouvelle fois les conquistadors qui apportent les vignes. A la fin du XVIIème siècle, le gouverneur chilien en fait un pôle majeure de son économie afin d’attirer de nouveaux colons. Un siècle plus tard, le sol chilien donne de grandes récoltes et le vin s’écoule à bas prix. L’émancipation du vin chilien se fait grâce à l’action d’un français, Claudio Gay, conseillant au gouvernement de cultiver ses propres plantes. Le tyran Pinochet et sa politique liberticide, mit des bâtons dans les roues de la viticulture, si bien qu’elle stagna et perdit de son éclat en pleine phase ascendante. Il faut attendre le retour de gens sensés aux rênes du pouvoir pour que le vin chilien retrouve une place prépondérante sur la scène internationale. Dorénavant, sa production est de qualité et est destinée majoritairement à l’exportation (Errazuriz, Valdivieso). 

Ensuite l’Argentine dont la région la plus active se situe près de Mendoza, au centre du pays, le long de la Cordillère des Andes entre 600 et 1500 mètres. Une barrière naturelle protègeant les vignes du vent humide du Pacifique. Le climat sec, les journées chaudes, les nuits fraîches et les cultures irriguées par le système du gouttes à gouttes, permettent aux sols et aux sous-sols de donner des fruits d’une saveur exquise. (Achaval Ferrer, Vina Alicia, Altos Las Hormigas)

Quant à la dernière marche du podium, la vigne y existe depuis la colonisation ménée par les portugais lors de la moitié du XVIème siècle. Cependant tout cela est resté à l’état de petite culture sans industrialisation. Changement dans les années 1970, avec une mondialisation effrénée, les grandes industries internationales s’intéressent aux terroirs brésiliens et y implantent leurs cultures dans la région du Rio Grande do Sul (Chardonnay, Sémillon, Cabernet).