Le journalisme « citoyen », un peu « naïf »?

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Il faut saluer l'initiative d'un débat que s'apprétait à organiser la Télé libre, et Agora vox notament, le tout dans le cyber espace, Carlo Revelli s'y était de suite investi, et c'est tout à son honneur, il faut saluer son ambition. Mais lui-même reconnait un rien de naïveté dans le projet, à travers son article sur agora vox.

L'article titre "Le débat n'aura pas lieu, on s'est bien fait avoir" ( http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=22492 ) et on ne peut s'empécher de sourire à la lecture des péripéties pour réaliser ce débat. Tout était organisé, le spot, le studio, les organisateurs avaient tout mis en place et étaient fin prêts! Puis les débatteurs se sont désistés…{mosimage}

Le débat ne pouvait surement avoir lieu qu'un week-end, sans quoi il eut été difficile de réunir en pleine journée les internautes, et la date fixée a très vite été le 16 avril, un dimanche.



Que s'est-il passé? François Bayrou voulait très certainement relancer sa campagne, qui manquait un peu de souffle. C'est Nicolas Sarkozy qui maintient la voile pour l'instant et qui fait course en tête, et n'a donc pas besoin de cela, et qui l'a tout bonnement refusé pour divers prétextes, pas toujours convaincants. François Bayrou le savait déjà, ayant indiqué dès le début qu'il ne croyait pas à la présence de Nicolas Sarkozy…

Ségolène Royal, avec sa démocratie participative, ne pouvait pas refuser le débat. Impossible! Elle n'a pas dû prendre le projet au sérieux pour autant, pensez donc, un débat participatif, avec des internautes de toutes tendances qui répondent de suite, ça peut avoir l'air un peu trop participatif! Aussi quand un des organisateurs, Jhon Paul Lepers est venu la trouver après avoir maintes fois tenté de la joindre, s'est entendu répondre, après l'avoir attendu à l'entrée d'un meeting plusieurs heures "Quel débat?" de la bouche de la prétendante, et s'est même reçu un coup là ou cela fait (très) mal, en tentant de la suivre, de la part de la sécurité…

Jean-Marie Le Pen ne pouvait pas refuser le débat… On ne peut pas se plaindre à longueur d'années de ne pas être invité par les télévisions, et refuser le débat quand il se présente… cela manquerait de sérieux! Il s'est pourtant désisté… A sa décharge, le jour en question il tenait son grand meeting Parisien. Il a donc proposé que Bruno gollnisch s'y rende à sa place, seulement un Gollnisch n'a pas la popularité d'un Le Pen.

Bref, alors que tout était prêt, que les bénévoles étaient tous là, les invités se sont désistés. Tous savaient par ailleurs que Nicolas Sarkozy refuserait de s'y rendre. Le spot était prêt, tout le monde s'était mobilisé, et je m'étais moi-même outré du refus de Nicolas sarkozy. Chacun se demandait dans son coin quelle question il poserait. Comment cela allait-il se passer, pourrait-on intervenir?

En à peine deux semaines tout a été organisé, toutes les objections levées! Et puis…

 

Et puis rien… Ils se sont un peu servis de nous tous finalement… Nous ont-ils pris au sérieux? "Ils" n'en seront pas capable se sont-ils peut-être dit. De fait en s'organisant plus vite, en demandant des réponses fermes, pour un jour précis, les candidats n'auraient pas pu refuser. Carlo Revelli a raison lorsqu'il dit "Nous avons commis certaines erreurs et avons fait preuve de quelque naïveté, cela nous sera très utile pour l’avenir et nous renforce." Oui, quelle naïveté. Les organisateurs ont cru qu'ils organiseraient un formidable débat, et ils se sont avancés. Mais aussi quelle énergie, quelle détermination! La presse "citoyenne" a fait parler d'elle, et même si le "cinquième pouvoir" a rencontré ses limites, au moins il a démontré qu'il était capable de mobilisation et de projets d'un peu d'envergure…

C'est un bon espoir pour l'avenir, et si l'on considère que dans les prétextes pour ne pas se rendre à ce débat, certains articles étaient pointés du doigt, ainsi que les commentaires des articles dans le livre qui reprend ceux d'agora vox, on peut se dire que la liberté de ton qui règne dans le journalisme "citoyen" est en effet un vrai souffle nouveau dans le paysage du PAF! C'est le PIF (Paysage Internautique Français)… Et le PIF sera de plus en plus pris au sérieux si l'on en croit cette aventure.

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