Le clochard que je croise dans ma ville

 

Traversant régulièrement ma petite ville de moindre importance, je le croise en fin de mois, la main tendue pour pouvoir manger, manger… Petite ville où je les vois, les clochards, certains alcooliques agressifs, d’autres non.
Celui dont je croise l’instant de peine a une démarche bancale, alors j’en ai déduit qu’il devait vivre sur une allocation pour handicapé qui ne lui suffisait pas amplement. Vêtu d’un manteau vert à la ceinture de ficelle et son bonnet de schtroumpf sur la tête, une petite voix fluette pour répondre au bonjour et dire merci, pas d’odeur d’alcool fermenté, non juste un petit homme que la vie a emmené jusqu’à ce point de non retour ? à la vie "normale". 
Les clochards, comme vivant dans un monde parallèle, transparents de l’indifférence de beaucoup, n’en sortant que pour tendre une main pour se ravitailler en nourriture ou alcool.
Certains, mais peu, dans des quartiers "aisés" de grandes villes se font, paraît-il plus que le smic, mais qui se permettrait de les juger ? Je me demande souvent quelle peine, douleur, épuisement peut les emmener jusqu’à cette extrémité, à renoncer.
Et nous passons tous devant eux, détournant parfois la tête, pour ne pas les gêner si les regards se croisaient…Ou tout simplement car à sa place on aurait pu être, comme ces familles marchant en équilibre sur le fil de la précarité, il suffirait alors qu’il casse…
Ou comme celui ou celle qui du jour au lendemain se verrait jeté hors de son travail à un âge dépassant la date limite pour être engagé par quiconque…
En se 21ème siècle, il ne devrait plus y avoir d’hommes ou femmes en marge de la vie, certains diront que de tout temps il y en avait, alors…Et ce n’est pas demain la vielle que la misère disparaîtra de nos trottoirs, il paraît que l’on s’habitue, il serait bien de perdre cette habitude.
Quel homme ou femme politique aura assez de cran pour enfin dire un jour : "Misère : tolérance 0"! Car nos politiciens tolèrent un pourcentage d’êtres humains qui peuvent rester au plus bas, de quel droit ? Parfois il n’est pas facile de traverser la ville en "fermant les yeux", certains disent que les clochards font partie du paysage, il serait bon que le paysage des clochards s’inonde de nouveau de rayons du soleil de l’espoir!

 

4 réflexions sur « Le clochard que je croise dans ma ville »

  1. Bravo et merci Dana pour cet article rempli d’humanisme!
    Notre président actuel avait promis que plus une seule personne ne dormira dans la rue dans les trois années qui arrivaient. Vous pouvez voir le résultat… des lois contre la mendicité agressive, diminution des aides aux associations et au SAMU social… Mais après tout, ces personnes ne votent pas. Alors à quoi bon? Ce samedi, j’ai donné un billet pour un spectacle qui me restait, à une de ces personnes. Je lui ai expliqué qu’il ne fallait qu’il loupe cette occasion. Ma plus belle récompense fut de voir son visage s’illuminé par un large sourire.

  2. [b]Fleur des trottoirs [/b]

    [i]C’est avec deux beaux fruits, emplissant son corsage,
    Qu’elle aborde la rue encombrée de passants.
    Si le coup d’œil des femmes se fait hautain et glaçant,
    Celui des mâles est plus qu’emprunt de pétrissage.

    Lui procurant sans doute une assise confortable,
    Elle ne se déplace guère sans son aimable séant,
    Que d’aucunes souhaiteraient porter bienséant
    D’aussi belle façon d’aise et tout aussi excitable.

    Ignorant magnifiquement son voisinage,
    Nez en l’air, l’air de porter la vie en sautoir,
    Elle flâne lascive et rêveuse le long du trottoir
    Ballotant ainsi les atours de son jeune âge.

    Imprégnant son sillage de voluptueuses fragrances,
    La voici qui file devant lui sans un regard,
    Pas même pour sa sébile vacante, et sans égard
    Laisse ainsi battre son petit cœur tout en errance.

    Elle est passée, elle n’est déjà plus qu’une silhouette
    Semblable à d’autres, vague, au milieu de ces gens.
    Déjà il attend son retour, lui l’indigent,
    Juste la contempler, c’est tout ce qu’il souhaite
    [/i]

  3. [b]Bel article Dana. Je rejoins Joaq08, c’est plein d’humanisme.

    Quant au paysage de ces gens en marge de la société, je crains que cela non seulement en change pas pour eux mais qu’ils vont voir de plus en plus de concurrence sur les trottoirs. Nous sommes dans un pays, dans une Europe et dans un monde très cruel où des oligarques se préoccupent en priorité de leur argent et de leur pouvoir, quitte à devenir les prédateurs des hommes.[/b]

  4. [quote]Dans se 21ème siècle, il ne devrait plus y avoir d’hommes ou femmes en marge de la vie, certains diront que de tout temps il y en avait, alors…Et ce n’est pas demain la vielle que la misère disparaîtra de nos trottoirs, il paraît que l’on s’habitue, il serait bien de perdre cette habitude.[/quote]

    Je me demande toujours quelle attitude à adopter face à cette misère…cela peut être demain vous ou moi ou une connaissance pour qui la vie a mal tourné!

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